Le président turc Recep Tayyip Erdogan doit rencontrer mardi à Téhéran son homologue russe Vladimir Poutine, en marge d’un sommet tripartite avec le chef de l’État iranien Ebrahim Raïssi. Au programme de cette rencontre, la Syrie mais aussi la question de la reprise des exportations de céréales d’Ukraine.
Les présidents russe et turc parlent mardi 19 juillet à Téhéran des mécanismes pour permettre les exportations de céréales d’Ukraine, bloquées dans ce pays par l’offensive militaire russe au risque de provoquer une crise alimentaire mondiale. Des négociations impliquant Moscou, Kiev, Ankara et l’ONU doivent avoir lieu dans les jours à venir en Turquie, après des avancées dans les pourparlers le 13 juillet.
“Premièrement, nous sommes prêts à continuer le travail dans cette direction, deuxièmement, cette thématique va être discutée par les présidents” Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan, a indiqué lundi, selon les agences russes, le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov, à la veille d’une rencontre entre les deux dirigeants en Iran.
Le ministère russe de la Défense avait indiqué vendredi qu’un “document final” sera prêt sous peu pour permettre l’exportation de céréales d’Ukraine.
L’accord négocié par l’intermédiaire de l’ONU vise à faire sortir par la mer Noire quelque 20 millions de tonnes de céréales bloquées dans des silos ukrainiens à cause de l’offensive menée par la Russie en Ukraine. Il doit aussi faciliter les exportations russes de céréales et d’engrais, affectées par les sanctions occidentales qui frappent les chaînes logistiques et financières russes.
Les produits agricoles russes et ukrainiens sont essentiels pour éviter que les crises alimentaires ne se multiplient dans le monde.
Le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, a confirmé lundi qu'”un accord de principe (…) a été trouvé” avec l’Ukraine et la Russie pour l’établissement d’un couloir maritime sécurisé permettant le transport des céréales.
Priorité au dossier syrien
Cependant, ce sommet sera essentiellement dominé par la Syrie où la Russie, la Turquie et l’Iran représentent des acteurs majeurs dans la guerre qui ravage le pays depuis 2011, Moscou et Téhéran soutenant le régime de Bachar al-Assad et Ankara appuyant des rebelles. Les trois pays ont lancé en 2017 le processus dit d’Astana, visant officiellement à ramener la paix en Syrie.
Depuis fin mai, la Turquie menace de lancer une nouvelle opération militaire dans le nord de la Syrie, où elle cherche à créer une “zone de sécurité” de 30 kilomètres à la frontière. Téhéran et Moscou ont d’ores et déjà dit leur opposition à une telle offensive.
Lors de la réunion, “nous pourrons établir l’objectif important de la réunion d’Astana, qui était de réduire la tension dans les zones de conflit en Syrie”, a indiqué le ministre iranien des Affaires étrangères Amir-Abdollahian, dans une vidéo diffusée sur le site de son ministère. “Lors de mon voyage récent à Ankara et en Syrie, j’ai été porteur du message du président selon lequel nous pouvons gérer la crise sécuritaire entre la Syrie et la Turquie”.
Le sommet tripartite sera l’occasion pour Recep Tayyip Erdogan de se réunir avec Vladimir Poutine pour la première fois depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. La Turquie, membre de l’Otan, a essayé de maintenir le contact avec les deux pays, proposant sa médiation à plusieurs reprises.
Cette réunion intervient également quelques jours après la tournée du président américain Joe Biden au Moyen-Orient, où il s’est rendu en Israël et en Arabie saoudite, deux pays hostiles à l’Iran.
Avec AFP