La police kosovare a déclaré dimanche avoir été la cible de coups de feu dans le nord du pays où des barricades ont été érigées sur des routes menant en Serbie, pour protester contre la nouvelle politique frontalière du gouvernement. Face aux tensions, et après consultations avec lesambassadeurs européens et américains, Pristina reporte d’un mois l’entrée en vigueur des nouvelles règles à la frontière Serbe.
La police kosovare a déclaré dimanche 31 juillet avoir été la cible de coups de feu dans le nord du pays où des barricades ont été érigées sur des routes menant en Serbie, afin de protester contre la politique frontalière du gouvernement. Ces tirs n’ont fait aucun blessé, a précisé la police dans un communiqué. Les deux points de passages ont été fermés à la circulation.
Dimanche soir, des centaines de Serbes du Kosovo ont massé camions, camions-citernes et autres véhicules lourds sur les routes menant aux points de passage de Jarinje et Brnjak, a constaté un journaliste de l’AFP. Une foule s’est alors installée autour des barricades, avec l’intention affichée d’y passer la nuit.
Face aux tensions, le gouvernement du Kosovo a décidé de reporter d’un mois l’entrée en vigueur de nouvelles règles à la frontière avec la Serbie. Ce report a été annoncé dans un communiqué du gouvernement à l’issue d’une rencontre avec l’ambassadeur des Etats-Unis au Kosovo Jeffrey Honevier.
Nouvelle politique frontalière
Les nouvelles règles, qui devaient entrer en vigueur lundi, prévoient que toute personne entrant au Kosovo avec une carte d’identité serbe dispose d’un document temporaire pendant son séjour dans le pays. Pristina avait par ailleurs donné deux mois aux Serbes du Kosovo pour remplacer les plaques d’immatriculation serbes de leurs véhicules par des plaques de la République du Kosovo.
Le Premier ministre Albin Kurti a précisé dimanche qu’il s’agissait d’une mesure de réciprocité, dans la mesure où la Serbie, qui ne reconnaît pas l’indépendance de son ancienne province à majorité albanaise proclamée en 2008, en exige autant des Kosovars qui entrent sur son territoire.
Tensions diplomatiques
Les Serbes du Kosovo ne reconnaissent pas l’autorité de Pristina, ni l’indépendance du Kosovo, et restent loyaux à Belgrade dont ils dépendent financièrement. Le président serbe Aleksandar Vucic a déclaré, dans un discours à la nation dimanche, que la situation au Kosovo n’avait “jamais été aussi complexe” pour la Serbie et les Serbes qui y vivent. “L’atmosphère a été portée à ébullition”, a déclaré Aleksandar Vucic, ajoutant que “la Serbie gagnera” si les Serbes sont attaqués.
De son côté, Albin Kurti a accusé le président serbe de déclencher des “troubles”. “Les prochaines heures, jours et semaines peuvent être difficiles et problématiques”, a écrit le président kosovar sur Facebook.
En septembre dernier, le nord de Kosovo a été le théâtre de vives tensions, après la décision de Pristina d’interdire les plaques d’immatriculation serbes sur son territoire, émaillées de manifestations quotidiennes et blocage de la circulation aux deux postes frontières.
Avec AFP