Ancien boxeur, plusieurs fois champion du monde poids lourds dans les années 2000, le très populaire Vitali Klitschko, aujourd’hui maire de Kiev, mène un combat acharné face aux troupes russes de Vladimir Poutine qui tentent de prendre sa ville et faire tomber son pays.
La Russie menace de faire tomber sa ville, mais il l’a assuré, il défendra Kiev, “les armes à la main”. Dix ans après son dernier combat, Vitali Klitschko, ex-champion du monde de boxe, devenu poids lourd de la politique ukrainienne, est à la tête de la résistance dans la capitale, Kiev, dont il est le maire depuis huit ans.
“Je n’ai pas le choix, je vais me battre !”, avait assuré, quelques jours avant l’invasion russe, celui qui est aujourd’hui l’une des figures politiques les plus importantes d’Ukraine après le président Volodymyr Zelensky et l’ex-président Petro Porochenko.
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Depuis le début de la crise, Vitali Klitschko, 50 ans et très populaire dans son pays, avait préparé la capitale et ses près de trois millions d’habitants “au scénario du pire”, leur assurant notamment 5 000 abris anti-aériens.
“Kiev continue de tenir sa défense”, assure-t-il, lundi 28 février, dans une nouvelle vidéo publiée sur son compte Instagram. Depuis le lancement de l’offensive russe, l’ancien champion du monde poids lourds WBO (World Boxing Organisation) utilise les réseaux sociaux pour maintenir le contact avec la population, mais aussi pour attirer l’attention du monde entier sur la situation en Ukraine.
Sûr et déterminé, posté devant une carte de la capitale ukrainienne, l’ex-boxeur, né en République socialiste soviétique kirghize à l’époque de l’URSS et dont le père était général dans la force aérienne soviétique, appelle ses compatriotes à “Rester debout”, comme il l’a fait de manière quasi-ininterrompue durant ses 16 ans au sommet de la boxe professionnelle.
“Ironfist”, du ring à l’arène politique
Sa notoriété, Vitali Klitschko – surnommé “Ironfist”, “poing de fer” – l’a d’abord gagnée sur le ring au fil d’une carrière débutée en 1996. Du haut de ses 2,01 m, l’Ukrainien – déjà champion poids lourds d’Europe en 1998, puis champion du monde en 1999 – enchaîne les titres mondiaux dans les années 2000 et s’impose comme l’un des boxeurs les plus redoutables de sa génération. Son bilan : 45 victoires pour 47 combats, dont 41 par KO, soit le deuxième plus gros pourcentage de KO de l’Histoire (87,23 %).
Dès 2006, ses carrières sportive et politique se superposent dans un premier temps. Il se déclare une première fois candidat à la mairie de Kiev en 2006, avant d’être élu député proeuropéen en 2012. L’année suivante, Vitali Klitschko met un terme à sa carrière de boxeur alors que son pays connaît une vague de protestations proeuropéennes.
En 2014, il s’impose comme l’un des principaux leaders des manifestations proeuropéennes lors de la révolution Euromaïdan – des manifestations qui éclatent après la décision du gouvernement ukrainien de ne pas signer d’accord d’association avec l’UE au profit d’un accord avec la Russie.
La même année, il envisage de se présenter à l’élection présidentielle, mais se retire au profit de Petro Porochenko. L’ancien boxeur s’empare néanmoins de la mairie de Kiev, où il est réélu en 2020.
“Il est plus facile d’être champion du monde des poids lourds que maire”, affirmait-il au Guardian en 2018. “En politique, il n’y a pas de règles. On vous frappe dans le dos, sous la ceinture. C’est très dur. Et vous êtes responsable 24 heures sur 24, sept jours sur sept.”
À l’international, le boxeur-maire bénéficie d’une certaine image. En France, l’ex-ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius l’avait invité à Paris et salué un “homme singulier et réputé incorruptible”. Il ne croyait pas si bien dire : Vitali Klitschko a fait de la lutte contre la corruption le cœur de son projet politique.
“La transparence est notre principal objectif et notre principale arme contre la corruption”, disait-il encore au Guardian. Une transparence dont il fait preuve depuis l’invasion russe, en s’adressant quotidiennement aux habitants de Kiev, souvent aux côtés de son frère boxeur Wladimir, avec qui il s’est engagé auprès des troupes de réserve de l’armée, début février.
Prendre Kiev ? “Ce ne sera pas une balade”
“Je me souviens de l’Union soviétique et de la chute du rideau de fer en 1991”, racontait-il, en 2018, au Guardian. “Je n’avais que 20 ans et tout le monde rêvait de vivre dans une société démocratique moderne, dans un pays moderne”, poursuivait-il, déplorant que quinze ans plus tard, rien n’ait changé.
“Il y a un dicton que j’aime beaucoup : si tu veux qu’une chose soit bien faite, fais-la toi-même”, ajoutait Vitali Klitschko.
“Je défendrai Kiev, les armes à la main. Je m’entraîne tout le temps, je fais des formations en tant qu’ancien officier et chef de la défense territoriale. Je n’ai pas perdu mes acquis, je me perfectionne tout le temps. Je sais tirer avec presque toutes les armes.
Tout agresseur doit le savoir : ce ne sera pas une balade, cela va lui coûter cher, nous ne nous rendrons pas” – Vitali Klitschko
Lennox Lewis, Kirk Johnson, Samuel Peter, Tomasz Adamek… Autant de boxeurs ayant ployé sous la force d'”Ironfist”. Mais dix ans plus tard, c’est face à Vladimir Poutine que Vitali Klitschko combat avec acharnement pour la liberté de sa ville et de son pays.
En envoyant ses troupes encercler et bombarder la capitale ukrainienne, le président russe a appelé l’armée à “prendre le pouvoir” et renverser le président. À cela, Vitali Klitscko répond : “Tout agresseur doit le savoir : ce ne sera pas une balade, cela va lui coûter cher, nous ne nous rendrons pas.”