À l’issue des élections législatives de dimanche en Slovénie, le Mouvement de la liberté du libéral Robert Golob a recueilli 34,5 % des voix, contre 23,6 % pour le Parti démocratique du dirigeant conservateur Janez Jansa. Ce dernier, admirateur de Donald Trump et allié de Viktor Orban, tombe après un mandat entaché d’atteintes à la démocratie selon ses détracteurs.
Le libéral Robert Golob, homme d’affaires récemment converti à la politique, est arrivé en tête des législatives slovènes dimanche 24 avril, loin devant le Premier ministre sortant Janez Jansa.
“Maintenant nous pouvons dire que notre objectif a été atteint : cette victoire va nous permettre de rendre la liberté à notre pays”, a lancé Robert Golob, 55 ans, depuis son domicile où il est isolé pour cause de Covid-19. Dans son QG de la capitale Ljubljana, le discours a été accueilli par des applaudissements et cris de joie.
Le Mouvement de la liberté (GS) a recueilli 34,5 % des voix, contre 23,6 % pour le Parti démocratique slovène (SDS) du conservateur Janez Jansa, après décompte de 99 % des suffrages.
Omniprésent sur la scène politique depuis trois décennies, le dirigeant de 63 ans a reconnu sa défaite et s’est dit “prêt à collaborer pour le bien commun”. Mais amer, il a averti son adversaire : “il est facile de se payer des affiches, d’avoir le soutien des médias et de la prétendue société civile mais rien de tout cela ne vous aidera dans la dure tâche qui vous attend”.
Forte participation
Les Slovènes se sont pressés aux urnes tout au long de la journée pour choisir leurs députés, lors de ce scrutin à un tour, sur fond de fronde contre l’action du gouvernement, contestée depuis des mois dans la rue.
“Ce sont les élections les plus importantes depuis l’indépendance” en 1991 de cette nation de 2 millions d’habitants issue de l’ex-Yougoslavie et entrée dans l’Union européenne en 2004, avait assuré Jansa Jenull, un des chefs de file du mouvement de protestation.
La population a été au rendez-vous : le taux de participation a frôlé les 70 %, au plus haut depuis 2000 et largement au-dessus de celui de 2018 (52 %), selon la Commission électorale.
Le gouvernement “s’est livré à des atteintes répétées à l’État de droit et aux institutions démocratiques”, relève l’influente ONG américaine Freedom House dans son rapport annuel publié cette semaine, citant “les attaques” contre la justice et les médias.
Admirateur assumé de l’ancien président américain Donald Trump et allié du dirigeant ultra-conservateur hongrois Viktor Orban, Janez Jansa a privé pendant des mois de fonds publics l’agence de presse nationale STA, jugée trop critique.
Face aux avertissements de la Commission européenne, il a étrillé des “bureaucrates surpayés”, multipliant les passes d’armes avec Bruxelles et faisant de la Slovénie jadis “modèle un trublion”, selon l’analyste Valdo Miheljak.
Un vote contre “l’orbanisation”
“C’était un vote contre Jansa. Contre la Slovénie empruntant le chemin de la Hongrie, contre la mise en place d’une démocratie illibérale, contre un gouvernement prenant le contrôle de la télévision publique et de l’appareil judiciaire”, a réagi l’expert politique Miha Kovac, interrogé par l’AFP. “Pour la première fois en 20 ans, la société civile et les jeunes électeurs se sont mobilisés”, a-t-il ajouté, esquissant “une tendance nouvelle” avec laquelle il faudra compter.
Après ces deux années chaotiques, Richard Golob, ex-patron d’une grande compagnie d’électricité spécialisée dans l’énergie solaire, a promis de renouer avec “la normalité”.
Mais, prévient Miha Kovac, le défi est immense pour ce parti “qui n’existait pas il y a trois mois et a maintenant plus de 40 députés”, sur les 90 sièges du Parlement. “Il n’a pas d’infrastructure, pas de savoir-faire, pas de connaisseurs des arcanes parlementaires”, avertit-il.
Il aura donc intérêt à s’appuyer sur l’expérience des sociaux-démocrates (6,8 % des voix), leur potentiel futur partenaire de coalition, alors que les discussions doivent démarrer dès lundi.
Avec AFP