Doyenne des têtes couronnées d’Europe, la reine Elizabeth II était aussi la dernière dirigeante en exercice à avoir connu la Seconde Guerre mondiale. Lorsque le conflit éclate, elle participe très tôt à l’effort de guerre et finit même par rejoindre la branche féminine de l’armée britannique.
Elizabeth II a traversé le XXe siècle et ses tourments. Au cours de sept décennies de règne, elle a vu la dissolution de l’Empire britannique, connu 15 Premiers ministres tout en incarnant la stabilité de l’État, et vécu plusieurs conflits.
Lorsqu’éclate la Seconde Guerre mondiale, l’héritière du trône d’Angleterre n’a alors que treize ans. Au début des hostilités, alors que le Royaume-Uni est régulièrement bombardé par l’aviation allemande, la famille royale refuse qu’Elizabeth et sa sœur soient évacuées au Canada. “Mes enfants n’iront nulle part sans moi. Je ne partirai pas sans le roi. Et le roi ne partira jamais”, avait alors expliqué sa mère la reine, épouse du roi George VI.
Jusqu’à la fin de l’année 1939, les deux jeunes filles vivent donc au château de Balmoral en Écosse, puis elles déménagent au palais de Windsor où elles passent la plus grande partie de la guerre. Leur image est mise à contribution pour montrer la résistance des Britanniques. Elles participent alors à “l’effort de guerre”, tricotant des chaussettes ou fabricant des bandages pour les soldats britanniques.
En 1940, à seulement 14 ans, Elizabeth prononce ainsi son premier discours radiophonique à l’adresse de tous les enfants du royaume, dont de nombreux ont été déplacés : “Nous savons, chacun de nous, qu’à la fin, tout ira bien ; car Dieu prendra soin de nous et nous donnera la victoire et la paix. Et quand la paix viendra, souvenez-vous que ce sera à nous, les enfants d’aujourd’hui, de faire du monde de demain un endroit meilleur et plus heureux.”
En 1942, alors qu’Elizabeth fête ses 16 ans, son père la fait colonelle en chef des Grenadier Guards, l’un des régiments les plus iconiques de l’armée britannique. Mais la future reine, consciente très jeune du sens de l’engagement envers son pays, veut participer plus activement à la guerre, malgré le refus de son père.
En 1945, Elizabeth s’engage ainsi et devient la première femme de la famille royale à servir dans les forces armées en intégrant l’Auxiliary Territorial Service, la branche féminine de l’armée britannique. Malgré son rang, elle n’hésite pas à se salir les mains : elle apprend à conduire et officie comme mécanicienne.
Elle est alors surnommée “Princess Auto Mechanic”. Elle réparera d’ailleurs ses propres véhicules jusque dans les années 1980 et parcourra toute sa vie les petites routes entourant le château de Balmoral, en Écosse, au volant de pick-up lancés à pleine vitesse.
Le 8 mai 1945, lorsque la fin du conflit est officiellement déclarée, elle demande, avec sa sœur, à pouvoir participer à la liesse populaire. Les jeunes princesses se mêlent anonymement à la population dans les rues de Londres. Dans un entretien, Elizabeth avait raconté au sujet de cet épisode : “Nous avions demandé à nos parents si nous pouvions sortir et voir de nous-mêmes. Je me souviens que nous étions terrifiées à l’idée que l’on nous reconnaisse… Je me souviens des files d’inconnus se tenant la main et descendant Whitehall, tous ensemble dans une marée de bonheur et de soulagement.”
La reine Elizabeth II restera durablement marquée par cette expérience au cours de la Seconde Guerre mondiale. En 2014, lors de l’un de ses derniers déplacements à l’étranger, elle avait participé aux commémorations du 70e anniversaire du Débarquement en Normandie. À cette occasion, elle avait souligné “l’immense et héroïque effort” et les “incroyables sacrifices” des vétérans ayant participé à ces opérations.