Le décès d’Elizabeth II sera-t-il l’occasion d’une réconciliation entre les fils du roi Charles III ? L’apparition symbolique, samedi, du prince Harry et de son épouse Meghan aux côtés de Kate et William, héritier de la couronne, a fait naître l’espoir au sein d’une famille royale divisée.
La trêve entre les princes William et Harry et leurs épouses respectives, Kate et Meghan, lors d’une apparition surprise commune devant le château de Windsor, samedi, fait la une des journaux britanniques dimanche 11 septembre.
Des photos des deux couples, endeuillés par la mort d’Elizabeth II, le visage fermé, figurent en couverture de quasiment tous les quotidiens.
Les deux couples sont notoirement en froid. Alors que Harry et Meghan sont désormais installés en Californie, c’est la première fois que les deux fils du roi Charles III et leurs épouses étaient vus ensemble depuis mars 2020.
“Réunis dans la peine”
“William et Harry réunis pour pleurer la reine”, souligne The Independent.
“Réunis dans la peine”, titre le Sunday Telegraph qui publie en une la photographie des deux couples avançant côte à côte vers la foule rassemblée pour rendre hommage à la reine Elizabeth II, décédée jeudi à 96 ans, après avoir régné plus de 70 ans.
“En tendant la main pour mettre de côté le désaccord, l’héritier du trône montre qu’il vit en suivant l’inspiration de sa grand-mère”, estime le Telegraph.
“Tous ceux qui s’inquiétaient que les successeurs de la reine Elizabeth ne soient pas capables d’égaler son sens du devoir ont pu pousser un soupir de soulagement”, poursuit-il.
“Comme notre chère reine défunte a dû être heureuse, assise là-haut sur son nuage, de voir la scène se dérouler sous ses yeux au château de Windsor”, écrit le Daily Mail. “Si seulement ils avaient pu y arriver de son vivant. Mais peu importe. Sa Majesté n’était rien d’autre qu’une pragmatique : mieux vaut tard que jamais. […] Le roi Charles aussi doit être heureux”, ajoute le quotidien.
“Réunis pour Mamie”, titre le Mirror. “William tend une branche d’olivier à Harry et Meghan après la mort de la reine”, complète le journal.
Reste à savoir si le décès de la reine sera l’occasion d’enterrer définitivement la hache de guerre. Le Telegraph, qui évoque des “scènes extraordinaires” – le bain de foule a duré 40 minutes – se demande ainsi “si le groupe est réuni pour de bon ou simplement pour une nuit”.
“Négociations élargies” en coulisse
Même si les frères ont montré leur unité dimanche à Windsor, le Sunday Times rapporte qu’il a fallu des “négociations élargies” en coulisse entre les deux camps, retardant leur apparition d’environ 45 minutes.
L’espoir d’une réconciliation au sein d’une famille royale endeuillée, mais divisée, reste donc fragile.
Des photos montraient jeudi soir le prince Harry, 37 ans, seul dans sa voiture et les yeux humides, lors de son arrivée au château écossais de Balmoral : sa famille ne l’avait attendu ni pour décoller quelques heures plus tôt dans un jet de la Royal Air Force – espérant rejoindre à temps le chevet de la reine -, ni pour révéler officiellement sa mort 1 h 30 plus tôt.
Bien loin de l’iconique photo d’Harry et de son aîné William rassemblés derrière le cercueil de leur mère Lady Diana en 1997, ce cliché disait “l’éloignement manifeste” des deux frères, estime auprès de l’AFP l’expert royal Richard Fitzwilliams.
Pourtant, deux jours plus tard, les deux frères ont créé la surprise avec cette sortie inattendue qui a volé la vedette à leur père Charles III, officiellement proclamé roi quelques heures plus tôt.
Pas de Meghan à Balmoral
La brouille entre ceux qui furent surnommés un temps “les quatre fantastiques” a commencé avec la fracassante mise en retrait du couple Harry et Meghan de la monarchie en 2020, bien décidé à quitter le pays pour les États-Unis face, notamment, au harcèlement des tabloïds britanniques à leur encontre.
Mais la rupture a réellement été consommée en mars 2021, lorsque les “Sussex” ont confié dans une interview explosive à la télévision américaine que Kate avait fait pleurer Meghan et accusé la famille royale de racisme. Un grand déballage bien loin de l’habituelle réserve de la “Firme”.
Depuis, le prince Harry entretient des relations tendues avec son père, désormais roi Charles III, et son frère. D’autres sorties – comme la longue interview fin août dans le magazine The Cut, où Meghan met en garde la monarchie qu’elle est “libre de dire ce qu’elle veut” – viennent régulièrement raviver les blessures.
Devant l’état de santé déclinant de la reine, un porte-parole du couple, qui se trouvait à Londres pour un événement caritatif, avait annoncé qu’il se rendrait au plus vite en Écosse. Mais quelques heures plus tard, c’est bien Harry seul qui y atterrissait, son épouse attendant à Windsor.
Une source anonyme affirme dans le tabloïd britannique The Sun que Charles III aurait dit au téléphone “à Harry que ça n’était ni bon ni approprié que Meghan vienne à Balmoral dans un moment aussi triste”. D’autres imputent ce changement au fait que Kate, future reine, avait elle décidé de rester à Windsor.
“Rameau d’olivier”
Mais Charles III a créé la surprise le soir-même, évoquant directement son fils cadet et sa femme dans sa toute première allocution en tant que roi, leur envoyant tout son “amour alors qu’ils continuent de construire leur vie à l’étranger”.
“Il leur a offert un rameau d’olivier”, affirme Richard Fitzwilliams, jugeant cette “référence directe” à Harry et Meghan “très intéressante”, “car cela a mis la balle dans leur camp”.
Très populaires auprès des jeunes, Harry et Meghan auraient cependant “beaucoup à perdre” s’ils continuaient à critiquer ouvertement la monarchie, risquant même selon l’expert d’être lâchés par leurs soutiens américains.
En ces temps de deuil national, “ça ne fait aucun doute que les faits et gestes des Sussex seront passés au crible” par le public, ajoute-t-il, estimant que le couple “assistera évidemment aux funérailles” de la reine, même si rien n’a été confirmé.
Pour autant, le rameau d’olivier offert par Charles III l’est avec “une grande prudence”, estime Richard Fitzwilliams, car “il sait que (les Sussex) sont imprévisibles”.
La monarchie craint en effet que le livre d’Harry, qui doit être publié d’ici la fin de l’année, ne contienne règlements de comptes et révélations. Mais “si Harry arrête d’être critique dans ses mémoires, alors c’est différent, juge-t-il. C’est à eux de décider.”
Avec AFP