Le président russe, Vladimir Poutine, a reconnu lundi l’indépendance des régions séparatistes pro-russes de l’est de l’Ukraine. Cette décision ouvre la voie à un appel à l’aide à la Russie de la part de ces territoires en tant qu’États souverains et donc l’entrée de forces russes dans ces régions.
Vladimir Poutine a décidé, lundi 21 février, de reconnaître l’indépendance des séparatistes prorusses en Ukraine, et a signé dans la foulée des accords “d’amitié et d’entraide” avec ces territoires.
“Je juge nécessaire de prendre cette décision qui était mûre depuis longtemps : immédiatement reconnaître l’indépendance de la République populaire de Donetsk et de la République populaire de Lougansk”, a dit le président russe dans une allocution télévisée.
Il a demandé au Parlement russe “d’approuver cette décision puis de ratifier les accords d’amitié et d’entraide avec les deux républiques”.
Il a signé dans la foulée les accords avec les dirigeants de ces deux territoires, parrainés depuis huit ans par la Russie dans la guerre qui les opposent à Kiev. Le contenu n’a pas été dévoilé.
Une reconnaissance russe des séparatistes vient court-circuiter le processus de paix issu des accords de Minsk de 2015, signé par la Russie et l’Ukraine, sous médiation franco-allemande, et qui visait justement un retour sous souveraineté ukrainienne de ces zones.
Cette décision ouvre la voie à un appel à l’aide à la Russie de la part de ces territoires en tant qu’États souverains et donc l’entrée de forces russes dans ces régions.
Le scénario a un précédent : en 2008, le Kremlin a reconnu l’indépendance de deux “républiques” séparatistes prorusses en Géorgie, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, après une guerre éclair contre Tbilissi, ex-république soviétique qui, comme l’Ukraine, ambitionne de rejoindre l’Otan.
Entre 169 000 et 190 000 soldats aux portes de l’Ukraine
Dans son discours long de 65 minutes, Vladimir Poutine a passé en revue l’histoire des relations russo-ukrainiennes depuis des siècles et exposé une thèse selon laquelle l’Ukraine est une nation créée de toute pièce à l’époque soviétique avec des territoires essentiellement pris à la Russie.
“L’Ukraine contemporaine a été entièrement et totalement crée par la Russie bolchévique et communiste”, a-t-il dit, lui qui a déjà écrit un long article exposant cette idée et sa théorie selon laquelle l’Ukraine et la Russie ne sont en fait qu’un pays et qu’un peuple.
Durant l’allocution, il est apparu visiblement remonté voire menaçant à l’égard des autorités ukrainiennes, accusées de s’en prendre aux Russes et russophones du pays, les accusant une fois encore d’orchestrer “un génocide qui touche quatre millions de personnes”.
Il a aussi évoqué un scénario selon lequel l’Ukraine pourrait se doter de l’arme nucléaire, car elle en a, selon lui, les capacités techniques du fait de son héritage soviétique.
Puis, le maître du Kremlin a dénoncé une fois de plus les élargissements successifs de l’Otan, que Moscou considère comme une menace.
Et selon lui, l’entrée de l’Ukraine dans l’Alliance atlantique serait “une question de temps”, aggravant encore le danger qui pèse sur la Russie, car les États-Unis pourraient déployer des armes offensives en territoire ukrainien.
Il a répété aussi ses exigences à l’égard de l’Occident : la fin de la politique d’élargissement de l’Otan, l’absence de déploiement militaire menaçant la Russie et le retrait des infrastructures militaires de l’Alliance d’Europe de l’Est. Celles-ci ont été rejetées.
“Quand le niveau de la menace croît autant, la Russie a le droit d’adopter les mesures nécessaires” pour assurer sa sécurité, a-t-il martelé.
La reconnaissance de l’indépendance des régions séparatistes pro-russes de l’est de l’Ukraine pourrait servir de prétexte à Moscou pour justifier une intervention armée.
La Russie dispose de dizaines de milliers de militaires sur le territoire biélorusse. Et les États-Unis évaluent le nombre de soldats déployés aux frontières de l’Ukraine entre 169 000 et 190 000.
Avec AFP et Reuters