Moins de trois semaines après la publication d’un rapport l’accusant d’inaction face à des violences sur mineurs, lorsqu’il était archevêque de Munich, le pape émérite Benoît XVI a demandé “pardon”, mardi 8 février, aux victimes d’agressions sexuelles commises par des clercs lorsqu’il avait des responsabilités dans l’Église.
L’ancien pape Benoît XVI a demandé “pardon” mardi pour les violences sexuelles sur mineurs commises par des clercs lorsqu’il avait des responsabilités dans l’Église, tout en assurant ne jamais avoir couvert de prêtre pédocriminel.
“Je ne peux qu’exprimer, une fois encore, à l’égard de toutes les victimes d’abus sexuels ma profonde honte, ma grande douleur et ma demande sincère de pardon”, écrit le théologien allemand de 94 ans dans une lettre en réponse à un rapport indépendant publié le 20 janvier en Allemagne et l’accusant d’inaction lorsqu’il était archevêque de Munich, de 1977 à 1982.
“J’ai eu de grandes responsabilités dans l’Église catholique. Ma douleur est d’autant plus grande pour les abus et les erreurs qui se sont produits au cours de mon mandat en différents lieux”, ajoute Joseph Ratzinger, qui a notamment été préfet de l’influente Congrégation pour la doctrine de la foi (1981-2005) avant d’être élu pape (2005-2013).
Le rapport du cabinet Westpfahl Spilker Wastl (WSW) recensant plus de 400 victimes de violences sexuelles dans l’archevêché de Munich et Freising avait sévèrement mis en cause le pape émérite, l’accusant de n’avoir rien entrepris pour écarter quatre ecclésiastiques soupçonnés de violences sexuelles sur mineurs.
Dans un document également transmis mardi par le Vatican, quatre conseillers du pape émérite réfutent les accusations du rapport de 8 000 pages qu’ils ont passées au crible pour lui. “En tant qu’archevêque, le cardinal Ratzinger n’a été impliqué dans aucun acte de dissimulation d’abus”, assurent ces quatre conseillers, évoquant des informations “inexactes” contenues dans le rapport allemand.
Fin janvier, Benoit XVI avait rectifié ses déclarations aux auteurs du texte, reconnaissant avoir participé à une réunion clé en 1980 sur un prêtre allemand soupçonné d’agressions sexuelles, Peter Hullermann, se disant “désolé pour cette erreur”, mais réfutant toute “mauvaise foi”.
“Très grande faute”
Se disant “profondément affecté par le fait que cette erreur ait été utilisée pour douter de mon honnêteté, voire pour me présenter comme un menteur”, le théologien allemand a remercié le pape François, qui ne s’est pas exprimé publiquement sur le sujet, “pour la confiance, l’appui et la prière” que celui-ci lui “a exprimés personnellement”.
Benoit XVI a cependant confessé avoir “regardé dans les yeux les conséquences d’une très grande faute”. Et, a-t-il souligné, “j’ai appris à comprendre que nous sommes nous-mêmes entraînés dans cette grande faute quand nous la négligeons ou quand nous ne l’affrontons pas avec la décision et la responsabilité nécessaires, comme il est trop souvent arrivé et qu’il arrive encore”.
“Bientôt, je serai face au juge ultime de ma vie. Bien que, regardant en arrière ma longue vie, je puisse avoir beaucoup de motifs de frayeur et de peur, mon cœur reste joyeux “, ajoute encore Benoit XVI, qui vit retiré dans un monastère au Vatican et dont l’état de santé apparaît de plus en plus fragile.
“Les mots contenus dans la lettre de Benoît XVI sont ceux d’un vieil homme impuissant, qui sent que s’approche la rencontre avec Dieu” et “qui invite toute l’Église à ressentir comme sienne la blessure sanglante des abus”, écrit Andrea Tornielli, éditorialiste du média officiel Vatican News, qui avait déjà pris la défense de l’ancien pape fin janvier.
“Benoît XVI n’a jamais cherché à dissimuler le mal dans l’Église”, a également réagi son ancien porte-parole, Federico Lombardi, voyant dans cette lettre “le résultat d’un temps profond et douloureux et d’un sincère examen de conscience”.
Après la publication du rapport, qui décompte en tout 497 victimes entre 1945 et 2019, en majorité des jeunes garçons et adolescents et 235 coupables présumés, principalement des prêtres, le Saint-Siège avait réitéré “son sentiment de honte et de remords”.
Avec AFP