Battu début septembre par Liz Truss, le conservateur Rishi Sunak semble tout près de Downing Street après le retrait de la course de Boris Johnson. Une victoire ferait de lui le premier chef de gouvernement du Royaume-Uni issu de l’immigration.
Le nom du nouveau Premier ministre du Royaume-Uni sera-t-il dévoilé dès lundi 24 octobre ? Si le successeur de Liz Truss doit être désigné au plus tard d’ici le 28 octobre par le Parti conservateur, le scrutin pourrait se terminer plus rapidement que prévu, après l’abandon de Boris Johnson. Dimanche, deux candidats étaient officiellement déclarés : l’ancien ministre des Finances Rishi Sunak, qui a les parrainages de députés nécessaires, et l’actuelle ministre des Relations avec le Parlement Penny Mordaunt, qui ne les a pas.
Boris Johnson, dont la candidature divisait profondément son parti, a affirmé dimanche soir dans un communiqué qu’il avait les 100 soutiens nécessaires pour se présenter, mais qu’il y avait renoncé, en raison des divisions dans la formation de droite. “Ces derniers jours, je suis arrivé à la triste conclusion que ce ne serait simplement pas la bonne chose à faire. Vous ne pouvez pas gouverner efficacement si vous n’avez pas un parti uni au Parlement” a expliqué l’ancien chef de gouvernement, qui avait quitté Downing Street début septembre, après une succession de scandales.
Le seul candidat ayant obtenu 100 parrainages
Rishi Sunak, 42 ans, candidat malheureux cet été contre Liz Truss, apparaît donc désormais comme le grand favori dans la course à Downing Street. L’ancien ministre avait annoncé sa candidature, dimanche, à l’issue d’un intense week-end de tractations. “Je veux redresser notre économie, unir notre parti et agir pour notre pays”, a-t-il déclaré sur Twitter, promettant “intégrité, professionnalisme et responsabilité”.
The United Kingdom is a great country but we face a profound economic crisis.
That’s why I am standing to be Leader of the Conservative Party and your next Prime Minister.
I want to fix our economy, unite our Party and deliver for our country. pic.twitter.com/BppG9CytAK
— Rishi Sunak (@RishiSunak) October 23, 2022
Il est pour l’instant le seul candidat ayant les 100 soutiens nécessaires. L’autre candidate, la ministre des Relations avec le Parlement Penny Mordaunt, en est loin. Il lui reste lundi matin pour y arriver, une tâche qui semble difficile. Elle a fait savoir dimanche soir qu’elle restait dans la course, se présentant comme celle qui pouvait unir le parti.
Si elle obtient les soutiens nécessaires et se maintient malgré l’avance de son rival, les adhérents devront les départager par un vote en ligne d’ici à vendredi.
Sinon, Rishi Sunak pourrait être nommé Premier ministre dès lundi soir, le cinquième depuis le référendum du Brexit de 2016, qui a ouvert une page de turbulences économiques et politiques au Royaume-Uni. Ce petit-fils d’immigrés indiens serait alors le premier non-Blanc à ce poste dans le pays.
“Nous serons toujours reconnaissants” à Boris Johnson, a-t-il déclaré dimanche soir sur Twitter, rappelant que son ancien patron, avec lequel il était à couteaux tirés depuis des mois, avait été l’homme du Brexit, celui de la mise en place à grande échelle d’une campagne de vaccination contre le Covid, et avait dirigé le pays durant “certains de ses défis les plus difficiles”. Il a aussi mentionné son soutien à l’Ukraine depuis l’invasion de la Russie.
“J’aurais eu une bonne chance”
Boris Johnson s’est tout de même dit convaincu qu’il aurait eu, s’il avait choisi d’être candidat, “une bonne chance (…) de retourner à Downing Street”, dont il avait démissionné en juillet, poussé dehors par des dizaines de démissions dans son gouvernement, dont celle de Rishi Sunak. Il s’est dit aussi “bien placé” pour mener son camp lors des prochaines législatives prévues dans deux ans.
Même s’ils ne le soutiennent pas, de nombreux députés conservateurs ont pris soin de professer leur affection pour Boris Johnson, éternel optimiste qui reste populaire auprès de la base du parti. Mais pour beaucoup, y compris dans son camp, il est trop controversé pour revenir au pouvoir. D’autant qu’il fait toujours l’objet d’une enquête parlementaire, qui doit démarrer prochainement, pour établir s’il a menti au parlement sur le “partygate”, ces fêtes illégales à Downing Street durant le confinement anti-Covid.
Rishi Sunak, gardien de l’orthodoxie budgétaire et bourreau de travail, leur apparaît comme un meilleur choix alors que le pays traverse une grave crise économique et sociale, encore aggravée par les errements calamiteux de Liz Truss qui ont déstabilisé les marchés et fait chuter la livre. L’ancien ministre des Finances avait d’ailleurs régulièrement dénoncé cet été le plan économique de Liz Truss.
Avec AFP