À 73 ans, le prince Charles accède enfin au trône britannique. Fils aîné de la reine Elizabeth II et du prince Philip, il a occupé pratiquement toute sa vie la première place dans l’ordre de succession. Le prince de Galles a surtout marqué les esprits pour son mariage très médiatisé avec Lady Diana. Eclaboussé par un divorce houleux, il a essayé de restaurer son image par ses engagements caritatifs et écologiques. Portrait.
À la suite de sa mère, la reine Elizabeth II, le prince Charles va devenir le treizième monarque britannique. Toute sa vie durant, il a été préparé à cette fonction : le fils aîné d’Elizabeth est héritier du trône depuis le couronnement de sa mère il y a 70 ans, un record dans l’histoire de cette monarchie.
Lorsqu’il naît le 14 novembre 1948, sa mère n’est pas encore reine. Il a quatre ans en 1952 lorsque son grand-père, le roi George VI, meurt d’une thrombose et que la princesse Elizabeth lui succède. L’année suivante, il assiste d’ailleurs à la somptueuse cérémonie du couronnement à l’abbaye de Westminster.
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Après avoir grandi au palais de Buckingham aux côtés de sa sœur Anne et de ses frères Andrew et Edward, il devient le premier héritier à aller à l’école, comme n’importe quel autre sujet, selon la volonté de sa mère. Il fréquente notamment Gordonstoun School, un pensionnat assez rude du nord-est de l’Écosse, là même où son père, le duc d’Édimbourg, a étudié. Charles en gardera un très mauvais souvenir. Il entre ensuite à l’université de Cambridge, où il obtient un diplôme en anthropologie, archéologie et histoire, faisant de lui le premier diplômé de la famille royale.
Dans le même temps, à l’âge de 21 ans, il reçoit officiellement le titre de prince de Galles, traditionnellement attribué au premier fils du monarque. Sa mère lui remet alors la couronne des princes de Galles lors d’une cérémonie retransmise à la télévision. À la fin de ses études universitaires, il est affecté à la Royal Navy dans laquelle il est officier pendant cinq ans, de 1971 à 1976. Il passe également le brevet de pilote d’hélicoptère.
Un mariage de conte de fées qui tourne au vinaigre
Pendant sa jeunesse, le prince est connu pour avoir eu plusieurs liaisons avec des femmes de très bonne famille. Il décide finalement d’épouser en 1981, à l’âge de 32 ans, Lady Diana Spencer, âgée de 20 ans et issue de l’aristocratie britannique. Plus de 750 millions de téléspectateurs assistent à l’événement sur des chaînes du monde entier. Le couple a deux fils, William en 1982 et Harry en 1984, mais le conte de fées se transforme quelques années plus tard en cauchemar.
Le couple princier se sépare avec fracas en 1992, peu après les révélations de Diana concernant une relation extraconjugale de longue date de son mari avec Camilla Parker Bowles, l’un de ses amours de jeunesse. Depuis plusieurs années, la princesse et le prince de Galles ne cachent plus leur mésentente. L’image de Charles en est durablement écornée. Le divorce est officiellement prononcé en 1996.
Un an plus tard, le 31 août 1997, Diana trouve la mort dans un accident de voiture à Paris, sous le pont de l’Alma, aux côtés de son compagnon de l’époque, Dodi Al-Fayed. Une vive émotion s’empare du monde entier. Le prince Charles se rend en France pour rapatrier le corps de son ex-épouse. L’héritier de la couronne se montre alors très proche de ses fils et prend part aux funérailles nationales, marchant derrière le cercueil de Lady Di.
Un prince écolo
Celui qui a longtemps été considéré comme le mari infidèle tente de redorer son image. Huit ans après la tragique disparition de Diana, il épouse finalement son grand amour, Camilla Parker Bowles.
Passionné de botanique et de jardinage, il entretient sa réputation de féru d’écologie et parraine plusieurs associations environnementales. En 2007, il crée notamment le Prince’s Rainforests Project pour sensibiliser à la déforestation. Il est également le président du WWF au Royaume-Uni. À la tête de l’immense domaine de Highgrove House, il mène aussi un combat en faveur de l’agriculture biologique.
Même s’il doit patienter avant d’enfin accéder au trône, le prince Charles remplit aussi ses fonctions au sein de la monarchie. Au nom de la reine, il officie lors des investitures et assiste aux funérailles de dignitaires étrangers. En 2013, il représente ainsi pour la première fois sa mère à une réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth. En 2022, pour la première fois, alors qu’Elizabeth II connaît des soucis de santé, il lit le discours du Trône lors de la traditionnelle cérémonie d’ouverture du Parlement.
Une impopularité tenace
Considéré comme excentrique et décalé, le prince Charles suscite aussi parfois la controverse. En 2005, lors des funérailles du pape Jean-Paul II, il crée la polémique en serrant la main du dictateur Robert Mugabe. Dix ans plus tard, des lettres rendues publiques et adressées à des membres du gouvernement de Tony Blair dévoilent également une certaine ingérence de l’héritier du trône dans les affaires politiques – contrairement à la tradition de neutralité de la famille royale.
En 2017, il est aussi éclaboussé par le scandale des Paradise Papers, qui montre notamment que le duché de Cornouailles, qui gère ses fonds privés, aurait investi environ 3,5 millions d’euros offshore dans les îles Caïman.
En juillet 2022, il se retrouve encore dans la tourmente, accusé d’avoir accepté, pour ses œuvres caritatives, un million d’euros de la part de membres de la famille d’Oussama Ben Laden. Sa popularité chute alors de 50 % à 42 % d’opinions favorables selon l’institut de sondages YouGov, loin derrière son fils aîné William.
Le nouveau souverain a choisi le nom de Charles III, le prénom Charles étant pourtant considéré comme maudit dans l’histoire britannique. En l’absence de sa mère, celui que l’on dit mal aimé de ses sujets et beaucoup moins populaire que William devra en tout cas maintenir à flot la couronne. Son règne sera de toute façon beaucoup plus éphémère que le précédent, ne lui laissant que peu de temps pour imprimer sa marque.