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Pétition contre Poutine : “la démission serait une sortie pacifique pour le président russe”

Une pétition circule en Russie depuis lundi 12 septembre, appelant le président Vladimir Poutine à démissionner. Elle a été signée par des dizaines de responsables politiques locaux. France 24 a pu s’entretenir avec Ksenia Torstrem, élue municipale de Saint-Pétersbourg, et l’une des initiatrices de cette initiative.

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C’est un texte succinct qui dans le contexte de difficultés russes sur le front ukrainien a fait l’effet d’une petite bombe politique. Une pétition, publiée lundi 12 septembre, et initialement signée par 19 élus locaux russes, invite le président Vladimir Poutine à démissionner.

“Nous, les députés municipaux de Russie, pensons que les actions du président Vladimir Poutine nuisent à l’avenir du pays et de ses citoyens. Nous exigeons sa démission du poste de président de la Fédération de Russie !”, peut-on lire dans cette pétition qui a largement circulé sur les réseaux sociaux et a été reprise par plusieurs médias.

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Une exposition médiatique qui peut surprendre. Au lendemain de sa publication le texte n’a été signé que par 65 responsables politiques locaux. Mais cette initiative intervient dans un contexte très particulier qui assure à ce document une caisse de résonance particulière.

La guerre en Ukraine – ou “l’opération militaire spéciale” comme l’appelle Moscou – ne se déroule pas comme prévu pour le Kremlin. Conséquence : des critiques commencent même à se faire entendre en Russie.

Avant cet appel à la démission, plusieurs autres élus d’un district de Saint-Pétersbourg – la ville natale de Vladimir Poutine – avaient même envoyé une lettre à la Douma, le 7 septembre, demandant que le président soit démis de ses fonctions et jugé pour “trahison”.

France 24 a pu s’entretenir avec Ksenia Torstrem, élue municipale de Saint-Pétersbourg et l’une des initiatrices de l’appel à la démission de Vladimir Poutine du 12 septembre. 

France 24 : Pourquoi avoir lancé cette pétition contre Vladimir Poutine maintenant ?

Ksenia Torstrem, élue municipale à Saint-Pétersbourg, est l'une des initiatrices d'une pétition demandant à Vladimir Poutine de démissionner.
Ksenia Torstrem, élue municipale à Saint-Pétersbourg, est l’une des initiatrices d’une pétition demandant à Vladimir Poutine de démissionner. © Ksenia Torstrem

Ksenia Torstrem : Nous voulions exprimer notre soutien à nos amis de Smolninskoye [le district de Saint-Pétersbourg dont les élus ont appelé à juger Vladimir Poutine pour trahison, NLDR]. 

Nous admirons leur courage et ne pouvons que regretter les ennuis qu’ils ont maintenant avec la police qui les accuse d’avoir discrédité les forces armées.

On s’est concerté entre élus locaux pour savoir ce qu’on pouvait faire pour exprimer notre solidarité. Et dans le contexte actuel ce n’est pas facile, sans risquer nous-mêmes d’avoir des ennuis avec les autorités.

Alors on s’est dit qu’une pétition était le moyen le plus sûr. Jusqu’à présent, il n’est pas interdit par la loi en Russie de signer une pétition.

Une pétition qui appelle Vladimir Poutine à démissionner n’est-elle pas dangereuse en elle-même ?

Il n’y a rien qui l’interdit. Après il est vrai qu’on ne sait jamais à quoi s’attendre en ce moment avec le gouvernement. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai été choisie comme porte-parole pour les pétitionnaires, car j’ai quitté la Russie pour la Finlande après le début des combats. Je risque moins que d’autres collègues qui, eux, ont choisi de rester. 

Mais il est clair que même signer une telle pétition fait peur. Quand nous avons commencé à faire circuler le texte sur Telegram pour demander à d’autres élus de signer, il y en a un certain nombre qui ont reconnu avoir peur de le faire, ne serait-ce que parce qu’ils ont des enfants. D’autres ont refusé parce qu’ils estimaient que cela ne servait à rien de prendre de tel risque pour une pétition qui, selon eux, n’aura pas d’effet.

Quel est votre objectif, pensez-vous vraiment que Vladimir Poutine pourrait décider de démissionner ?

Pourquoi pas. La démission serait un moyen pour Vladimir Poutine de quitter le pouvoir pacifiquement. 

Et puis une telle pétition est importante dans le contexte de propagande actuelle. Tout est mis en œuvre pour faire croire qu’il n’y a pas de critique de la politique menée par le pouvoir. En fait, il y a des millions de Russes qui ne sont pas d’accord, et une telle pétition permet de leur signaler qu’ils ne sont pas seuls. 

Peut-être aussi qu’au sein de l’élite, il y a certaines personnes qui aimeraient lancer une procédure de destitution contre Vladimir Poutine. Nous voulons aussi leur indiquer qu’ils ont des soutiens au niveau local.

Est-ce que vous estimez qu’avec une soixantaine de signatures, votre pétition est un succès ?

Ce n’est pas mal. C’est sûr que si on la compare avec d’autres pétitions qui au début des combats avaient recueilli bien plus de signatures pour s’opposer au conflit, cela peut sembler faible. 

Mais nous avons tout de même reçu des signatures d’élus locaux d’un peu partout dans le pays, que ce soit à Saint-Pétersbourg, Moscou, Irkoutsk ou encore Vladivostok.

Le texte de votre pétition est très court et ne rentre pas dans le détail des griefs contre Vladimir Poutine. Que lui reprochez-vous exactement ?

Je ne sais pas vraiment… je ne suis pas sûr de pouvoir répondre à cette question sans m’attirer des ennuis. 

Mais cela fait longtemps que je m’oppose à Vladimir Poutine, et que je dénonce la corruption dans le pays. Et puis notre pétition est aussi un soutien à la démarche des auteurs de la lettre appelant à juger Vladimir Poutine. Et ils ont motivé leur action… *

 

*Les auteurs de la lettre évoquent quatre critiques principales contre Vladimir Poutine : la destruction inutile d’unités de combat, la mort de jeunes citoyens russes qui auraient pu facilement contribuer à l’essor de l’économie, le coût économique de cette guerre pour la Russie et le fait que, du fait du conflit, l’Ukraine a reçu des armements modernes de l’Otan alors que l’un des buts officiels russes étaient la démilitarisation du pays.

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