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Liz Truss, l’héritière du thatchérisme pour succéder à Boris Johnson

Sans surprise, c’est la cheffe de la diplomatie Liz Truss qui a remporté, lundi, le vote des conservateurs britanniques face à l’ancien ministre des Finances Rishi Sunak. À 47 ans, elle succède à Boris Johnson pour prendre les rênes d’un Royaume-Uni en pleine crise inflationniste. Portrait d’une politicienne chevronnée.  

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Une nouvelle Dame de fer à Downing Street ? À 47 ans, Liz Truss devient, lundi 5 septembre, la troisième femme à ce poste après Theresa May et Margaret Thatcher. Un héritage politique que la nouvelle cheffe du gouvernement, la quatrième depuis le Brexit en 2016, ne renie en rien. Bien au contraire, Liz Truss cultive à l’envi la ressemblance avec la dirigeante des années 80.

Mêmes chemisiers fleuris, même rigorisme économique, mêmes formules choc. En lançant, “Je ne laisserai pas notre pays se faire rançonner par des syndicalistes !”, ne s’impose-t-elle pas comme la digne descendante du thatchérisme ? Nombre d’observateurs s’accordent à le penser. La stratégie est payante car “cette figure de l’histoire du Parti conservateur est toujours très admirée chez les conservateurs”, explique Catherine Haddon, chercheuse à l’Institute for Government, un groupe de réflexion indépendant à Londres.  

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Les points communs avec Margaret Thatcher s’arrêtent là. Contrairement à l’ancienne Première ministre, Liz Truss est née le 26 juillet 1975 à Oxford dans une famille très à gauche. Fille d’un professeur de mathématiques et d’une enseignante à l’école d’infirmières, elle effectue ses études supérieures au prestigieux Merton College d’Oxford, dont elle sort diplômée en 1996. C’est là qu’elle goûte au militantisme politique en entrant au parti centriste libéral démocrate. Conviction ou écart de jeunesse, la jeune militante prend la parole devant le congrès national du parti en 1994 pour réclamer l’abolition de la monarchie. De son vrai nom Elisabeth, – tout comme la souveraine – elle rejoint finalement les rangs des conservateurs et devient députée en 2010 dans la circonscription de South West Norfolk, dans l’est de l’Angleterre.  

Revers et volte-face  

En 2012, cette mère de deux enfants entre au gouvernement et enchaîne les ministères. Elle commence dans une fonction subalterne à l’Éducation puis, en 2014, le Premier ministre de l’époque David Cameron lui confie le portefeuille de l’Environnement. Theresa May lui donnera la Justice, avant que Boris Johnson ne la nomme successivement au Commerce international, aux Droits des Femmes et aux Affaires étrangères. 

La politicienne au carré blond impeccable connaît surtout un parcours tortueux, pavé de revers et de palinodies. Une aventure extraconjugale manque d’abord de peu de lui faire perdre son investiture aux législatives. Puis après un passage difficile à la Justice, elle est rétrogradée par Theresa May. Opportuniste, elle s’était opposée avec force au Brexit en 2016 pour finir par en faire la promotion, négociant et vantant de nouveaux accords de libre-échange au ministère du Commerce international. Nommée en 2021 à la tête de la diplomatie britannique, elle se montre intransigeante face à l’Union européenne sur l’Irlande du Nord. Ultime paradoxe, elle défend tout comme Boris Johnson “l’idée d’une élite qui doit être contrée et se présente comme extérieure à l’establishment, bien qu’elle soit au gouvernement depuis huit ans”, relève à l’AFP Tim Bale, professeur à l’université Queen Mary de Londres.  

Loyauté à “Bojo” récompensée 

Ralliée au conservatisme et au Brexit sur le tard, elle a tout de même su susciter l’enthousiasme des adhérents conservateurs, au nombre de 160 000, face à un Rishi Sunak, prisonnier de son image de riche banquier technocrate. Contrairement à son rival, Liz Truss n’a pas démissionné du gouvernement suite à la crise qui a précipité la chute de “Bojo” le 7 juillet dernier. Cette loyauté lui vaut certainement le soutien de bon nombre de membres du parti. Par ailleurs, son message politique, dans la droite ligne du Parti conservateur traditionnel, est clair : baisser les impôts massivement, couper dans l’administration. Adepte du néo-libéralisme comme l’ancienne Première ministre Thatcher, Liz Truss défend sans ambages la libre concurrence, une baisse des taxes et un État peu interventionniste. 

Soucieuse d’adoucir toutefois son image, elle met en avant son côté bon vivant et amatrice de fromage et de karaoké. “Dans un parti qui a évolué vers le populisme, elle a su se présenter de manière plus authentique, plus ordinaire que Rishi Sunak qui se retrouve facilement assimilé à l’élite mondialisée”. Mais dès que les questions politiques reprennent, l’héritière du thatchérisme n’est jamais loin. Peu encline à faire des concessions sur le fameux protocole nord-irlandais, elle pourrait jouer de l’europhobie comme son prédécesseur pour flatter sa base conservatrice. Et de la francophobie à l’occasion. À la question de savoir si elle considérait Emmanuel Macron comme un ami ou un ennemi, elle a refusé de répondre. De quoi réveiller le souvenir du bras de fer entre François Mitterrand et Margareth Thatcher.   

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