“Contribution” demandée aux groupes gaziers et pétroliers, objectifs contraignants de réduction de la demande d’électricité, plafonnement des superprofits du nucléaire et des renouvelables… La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, présente mercredi des mesures d’urgence pour faire face à la crise énergétique et à la flambée de prix lors de son “discours sur l’état de l’UE” au Parlement européen de Strasbourg.
Comment s’assurer que les 447 millions d’Européens pourront se chauffer cet hiver et faire face à la flambée des factures d’électricité ? La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, présente mercredi 14 septembre des mesures d’urgence lors de son “discours sur l’état de l’UE”, exercice inspiré de la politique américaine.
Ce discours politique annuel devant le Parlement européen à Strasbourg aura comme invitée d’honneur la Première dame ukrainienne Olena Zelenska, a annoncé mardi soir sur Twitter la cheffe de l’exécutif européen. “Le courage du peuple ukrainien a touché et inspiré le monde”, a ajouté Ursula von der Leyen.
La dirigeante devrait, lors de cette allocution, dérouler ses propositions pour enrayer la flambée des prix de l’énergie à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, au moment où une inflation galopante menace l’économie du continent.
Réunis vendredi, les ministres européens de l’Énergie ont demandé à la Commission de préparer en quelques jours une “proposition solide et concrète”. La commissaire à l’Énergie, Kadri Simson, a promis “des mesures sans précédent” : “Il n’y a pas de baguette magique, mais nous pouvons amortir l’impact”, a-t-elle affirmé à Strasbourg.
Certaines mesures potentielles divisent les États membres
L’exécutif européen a déjà esquissé plusieurs pistes : un plafonnement des superprofits du nucléaire et des renouvelables, dont les coûts de production sont très en deçà du prix du marché, pour les redistribuer ; des objectifs contraignants de réduction de la demande d’électricité ; une “contribution” réclamée aux groupes gaziers et pétroliers…
Les Vingt-Sept lui ont aussi demandé d’étudier un possible plafonnement du prix des importations de gaz de l’UE, une mesure que Bruxelles souhaitait initialement appliquer seulement au gaz russe.
“Nous sommes impatients de connaître les propositions concrètes de la Commission. Nous ne pouvons plus nous permettre de dépendre d’acteurs non fiables”, a prévenu mardi la présidente du Parlement, Roberta Metsola. À ses côtés, la Première ministre finlandaise Sanna Marin a dénoncé le “chantage” de Moscou sur l’approvisionnement en gaz.
Les ministres de l’Énergie se réuniront à nouveau le 30 septembre pour se prononcer sur ce plan d’urgence, dont certaines mesures potentielles divisent déjà les Vingt-Sept, aux situations énergétiques très variées.
Un exercice pour rendre des comptes
Lors de ce “moment-clé de la démocratie européenne” selon le Parlement, la Commission – non élue mais ayant l’initiative des lois européennes – est censée rendre des comptes sur son bilan et présenter ses projets : après une allocution d’environ quarante minutes, prévue à 9 h (7 h GMT), Ursula von der Leyen s’engagera dans un débat de plus de deux heures avec les eurodéputés.
C’est la troisième fois depuis son entrée en fonction que la cheffe de l’exécutif européen se livre à l’exercice, cette fois-ci dans un contexte bien différent : il y a un an, la dirigeante était encore forte de la gestion unie de la crise sanitaire du Covid-19.
“C’est peut-être le discours le plus important de la mandature d’Ursula von der Leyen, il y a des attentes très fortes de mots et d’actes rapides et décisifs”, considère Valérie Hayer, eurodéputée Renew (centristes et libéraux).
Après plus de six mois de guerre et une unité européenne qui s’émousse, “c’est le moment de ne pas avoir la main qui tremble, de ne pas opposer soutien aux Ukrainiens et protection des Européens”, abonde la socialiste Sylvie Guillaume.
Selon elle, il est temps “que la Commission européenne devienne vraiment la commission géopolitique” qu’elle affirmait vouloir être au début de sa mandature en 2019.
Au-delà de la question énergétique, Ursula von der Leyen – qui s’exprimera alternativement en anglais, allemand et français – devrait également aborder la “transition verte” de l’UE, le plan de relance économique et la défense de l’État de droit, sans toutefois forcément mentionner la Hongrie.
Avec AFP