Battu début septembre par Liz Truss, Rishi Sunak, 42 ans, a officialisé dimanche sa candidature pour Downing Street, atteignant, la veille, les 100 parrainages de députés conservateurs nécessaires pour poursuivre la course. Une victoire ferait de lui le premier chef de gouvernement non-blanc du Royaume-Uni.
Peut-être l’heure de la revanche pour Rishi Sunak. L’ancien ministre britannique des Finances a annoncé dimanche 23 octobre qu’il se présentait pour devenir Premier ministre, à la veille de la clôture des candidatures pour cette campagne éclair, dans laquelle Boris Johnson fait toujours attendre sa décision.
Rishi Sunak était le premier à avoir atteint vendredi soir les 100 parrainages de députés conservateurs nécessaires pour poursuivre la course, mais cet homme de 42 ans a attendu dimanche matin pour officialiser sa candidature.
“Le Royaume-Uni est un grand pays, mais nous sommes confrontés à une profonde crise économique”, a écrit sur Twitter cet ancien banquier, qui a été ministre des Finances de 2019 à juillet dernier.
“C’est pourquoi je me présente pour être le leader du Parti conservateur et votre prochain Premier ministre. Je veux redresser notre économie, unir notre parti et agir pour notre pays”, a-t-il poursuivi.
Cette nouvelle campagne pour Downing Street s’est ouverte jeudi en raison de la démission de Liz Truss, après seulement 44 jours au pouvoir. Début septembre, elle avait été élue par les membres du parti conservateur face à Rishi Sunak, qui va donc peut-être avoir sa revanche dans les prochains jours.
Après une semaine politique chargée en rebondissements, trois possibles candidats ont émergé depuis jeudi: Rishi Sunak, Penny Mordaunt, qui a annoncé sa candidature vendredi et aussi l’ex-Premier ministre Boris Johnson, qui a démissionné en juillet.
Les candidats ont jusqu’à lundi après-midi pour obtenir les cent parrainages.
Selon le site Guido Fawkes, qui suit de près les soubresauts de la campagne, Rishi Sunak avait dimanche, après l’annonce de sa candidature, 139 parrainages, devant Boris Johnson (75) et Penny Mordaunt (27).
Une fois que les candidats auront présenté leurs parrainages, les 357 députés conservateurs voteront et, s’il reste deux candidats en lice, les 170 000 adhérents du parti devront les départager par un vote sur internet d’ici le 28 octobre. En cas de candidat unique, celui-ci entrerait directement à Downing Street en début de semaine.
Poursuite des tractations
Les tractations au sein du parti conservateur, profondément divisé, vont donc se poursuivre dimanche.
Rishi Sunak et Boris Johnson se sont rencontrés samedi soir pour, selon plusieurs médias, évoquer la possibilité d’une candidature commune. Ces deux hommes sont à couteaux tirés depuis juillet, quand la démission de Rishi Sunak, suivie d’une soixantaine d’autres, avait entrainé le départ du Premier ministre Boris Johnson.
Cette rencontre ne leur a visiblement pas permis de s’entendre sur un ticket commun.
Boris Johnson va “clairement” se présenter, a affirmé dimanche sur la BBC un de ses proches, l’actuel secrétaire d’État chargé des Affaires économiques Jacob Rees-Mogg.
Selon un sondage du Sunday Telegraph, Boris Johnson aurait toutes ses chances si les électeurs du parti devaient départager deux candidats : un peu plus de la moitié d’entre eux pensent qu’il serait le meilleur Premier ministre, selon ce sondage, alors que seulement 28 % penchent pour Rishi Sunak. Et près de 60 % de ces électeurs conservateurs estiment que le départ de Boris Johnson au début de l’été était une erreur.
Penny Mordaunt, qui a démenti dimanche avoir eu des tractations avec le camp de Boris Johnson, s’est dite “confiante” sur ses parrainages.
“Je pense que je suis la mieux placée pour rassembler le parti”, a-t-elle déclaré sur la BBC. “Les gens en ont marre de nos disputes”, a-t-elle ajouté. “Ce qui est important, c’est que nous reconstruisions la stabilité (…) et la confiance”.
“La façon dont nous en sommes arrivés là est compréhensible : divisions du Brexit, décisions difficiles prises lors de la pandémie, élections successives des dirigeants etc”, a-t-elle aussi écrit dans le quotidien The Telegraph. “Compréhensible, oui. Acceptable, non”.
“Il n’est pas acceptable que nous risquions maintenant de perdre une élection parce que nous ne pouvons pas travailler ensemble”, a poursuivi Penny Mordaunt.
Le prochain Premier ministre gouvernera un pays plongé dans une grave crise du coût de la vie, avec une inflation dépassant les 10 %. Il devra calmer les marchés, dans la tempête depuis les annonces budgétaires du gouvernement Truss fin septembre. Il devra également tenter d’unir un parti divisé depuis des années, à deux ans des élections législatives.
Le leader de l’opposition travailliste, Keir Starmer, a réitéré dimanche son appel pour des élections anticipées. Les travaillistes sont au plus haut dans les sondages, après douze ans de pouvoir conservateur. Le prochain Premier ministre conservateur sera le cinquième depuis 2016.
Avec AFP