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Le Premier ministre espagnol victime du logiciel espion Pegasus

Le gouvernement espagnol a annoncé, lundi, que Pedro Sánchez et la ministre de la Défense, Margarita Robles, avaient été espionnés par le logiciel israélien Pegasus. Un consortium de médias avait révélé l’été dernier que les téléphones de centaines de femmes et d’hommes politiques, journalistes, militants des droits humains ou chefs d’entreprise étaient concernés.

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Le Premier ministre espagnol et la ministre de la défense victimes du logiciel espion Pegasus. Lors d’une conférence de presse convoquée en urgence à Madrid, lundi 2 mai, le ministre de la Présidence, Félix Bolaños, a affirmé que les téléphones portables de Pedro Sánchez et de Margarita Robles avaient été infectés l’an dernier par ce logiciel conçu par la société israélienne NSO et qui fait déjà l’objet de multiples enquêtes dans le monde.

Dénonçant “des faits d’une énorme gravité”, il a souligné que le gouvernement n’avait pas simplement des soupçons, mais des certitudes, affirmant qu’il s’agissait d’attaques “externes” sans toutefois dire qu’elles émanaient d’un pays étranger. 

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“Nous avons la certitude absolue qu’il s’agit d’une attaque externe (…) parce qu’en Espagne, dans une démocratie comme la nôtre, toutes les interventions sont effectuées par des organismes officiels et avec une autorisation judiciaire”, a-t-il expliqué.

“Dans le cas présent, aucune de ces deux circonstances ne s’est produite”, a poursuivi Félix Bolaños. “C’est pourquoi (…) nous n’avons pas le moindre doute qu’il s’agit d’une intervention externe”.

Le gouvernement a déposé plainte pour ces faits, lundi, auprès de l’Audience nationale, juridiction chargée des dossiers d’importance nationale ou internationale, comme les affaires de terrorisme, afin que toute la lumière soit faite, a-t-il précisé.

Pegasus permet, une fois installé, d’accéder aux messageries, aux données ou d’activer à distance les caméras et les micros d’un smartphone.

NSO a toujours affirmé que ce logiciel, dont l’exportation requiert le feu vert des autorités israéliennes, ne pouvait être vendu qu’à des États et uniquement pour les aider à lutter contre le terrorisme ou la criminalité.

Pegasus et NSO font toutefois l’objet de graves accusations depuis qu’un consortium de médias a révélé, l’été dernier, que ce logiciel avait été utilisé pour espionner les téléphones de centaines de femmes et d’hommes politiques, journalistes, militants des droits humains ou chefs d’entreprise.

Selon l’ONG Amnesty International, il pourrait avoir été utilisé pour pirater jusqu’à 50 000 portables dans le monde.

Onze gigas de données

“Deux intrusions” ont eu lieu dans le portable de Pedro Sánchez en mai 2021 et une dans celui de Margarita Robles en juin 2021, selon Félix Bolaños. Elles ont dans les deux cas permis d’extraire “un volume déterminé de données”, a-t-il ajouté sans plus de détails.

Selon le quotidien El País, les hackers ont extrait 2,6 gigas de données du téléphone de Pedro Sanchez et neuf mégas de celui de Margarita Robles, mais le gouvernement ignore encore “la nature de l’information volée et son degré de sensibilité”. Il s’agit de leurs téléphones officiels, mis à leur disposition par l’État, et non privés.

Ces révélations surviennent alors que l’Espagne est en proie à une crise entre le gouvernement de Pedro Sánchez, un socialiste, et les milieux indépendantistes de Catalogne (Nord-Est) qui accusent le Centre national du Renseignement (CNI) de les avoir espionnés avec Pegasus.

L’affaire a éclaté le 18 avril, lorsque Citizen Lab, un projet sur la cybersécurité de l’Université canadienne de Toronto, a publié un rapport identifiant 65 personnes de la mouvance indépendantiste – pour la plupart des Catalans – dont les portables auraient été piratés entre 2017 et 2020 par le logiciel.  

Enquête interne

Face à ces accusations, Pedro Sánchez, sans dire s’il y avait eu ou non espionnage par les services de renseignement de l’État, a annoncé le lancement d’une enquête interne au sein du CNI et s’est engagé à “rendre des comptes”. Les premières réactions des milieux indépendantistes catalans après les révélations du gouvernement étaient très sévères pour celui-ci.

“Quand l’espionnage massif est à l’encontre des institutions catalanes et de l’indépendantisme, c’est silence et excuses”, a tweeté le président du gouvernement régional catalan, Pere Aragonés. “Le deux poids deux mesures est évident. Contre l’indépendantisme, tout est bon”.

La crise est d’autant plus sérieuse pour le gouvernement minoritaire de gauche de Pedro Sánchez qu’il a besoin du soutien au Parlement du parti de Pere Aragonés pour rester au pouvoir jusqu’au terme de la législature, fin 2023.

Selon Félix Bolaños, les vérifications se poursuivent pour savoir si d’autres membres du gouvernement espagnol ont également été espionnés avec Pegasus.

Avec AFP

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