Des chars russes ont tiré vendredi sur la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporojie, la plus grande d’Europe, provoquant un incendie mais “pas de fuite”. Selon l’agence ukrainienne d’inspection des sites nucléaires, le “territoire de la centrale est occupé par les forces” russes, même si son exploitation est “assurée”.
La plus grande centrale d’Europe au cœur de la guerre entre l’Ukraine et la Russie. Des chars russes ont tiré, vendredi 4 mars, sur la centrale nucléaire de Zaporojie, provoquant un incendie. L’incident est désormais contrôlé et aucune fuite n’est détectée. Selon l’agence ukrainienne d’inspection des sites nucléaires, le “territoire de la centrale est occupé par les forces” russes.
Voici quelques données-clé sur cette centrale.
Sur le fleuve de la Dniepr, le plus grand réacteur nucléaire d’Europe
La centrale nucléaire de Zaporijie est située dans le sud de l’Ukraine sur le fleuve Dniepr, à 525 kilomètres de Tchernobyl.
Sa capacité totale est de 6 000 mégawatts, assez pour fournir en électricité environ quatre millions de foyers. En temps normal, le site produit un cinquième de l’électricité du pays et près de la moitié de son énergie nucléaire.
La construction du premier réacteur a commencé en 1979, alors que l’Ukraine faisait partie de l’Union soviétique. Inaugurée en 1985, la centrale compte aujourd’hui six réacteurs VVER-1000 de conception soviétique, dont le dernier mis en service en 1995.
Ces réacteurs possèdent une durée de vie se situant entre 40 et 60 ans.
Des réacteurs “arrêtés en toute sécurité”, selon Washington
Les autorités ukrainiennes ont averti qu’un bombardement russe avait provoqué un incendie dans un bâtiment consacré aux formations et dans un laboratoire.
Après plusieurs heures d’incertitude, les lieux ont été sécurisés et les réacteurs ont été “arrêtés en toute sécurité”, selon des responsables américains. L’incendie, qui n’a fait aucune victime, a été éteint par les pompiers ukrainiens à 6 h 20 heure locale (4 h 20 GMT).
Une centrale plus moderne que Tchernobyl
La conception de ces réacteurs à eau pressurisée, considérés comme étant parmi les plus sûrs, vient de ceux équipant les sous-marins nucléaires et diffère de ceux de Tchernobyl. Ceux-ci sont modérés au graphite et initialement conçus pour produire du plutonium et non de l’électricité.
Les centrales de Balakovo, sur la Volga au sud de la Russie, et Kozloduy, sur le Danube en Bulgarie, possèdent une technologie similaire.
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Les VVER-1000 de Zaporojie sont alimentés de combustible enrichi en isotope fissile Uranium-235.
Ils fonctionnent grâce à la vapeur chauffée par le cœur, mais contrairement aux autres réacteurs, la vapeur contaminée par le nucléaire n’est pas utilisée pour faire tourner les turbines, mais pour chauffer un autre circuit de vapeur non contaminée qui fait ensuite tourner les turbines.
Cette technique permet de conserver un niveau de radioactivité relativement bas pour les employés de la centrale.
Des niveaux de radioactivité surveillés
Le rayonnement de fond autour du site était vendredi matin de 0,1 microsievert par heure, selon l’exploitant de la centrale, soit un niveau inférieur à la moyenne mondiale et bien inférieur à celui d’un vol en avion ou d’une radiographie.
Pendant la catastrophe de Tchernobyl, le niveau de radioactivité était des millions de fois plus élevé, à 300 sieverts par heure.
Après l’opération militaire russe contre l’Ukraine en 2014, Kiev a développé des protocoles de sûreté pour la protection physique des installations nucléaires dans le pays, avec des inspections régulières, une évaluation de vulnérabilité et la mise en œuvre de systèmes de contrôle automatisé des données.
Avec AFP