Le pape François a nommé samedi 20 cardinaux, dont la plupart partagent sa vision progressiste de l’Église et auront une influence majeure sur le choix de son éventuel successeur. Élu en 2013, le pape a nommé 83 des 132 cardinaux électeurs, soit environ 63 % d’entre ceux, ce qui lui permet d’avoir autour de lui une majorité d’hommes ayant une sensibilité proche de la sienne.
Le choix est crucial pour l’avenir de l’Église. Des hommes de terrain, de différents continents et sensibles aux “périphéries” : le pape François a créé samedi 27 août vingt nouveaux cardinaux proches de sa ligne, une étape supplémentaire dans la préparation de sa succession.
Ce consistoire, le huitième du pontificat de François depuis son élection en 2013, intervient sur fond de spéculations sur l’état de santé du pape de 85 ans, affaibli par des douleurs au genou et qui a laissé “ouverte” la possibilité de renoncer un jour à son ministère.
Sous les dorures de la basilique Saint-Pierre de Rome, en présence de dizaines de cardinaux et de représentants diplomatiques, le souverain pontife a créé vingt nouveaux cardinaux, parmi lesquels seize “électeurs” – ceux qui sont âgés de moins de 80 ans – pourront participer au futur conclave.
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Comme de coutume, les nouveaux “princes de l’Église” se sont agenouillés devant le pape pour recevoir leur barrette (coiffe carrée) rouge et leur anneau cardinalice. Seuls 19 d’entre eux étaient toutefois présents, l’archevêque ghanéen Richard Kuuia Baawobr ayant dû être hospitalisé pour un problème cardiaque.
“Un cardinal aime l’Église (…) en traitant les grandes questions, comme en s’occupant des petites; en rencontrant les grands de ce monde, comme les petits, qui sont grands devant Dieu”, a déclaré dans son homélie le souverain pontife, arrivé en fauteuil roulant mais semblant en bonne forme.
La nomination de ces hauts prélats chargés d’assister le pape est scrutée par les observateurs qui y voient une indication sur la possible ligne du futur chef spirituel des 1,3 milliard de catholiques.
Des profils moins attendus
Sensible aux communautés minoritaires, à la fibre sociale et à l’évangélisation, le jésuite argentin s’est affranchi du choix traditionnel d’archevêques de grandes villes, préférant des profils moins attendus.
Le pape François a désormais choisi 83 cardinaux sur le total actuel de 132 électeurs, soit près des deux tiers, la proportion nécessaire pour élire un nouveau pape, même si ce choix est toujours imprévisible.
Avec 40 % des électeurs, l’Europe reste ainsi le continent le plus représenté, devant l’Amérique du Sud et l’Asie (16 % chacune), l’Afrique (13 %) et l’Amérique du Nord (12 %).
Parmi les personnalités notables figure l’Américain Robert McElroy, évêque de San Diego en Californie considéré comme progressiste pour ses positions sur les catholiques homosexuels notamment.
À noter également, le choix inattendu du missionnaire italien Giorgio Marengo, préfet apostolique d’Oulan-Bator (Mongolie), devenu à 48 ans le plus jeune cardinal du monde.
“Avec simplicité et humilité, je me mets à l’écoute de personnes beaucoup plus expérimentées que moi”, a-t-il déclaré samedi à la presse, confiant avoir été “surpris” et “honoré” par sa nomination.
Plus de place aux femmes et aux laïcs
Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille particulièrement engagé dans le dialogue inter-religieux, devient quant à lui le sixième Français du collège cardinalice.
Autres hommes de terrain à endosser la robe pourpre, le Nigérian Peter Okpaleke, le Brésilien Leonardo Ulrich Steiner ou encore Virgilio Do Carmo Da Silva, archevêque de Dili (Timor oriental).
Trois futurs cardinaux occupent déjà des postes à responsabilité dans la Curie, le “gouvernement” du Vatican : le Britannique Arthur Roche, le Sud-Coréen Lazzaro You Heung-sik et l’Espagnol Fernando Vérgez Alzaga.
La cérémonie a été suivie de la traditionnelle “visite de courtoisie” au Vatican, qui permet au public de saluer un à un les nouveaux “princes de l’Église”.
Dans la foulée, lundi et mardi, se tiendra une réunion avec quelques 200 cardinaux et responsables religieux du monde entier, que le pape a tenu à réunir pour évoquer la nouvelle “Constitution” du Vatican, entrée en vigueur en juin, et l’avenir de l’Eglise. Une réunion qui, indirectement, permettra de préparer le prochain conclave.
Ce sera l’occasion “d’apprendre à mieux se connaître, car nous venons des quatre coins du monde”, ainsi que d’évoquer la “réorientation de la Curie”, a confié Mgr McElroy.
Jorge Bergoglio a récemment accéléré ses réformes de la Curie et de ses finances et souhaite introduire davantage d’horizontalité dans la gouvernance de l’Église, en accordant plus de place aux femmes et aux laïcs.
Avec AFP et Reuters