L’amour derrière les barreaux : Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, s’est marié mercredi avec son ancienne avocate, Stella Moris, à la prison de haute sécurité britannique. Le lanceur d’alerte continue de se battre contre son extradition vers les États-Unis, un espoir compromis par le refus britannique d’examiner son recours.
En liberté surveillée, il avait rencontré l’amour de sa vie, il l’épouse une décennie plus tard derrière les barreaux : Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, s’est marié mercredi 23 mars avec la femme qui fut jadis son avocate, Stella Moris, à la prison de haute sécurité britannique. Il continue d’espérer éviter une extradition vers les États-Unis, malgré la fin de non-recevoir de la Cour suprême britannique.
L’union a eu lieu en début d’après-midi à la prison de Belmarsh, dans le sud-est de Londres, en petit comité avec seulement quatre invités et deux témoins, dont les deux frères et le père de Julian Assange.
Mais à l’extérieur, l’ambiance était festive, les quelques dizaines de soutiens du fondateur de WikiLeaks buvant du champagne, dansant ou appelant au micro à sa libération. Une pièce montée surmontée de figurines des mariés, avait été préparée, et des confettis lancés sur la mariée, sortie sans son nouvel époux.
“Merci”, a dit Stella Moris après la cérémonie, se disant à la fois “heureuse” et “triste”, car “ce que nous vivons est cruel”. “C’est une personne des plus extraordinaires” et “il devrait être libre”, a-t-elle ajouté.
Pris dans une longue saga judiciaire, l’Australien de 50 ans est recherché par la justice américaine qui veut le juger pour la diffusion, à partir de 2010, de plus de 700 000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan.
Poursuivi notamment en vertu d’une législation contre l’espionnage, il risque 175 ans de prison, dans une affaire dénoncée par des organisations de défense des droits humains comme une grave attaque contre la liberté de la presse.
“Torture lente”
Stella Moris était arrivée vêtue d’une robe de mariée gris argent, conçue par Vivienne Westwood, et accompagnée des deux petits garçons qu’elle a eus avec Julian Assange, en kilt et chemise blanche. Sur son voile étaient brodés les mots “libre”, “noble” et “tumultueux”.
La styliste britannique, très engagée pour la libération de Julian Assange, a aussi conçu le kilt porté par le marié – en référence à ses origines écossaises.
Parmi les soutiens rassemblés aux abords de la prison, qui avaient accroché des rubans jaunes disant “Le journalisme n’est pas un crime” ou “Libérez l’otage Assange maintenant”, la Londonienne Sadia Kokni, 41 ans, considère que le fondateur de WikiLeaks “n’a fait qu’exposer la vérité” et que sa détention est une forme de “torture lente”.
Le journaliste américain Chris Hedges, lauréat du prix Pulitzer, a demandé la fin des “injustices” contre Julian Assange, au centre “de la plus importante bataille pour la liberté de la presse de notre époque”.
Dénonçant dans le Guardian une “persécution politique” et une “détention arbitraire”, Stella Moris reprochait aux autorités pénitentiaires d’avoir refusé les témoins proposés et la présence d’un photographe pour que Julian Assange “reste invisible aux yeux du public à tout prix, même le jour de son mariage”.
“Affaire politique”
Le 14 mars, Julian Assange a vu disparaître l’un de ses derniers espoirs d’éviter son extradition, avec le refus de la Cour suprême britannique d’examiner son recours.
Sa compagne, une avocate sud-africaine trentenaire, a depuis supplié la ministre de l’Intérieur britannique Priti Patel, à qui revient la décision d’approuver son extradition, de l’empêcher et de mettre fin à cette “affaire politique”.
Julian Assange et Stella Moris se sont rencontrés pour la première fois en 2011, lorsque l’avocate avait été engagée pour rejoindre l’équipe juridique chargée de lutter contre son extradition. Leurs fiançailles avaient été annoncées en novembre 2021.
La jeune avocate a eu deux enfants avec Julian Assange, conçus lorsqu’il vivait à l’ambassade d’Équateur à Londres, où il avait trouvé refuge durant sept ans jusqu’à son arrestation en avril 2019.
Il craignait alors une extradition vers les États-Unis, ou bien la Suède où il faisait l’objet de poursuites pour viol, depuis abandonnées.
Avec AFP