À la une de la presse, ce mardi 6 septembre, l’élection de Liz Truss à la tête du Parti conservateur au Royaume-Uni. La nouvelle Première ministre britannique, confrontée, comme les autres dirigeants européens, à la décision de Vladimir Poutine de stopper les livraisons de gaz russe. Et les polémiques créées par les appels à la sobriété énergétique, pour faire face à la crise.
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À la une de la presse, l’élection de Liz Truss à la tête du Parti conservateur au Royaume-Uni. Le visage de la nouvelle Première ministre fait la Une de toute la presse britannique, qui cite son discours d’acceptation, lundi 5 septembre, devant les conservateurs. Liz Truss s’est notamment engagée à “tenir ses promesses” face à la grave crise qui frappe le Royaume-Uni. Les quotidiens outre-Manche sont très partagés. “Same old Tories”: toujours les mêmes vieilles histoires, les mêmes vieux conservateurs, soupire The Daily Mirror.
The Daily Mail annonce solennellement que lorsque “l’heure est grave, arrive la femme providentielle”, en assurant que “depuis ‘Maggie”, Margaret Thatcher, aucun Premier ministre n’a été confronté à une crise aussi grave”. Liz Truss, qui n’a même pas encore désignée officiellement par la reine Elizabeth, se trouve déjà sous pression. “Truss face à une course contre la montre” : The Independent fait état à la fois de sa promesse de présenter un “plan énergétique” dès les jours à venir et de l’avertissement des Tories, qui ont prévenu que Truss n’aurait que “quelques mois” pour “sauver le parti”, avant les prochaines élections.
Dans le dessin de Blower pour The Daily Telegraph, la nouvelle locataire de Downing Street disparaît presque derrière les gros dossiers, les gros colis qui lui sont livrés : la crise énergétique, mais aussi du pouvoir d’achat, du système de santé et de la guerre en Ukraine. Liz Truss et les conservateurs, qu’on retrouve dans le dessin de Morten Morland pour The Times, montrant les militants portant des masques – des “smileys” aux sourires pour le moins crispés.
À l’image de la presse britannique, les quotidiens européens sont divisés et comparent Liz Truss à feue Margaret Thatcher, notamment le journal français La Croix, qui voit en elle une “nouvelle Dame de fer”. La référence à la papesse de l’orthodoxie libérale donne évidemment des sueurs froides à la presse de gauche, L’Humanité estimant même que “la guerre sociale est déclarée” au Royaume-Uni. Son programme séduit, en revanche, la presse de droite, dont le très conservateur espagnol ABC, qui présente Liz Truss comme “une disciple de Thatcher” dont la mission sera de “calmer (à la fois) le Parti conservateur et le Royaume-Uni”.
D’autres quotidiens sont plus réservés. En Suisse, Le Temps rappelle que “comparaison n’est pas raison” et que “si l’on regarde de plus près, la nouvelle première ministre tient davantage du caméléon que de la nouvelle Dame de fer” – une “souplesse” dont elle aurait fait preuve notamment sur le Brexit, auquel elle s’était d’abord opposée, avant de le défendre “bec et ongles”. Dans la même veine, The Washington Post juge lui aussi que “le parallèle avec Thatcher a ses limites”. Le quotidien américain étrille, au passage, la nouvelle Première ministre pour l’hiver : “Le souci avec Truss est qu’elle est peut-être trop opportuniste pour imposer le respect et pas assez charmante pour inspirer l’amour”.
Liz Truss, habillée pour l’hiver et confrontée, comme les autres dirigeants européens, à la décision de Vladimir Poutine de stopper les livraisons de gaz russe. Le Kremlin a déclaré hier que si les livraisons de gaz entre la Russie et l’Europe, notamment via le gazoduc Nord Stream, sont à l’arrêt, c’est à cause des sanctions des Occidentaux contre Moscou. Un discours accueilli avec colère par Il Fatto Quotidiano : “Pas de gaz, pas de toit. Poutine nous a roulés dans la farine”, titre le quotidien italien, avec une photo des dirigeants de l’UE, à deux doigts de tomber d’un toit.
Leur décision de sanctionner la Russie pour l’invasion de l’Ukraine ne semble d’ailleurs pas avoir l’effet escompté, puisque Moscou, malgré ces sanctions, a tout de même réussi à tirer profit de l’envolée des prix des énergies fossiles – ce qui lui permet de soutenir son budget fédéral et son effort de guerre. D’après Le Monde, la Russie aurait empoché au total 158 milliards d’euros ces six derniers mois, depuis le début de l’invasion de l’Ukraine.
Face à la crise énergétique, mais aussi écologique, les appels à la sobriété sont parfois mal reçus. L’Obs fait état de la polémique autour des déplacements du PSG, dont les joueurs ont été pris à partie, dimanche, pour avoir utilisé un jet privé au lieu du train lors d’un trajet vers Nantes, qui se trouve seulement à deux heures de TGV de la capitale. Interrogé sur la question, hier, lors d’une conférence de presse, l’entraîneur du PSG, Christophe Galtier, a répondu ironiquement que son équipe était “en train de voir si (elle ne pouvait pas) se déplacer en char à voile”, tandis que le joueur Kylian Mbappé, qui se trouvait à ses côtés, réprimant difficilement un fou rire. Une attitude qui fait grincer quelques dents.
En Italie, le débat s’est enflammé au sujet… de la cuisson des pâtes. Le physicien Giorgio Parisi, lauréat du prix Nobel de physique, a provoqué les foudres de chefs italiens, pour avoir osé exhorter ses compatriotes à économiser le gaz en l’éteignant pendant la cuisson des pâtes. Dans les colonnes de La Repubblica, le chef étoilé Antonio Colonna, qui a notamment cuisiné pour David Bowie, excusez du feu – je veux dire du peu – a même pris la plume pour exprimer son indignation et expliquer que la solution de Parisi “ne peut pas être utilisée dans les restaurants de haut niveau, car cuites comme ça, les pâtes prennent une texture caoutchouteuse“, que le Nobel ferait mieux de se cantonner à sa spécialité et qu’ainsi, comme on dit en France, les vaches seraient bien gardées.
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