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Ukraine : de Maïdan à la guerre, en passant par Minsk, huit ans de tensions avec la Russie

L’opération militaire lancée par la Russie le 24 février en Ukraine a placé ce pays d’Europe de l’Est au centre des préoccupations internationales. Chronologie d’une crise dont l’origine remonte à la fin de l’année 2013 et la mobilisation place de l’Indépendance à Kiev.

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Après des années de conflit latent et une escalade des tensions entre la Russie et l’Ukraine ces derniers mois, Vladimir Poutine a lancé l’invasion de son voisin jeudi. Au quatrième jour de l’assaut, les forces russes resserrent dimanche 27 février leur étau autour de Kiev, avec des combats dans et aux abords de la capitale, tandis que les combats s’intensifient à Kharkiv, deuxième ville du pays, dans le nord-est.

Retour chronologique sur un conflit qui trouve ses racines en novembre 2013 lors du mouvement de contestation du Maïdan et qui aboutira à la destitution du président pro-russe Viktor Ianoukovitch, point de départ de l’embrasement du pays. 

  • 2013 : Euromaïdan et la rupture avec la Russie 

21 novembre : après un long rapprochement avec l’Union européenne sous la houlette de Viktor Iouchtchenko (2005-2010) initié après la révolution orange de 2004, le président pro-russe Viktor Ianoukovitch décide de tourner le dos à l’Europe. Il renonce à un accord d’association proposé par l’Union européenne, qui a notamment refusé de lui accorder un prêt de 20 milliards d’euros. L’Ukraine est divisée entre ce projet d’intégration économique européen et une proposition russe concurrente d’union douanière. Des manifestations éclatent dans le pays. 

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À revoir – Billet Retour : la place Maïdan, cinq ans après les manifestations

1er décembre : à Kiev, la contestation s’organise et s’installe place de l’Indépendance, qui donnera son nom au mouvement, “Maïdan” signifiant place. Parmi les opposants, des pro-européens comme l’ancienne première ministre Ioulia Tymochenko (alors en détention), le boxeur Vitali Klitschko mais aussi des nationalistes venant notamment du parti d’extrême droite Svoboda. Ce premier jour de décembre, des barricades sont construites sur la place et l’hôtel de ville tombe aux mains des manifestants.

Vladimir Poutine s’inquiète d’un mouvement qui ressemble plus selon lui à “un pogrom qu’une révolution” et qui “n’a que peu à voir avec la relation entre l’Ukraine et l’Union européenne”. Serguei Lavrov dénonce lui des interférences étrangères. 

17 décembre : malgré les manifestations, Ianoukovitch persiste et signe en faveur de Moscou. Poutine annonce la levée des barrières douanières entre les deux pays, une baisse du prix du gaz et un prêt de 15 milliards de dollars. 

  • 2014 : départ de Ianoukovitch, le Donbass et la Crimée au cœur de la crise 

Février 2014 : les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre deviennent meurtriers et l’Ukraine connaît son mois de violences le plus sanglant : près de 90 personnes sont tuées à Kiev entre le 18 et le 21 février, selon les autorités. 

Face à l’embrasement du pays, plusieurs partenaires occidentaux se rendent sur place et négocient une élection présidentielle anticipée.

Mais le 22 février, Viktor Ianoukovitch est destitué par le Parlement et quitte Kiev. Un gouvernement intérimaire se met en place. Vladimir Poutine dénonce un coup d’État et déclare : “La Russie se réserve le droit de recourir à toutes les options disponibles, y compris la force en dernier ressort”. 

Mars 2014 : des heurts surviennent entre militants pro et anti-russes à Simferopol, capitale de la Crimée. Avec sa base navale à Sébastopol et ses deux aéroports militaires à Kacha et Simferopol, la péninsule qui avance sur la mer Noire est un territoire stratégique pour la Russie, qui y déploie ses troupes. 

Majoritairement russophone, la Crimée n’est ukrainienne que depuis 1954.

Le 16 mars, elle vote massivement en faveur de son rattachement à la Russie lors d’un référendum qualifié d’”illégal” par les États-Unis et l’Union européenne. Le 18, Vladimir Poutine signe le projet de loi rattachant la Crimée à la Russie et Moscou reprend le contrôle des bases militaires ukrainiennes. En réponse, le Canada, les États-Unis et l’Union européenne durcissent le ton et interdisent leurs territoires à des responsables politiques russes et à leurs homologues de Crimée. 


7 avril : début de la guerre du Donbass. Les séparatistes proclament l’indépendance de la République populaire de Donetsk. Les rebelles pro russes sont soutenus et armés par Moscou, de nombreux Russes s’engageant à leurs côtés, mais officiellement la Fédération de Russie n’est pas impliquée dans le conflit. De l’autre côté, Kiev lance son opération “antiterroriste” et déploie son armée, mais aussi des milices, souvent liées à l’extrême droite voire l’ultradroite, comme Pravy Sektor. 

11 mai : deux référendums se tiennent à Donetsk et Louhansk et le “oui” à l’indépendance l’emporte massivement. L’Ukraine et les pays occidentaux ne reconnaissent pas les résultats au contraire de la Russie

25 mai : Petro Porochenko est élu président d’Ukraine au premier tour, avec 56 % des voix. Russes et occidentaux reconnaissent les résultats. Dans la foulée, il annonce travailler à un plan de paix et décrète un cessez-le-feu unilatéral le 20 juin qui ne produira que très peu d’effets dans les zones de combats.

6 juin 2014 : François Hollande, Angela Merkel, Vladimir Poutine et Petro Porochenko se rencontrent en France, en Normandie, à l’occasion du soixante-dixième anniversaire du débarquement allié. Il s’agit de la première réunion entre le président russe et son homologue ukrainien depuis l’éclatement du conflit à l’est de l’Ukraine. C’est le début du “format Normandie”, des rendez-vous quadripartites entre la France, l’Allemagne, la Russie et l’Ukraine.

Une réunion au "format Normandie" rassemblant France, Russie, Allemagne et Ukraine autour d'une table de négociations.
Une réunion au “format Normandie” rassemblant France, Russie, Allemagne et Ukraine autour d’une table de négociations. © Etienne Laurent, EPA, AFP

27 juin : l’Union européenne signe l’accord d’association économique et de libre-échange avec l’Ukraine, ainsi que la Géorgie et la Moldavie. Le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, déclare que la Russie prendrait des mesures pour protéger son économie si ce nouveau partenariat avait un impact négatif sur son activité.

5 septembre : signature d’un cessez-le-feu entre les deux camps, négocié dans la capitale biélorusse, d’où le nom de “protocole de Minsk ou “Minsk 1”. C’est un semi échec : les combats baissent en intensité mais se poursuivent.

2 novembre : les républiques populaires séparatistes tiennent à leur tour des élections présidentielles : à Donetsk, Alexandre Zakhartchenko est élu, à Louhansk, Igor Plotniski. L’Ukraine dénonce une violation des accords de Minsk, la Russie estime que ces scrutins respectent le protocole.

23 décembre : le Parlement ukrainien vote en faveur d’une adhésion à l’OTAN, au grand dam de Moscou. Sergueï Lavrov parle d’un mouvement “contre-productif’ car “il donne l’illusion qu’il permettra de résoudre la profonde crise interne que traverse l’Ukraine” et n’aboutira qu’à “exacerber le climat de confrontation”

  • 2015-2018 : l’enlisement du conflit

Février 2015 : alors que les combats et les bombardements ont repris depuis le début de l’année dans l’est du pays, les dirigeants de l’Ukraine, de la Russie, de l’Allemagne et de la France se réunissent de nouveau en Biélorussie afin d’imposer un nouveau cessez-le-feu.

En plus du cessez-le-feu, l’accord, arraché (le 12 février) au terme d’un marathon de négociations avec Vladimir Poutine, comprend des mesures telles que le retrait des armes lourdes de chaque côté, l’échange de prisonniers, la restauration des frontières de l’Ukraine ou encore le retrait des troupes étrangères. Ce “Minsk 2” dispose d’un volet politique, qui prévoit l’organisation d’élections dans le cadre ukrainien et la reconnaissance d’une certaine autonomie pour Donetsk et Lougansk.

Dans les mois et années qui suivent, le conflit est gelé. Les périodes de trêves succèdent aux combats, avec des cessez-le-feu régulièrement signés mais aussitôt enfreints.

À revoir – Focus : Ukraine : un an après les accords de Minsk, quel bilan sur le terrain ?


Les sommets se succèdent aussi : octobre 2015 à Paris, puis octobre 2016 à Berlin, entre dirigeants européens, russes et ukrainiens, sans aucune avancée concrète.

24 novembre 2017 : le “président” de la république auto-proclamée de Louhansk, Igor Plotniski, démissionne après s’être réfugié à Moscou. Il est remplacé par Leonid Pasetchnik.

31 août 2018 : à Donetsk, son homologue Alexandre Zakhartchenko, est assassiné. Un autre séparatiste, Denis Pouchiline, le remplace.

Ces deux événements sont interprétés par les analystes comme une reprise en main par Moscou.

25 novembre 2018 : trois petits navires de la Marine ukrainienne, qui tentent de passer sous le pont de Crimée, inauguré en grande pompe par la Russie la même année, sont arraisonnés par les forces russes et leurs 24 membres d’équipages arrêtés. Le lendemain, le président Porochenko décrète la loi martiale pour trente jours dans les régions russophones de l’Est.

>> À lire : Incident naval russo-ukrainien près de la Crimée : le film des événements

  • 2019 : espoirs d’une détente et accord gazier

20 mai : Volodymyr Zelensky triomphe face à Petro Porochenko et lui succède à la tête du pays. Le nouveau président est un acteur et humoriste, qui a fait campagne contre la corruption, mais aussi sur une détente vis-à-vis de la Russie. Lui-même est russophone et a fait une grande partie de sa carrière en Russie.

18 août : Emmanuel Macron rencontre Vladimir Poutine à Brégançon, une deuxième rencontre après celle dans le faste du château de Versailles en mai 2017 peu après son élection. Le président français espère bâtir “une nouvelle architecture de confiance et de sécurité en Europe”, en incluant la Russie.

7 septembre : 24 marins ukrainiens, ainsi que dix autres citoyens ukrainiens sont libérés, dont le plus célèbre d’entre eux, Oleg Sentsov, dans le cadre d’un échange de prisonniers. La Russie remettra également à l’Ukraine ses trois navires quelques mois plus tard.

1er octobre : les représentants ukrainiens et russes réunis à Minsk sous l’égide de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe parviennent à un accord sur l’organisation d’élections dans les régions séparatistes ukrainiennes du Donbass sur l’octroi à celles-ci d’un statut spécial. Des manifestations éclatent accusant le pouvoir de capitulation face à Moscou.

9 décembre : sommet à Paris au format “Normandie”. Première rencontre entre les présidents russe et ukrainien, Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky. Les parties impliquées dans le conflit s’engagent à mettre en œuvre le cessez-le-feu conclu dans le cadre des accords de Minsk avant la fin de l’année, et sur un échange de prisonniers. 

31 décembre : conclusion d’un accord gazier. Moscou et Kiev concluent un nouvel accord de cinq ans, relatif au transit du gaz russe à travers l’Ukraine. Le précédent venait à échéance à la fin de l’année. Cet accord garantit l’approvisionnement de l’Europe en gaz, qu’une précédente crise, en 2009, avait menacé. La construction du gazoduc Nord Stream 2 à travers la mer Baltique doit permettre l’exportation du gaz russe par d’autres voies.

  • 2020-2022 : du retour des tensions jusqu’à la guerre

12 juin 2020 : l’OTAN accorde à l’Ukraine le statut de partenaire bénéficiant du programme “Nouvelles opportunités”, qui permet une coopération entre les forces de l’Alliance et l’armée ukrainienne. L’OTAN assure que cela “ne préjuge pas des décisions sur l’adhésion à l’OTAN”. Mais le président Volodymyr Zelensky pousse pour qu’on lui propose un plan d’adhésion.

1er avril 2021 : Volodymyr Zelensky accuse la Russie de masser des troupes aux frontières de l’Ukraine. La Russie déclare que cette exercice est une réponse aux “provocations” ukrainiennes.


6 avril 2021 : Volodymyr Zelensky met fin à sa politique de dialogue. Il déclare ouvertement que l’adhésion de son pays à l’Otan est la seule façon de mettre un terme à la guerre du Donbass. Il se déclare également favorable à une entrée de son pays dans l’Union européenne.

Décembre 2021 : alors qu’en novembre, la Russie a mené un nouvel exercice à large échelle près de la frontière ukrainienne, les pays occidentaux craignent l’escalade. Vladimir Poutine annonce ses exigences , notamment une garantie que l’Ukraine n’adhérera jamais à l’OTAN, pour laquelle il prépare deux traités, et le retrait des forces de l’Otan des pays de l’ex-espace soviétique.

Joe Biden agite la menace de sanctions en cas d’invasion : le gazoduc Nord Stream 2, hyper stratégique pour exporter le gaz russe, pourrait être utilisé comme “levier”. L’Union européenne se tient aussi prête à sanctionner.

Janvier-février 2022 : poker-menteur. Les différents protagonistes soufflent le chaud et le froid sur les tensions alternant les propositions de compromis, les promesses de désescalade puis des virages à 180 degrés.

20 février : dans un communiqué, l’Élysée indique, le matin, que les présidents russe et américain ont accepté le principe d’un sommet Poutine-Biden… avant que le Kremlin juge cette annonce “prématurée”. Le soir, dans une allocution télévisée de plus d’une heure, Vladimir Poutine annonce finalement reconnaître l’indépendance des territoires séparatistes prorusses et ordonne à son armée d’entrer dans les territoires séparatistes dans l’est de l’Ukraine.

24 février : la guerre débute. Les forces russes entrent sur le territoire ukrainiens par plusieurs fronts.

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