Les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne se réunissent à Versailles jeudi 10 mars et vendredi. Ils vont tenter de poser les fondations d’une Europe plus souveraine après le choc de l’invasion russe en Ukraine qui a mis ses faiblesses en évidence.
La guerre en Ukraine déclenchée par le président russe, Vladimir Poutine, “et les prochaines étapes la concernant seront discutées entre chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne lors du dîner de ce [jeudi] soir dans le cadre du sommet de Versailles”, indique l’Élysée dans un communiqué. Les 27 doivent évoquer les défis économiques et sécuritaires posées par la guerre en Ukraine.
L’offensive russe, commencée le 24 février, a souligné le manque de capacités militaires européennes, les 27 États membres ayant très largement réduit leurs budgets depuis la fin de la guerre froide. Elle a également mis en lumière l’extrême dépendance de l’UE envers le gaz importé de Russie, qui limite sa capacité d’action contre Moscou.
“Ce sommet est celui du sursaut européen, de la souveraineté européenne”, affirme-t-on à l’Élysée.
Après deux semaines de conflit, les sanctions occidentales continuent de pleuvoir contre la Russie et font de plus en plus sentir leurs effets dans le pays, avec lequel un nombre croissant d’entreprises coupent tout ou partie de leurs liens.
Les 27 chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres et les dirigeants de l’Union européenne sont réunis à Versailles pour le sommet européen informel de la #PFUE2022 pic.twitter.com/yWGKJZKUqR
— Présidence française du Conseil de l’UE 🇫🇷🇪🇺 (@Europe2022FR) March 10, 2022
L’UE ne peut pas lancer de procédure d’adhésion accélérée pour l’Ukraine, la Géorgie et la Moldavie
L’UE doit envoyer à l’Ukraine “un signal politique sur son appartenance à la famille européenne”, ainsi qu’à la Géorgie et à la Moldavie, mais ne peut pas lancer de procédure d’adhésion accélérée, a estimé l’Élysée mercredi.
Pour la France, il faut pour ces trois pays “inventer de nouvelles formes de rapprochement de l’UE” avec “un renforcement des coopérations dans les domaines économiques, éducatifs et de recherche, ainsi que dans la coopération politique”. Leurs chefs d’État pourraient par exemple “être associés aux réunions du Conseil européen plus régulièrement”.
L’UE leur a déjà lancé un premier signal en lançant dès lundi la procédure pour l’examen des demandes d’adhésion que ces trois pays ont déposées juste après l’invasion russe de l’Ukraine, alors qu’elle avait mis deux ans pour répondre à celle de la Roumanie. “Leur demande d’adhésion témoigne du partage de valeurs, nous voulons pouvoir leur répondre de la manière la plus rapide et concrète, pour les ancrer rapidement” en Europe, souligne Paris.
“Mais il ne peut pas y avoir de procédure accélérée d’adhésion, qui prend des années, car l’adhésion signifie une convergence des économies, le respect d’un certain nombre de critères et des contraintes pour l’État qui adhère, qui doit avoir une économie suffisamment forte pour entrer”, ajoute l’Élysée. Une Ukraine qui adhèrerait trop vite après la guerre, “avec des fondamentaux économiques en décalage par rapport à la moyenne européenne”, risquerait par exemple que les personnes les plus qualifiées aillent dans des pays où le niveau de vie est le plus important, fait valoir la présidence française.
Le drapeau européen de retour sous l’Arc de Triomphe
“L’adhésion, ce n’est pas une décision qui se prend en un week-end”, a plaidé un conseiller du président français. “Nous comprenons cette demande ukrainienne et nous voulons dire aux Ukrainiens qu’ils font bien partie de la famille européenne, mais ce n’est pas une procédure d’adhésion qui mettra fin à la guerre”. Paris souligne aussi que les pays des Balkans qui attendent depuis des années dans l’antichambre de l’UE “ne comprendraient pas”.
Par ailleurs, le drapeau européen a de nouveau été déployé jeudi sous l’Arc de Triomphe, à Paris, à l’occasion du sommet de l’UE de Versailles. Son installation le 31 décembre pour célébrer la présidence française du Conseil de l’UE avait provoqué une polémique.
(Avec AFP)