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Avec sa contre-offensive dans l’Est, “l’Ukraine veut prouver que la victoire est possible”

L’armée ukrainienne poursuivait lundi sa contre-offensive dans l’Est, affirmant avoir repris 20 nouvelles localités aux forces russes en 24 heures et plus de 3 000 km2 depuis début septembre. Pour Tetyana Ogarkova, de l’Ukraine Crisis media Center, cette avancée ne constitue pas encore un tournant militaire décisif mais conforte le narratif défendu par Kiev d’une victoire possible face à la Russie. 

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Une percée éclair qui a pris à revers la défense russe. Depuis le 7 septembre, les forces ukrainiennes accumulent les succès militaires dans l’est du pays. Une reconquête qui s’étend désormais de Vovchansk, dans le nord de la région de Kharkiv, proche de la frontière russe, jusqu’à la ville stratégique d’Izioum, quelque 150 km plus au Sud. Plus de 3 000 km2 de territoire seraient ainsi passés sous le contrôle des Ukrainiens depuis début septembre, selon Kiev. 

De son côté, l’armée russe, qui avait d’abord indiqué avoir envoyé des renforts de troupes, a finalement annoncé samedi un retrait stratégique près de Donetsk, tout en poursuivant ses frappes dans la région de Kharkiv. 

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Pour analyser les tenants et les aboutissants de cette avancée militaire ukrainienne, France 24 s’est entretenu avec Tetyana Ogarkova, journaliste, responsable du département international de l’Ukraine Crisis media Center.  

Comment expliquer cette percée éclair dans l’Est ? Les Ukrainiens qui avaient annoncé début septembre une contre-offensive dans le Sud ont-ils joué sur l’effet de surprise ? 

Tetyana Ogarkova : Effectivement, des mois durant, les experts militaires se sont fait l’écho de la préparation d’une offensive dans le Sud alors que l’on voit aujourd’hui que l’opération de reconquête dans la région de Kharkiv a été méticuleusement planifiée. L’armée ukrainienne a suivi un itinéraire bien précis, en passant par Balakliïa, Koupiansk puis Izioum pour reprendre le contrôle des voies ferrées par lesquelles Moscou achemine le matériel depuis la Russie vers ses troupes au Sud. Le but de l’opération allait bien au-delà de la libération de la région de Kharkiv, il s’agissait d’affaiblir les troupes russes dans les régions de Donetsk et Lougansk. 

Pour mener à bien ce plan, les Ukrainiens ont changé de stratégie médiatique. Les communiqués officiels à propos de la situation sur le terrain sont devenus beaucoup plus évasifs et ils ont restreint l’accès des journalistes aux fronts Sud et Est. C’est ce qu’on appelle le “brouillard de la guerre”. 

Pourtant, malgré cette préparation minutieuse, l’ampleur et la rapidité de la reconquête a surpris jusqu’aux militaires eux-mêmes qui s’attendaient à plus de résistance de la part des troupes russes. 

Le Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, présidé par Vladimir Poutine, a opté pour un retrait organisé, préférant sauver ses troupes dans la zone. Ce scénario rappelle celui du retrait de la banlieue de Kiev, fin mars/début avril dernier, décidé alors que les troupes russes, semi-encerclées, n’avaient plus la possibilité d’avancer. 

La ville de Kharkiv, qui figurait parmi les cibles prioritaires de Moscou lors du lancement de l’opération, est-elle désormais mieux protégée ? 

Malheureusement non car le retrait des troupes russes ne change rien à leur capacité de bombardement. Dimanche soir, des missiles ont frappé une station électrique provoquant une panne dans toute la région, y compris dans le métro de Kharkiv, où les passagers se sont retrouvés bloqués. 

La ville ne se situe qu’à 25 kilomètres de la frontière, il est donc très facile de bombarder la ville pour les Russes en utilisant de l’artillerie moderne mais également du matériel issu de l’ère soviétique, qu’elle possède en grandes quantités, comme les systèmes de fusée à lancement multiple Ouragan ou bien encore des missiles s-300, initialement destinés à la défense antiaérienne mais utilisés en systèmes d’attaques. 

Les Russes ont tenté de prendre la ville au mois de mars mais n’y sont pas parvenus et ont abandonné ce projet. Par contre, ils comptent poursuivre leur stratégie de terreur qui vise à bombarder de manière incessante pour rendre la vie impossible aux citoyens qui refusent de fuir.   

Cette reprise de la région de Kharkiv marque-t-elle, selon vous, une étape déterminante dans le conflit ? 

Il ne s’agit pas à mon sens d’un véritable tournant mais plutôt d’une victoire stratégique. Les forces ukrainiennes font ici la démonstration qu’elles sont capables de réussir des opérations spectaculaires de grande envergure. Car en moins d’une semaine, elles ont repris plus de territoire que les Russes n’en ont conquis lors des quatre derniers mois. 

Avec cette contre-offensive, l’Ukraine veut prouver que la victoire possible. Elle montre qu’elle est capable d’utiliser efficacement les armes occidentales et donc que l’augmentation des livraisons peut déterminer l’issue de la guerre. 

Dans le contexte de crise énergétique que nous connaissons, la Russie cherche, de son côté, à convaincre les Occidentaux que le prix à payer est trop élevé. Elle compte également sur le narratif de la “Russie toute puissante”, largement relayé dans les médias, qui vise à démontrer qu’elle ne peut pas perdre face à l’Ukraine car elle est mieux équipée et possède l’arme nucléaire. 

Il est vrai que le rapport de force demeure largement en faveur de la Russie, en termes de nombre de troupes comme sur le plan de l’armement, malgré le soutien occidental. C’est pourquoi Kiev a décidé de frapper fort avant un hiver qui s’annonce particulièrement rude et pourrait se révéler décisif sur le champ de bataille. 

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