Gage de stabilité, le président italien Sergio Mattarella a été réélu samedi au terme d’un marathon parlementaire.
La fin d’un long marathon parlementaire. Le président italien Sergio Mattarella a été réélu samedi 29 janvier après une semaine d’intenses débats, qui a mis au jour les profondes divisions entre les partis au gouvernement dans une période charnière pour la reprise post-Covid-19.
Fumée blanche au Quirinale, le palais présidentiel à Rome : “Habemus papam”, a lancé un sénateur après l’accord sur le nom de Mattarella alors que les partis craignaient une crise institutionnelle et politique en cas d’échec à lui trouver un successeur.
Agé de 80 ans, le président Mattarella avait dit à plusieurs reprises qu’il ne comptait pas continuer dans ses fonctions mais dans la journée, il a fait connaître aux chefs de groupes parlementaires sa volonté de se mettre “à disposition”. Un tel scénario assure la stabilité au sommet de l’État en maintenant Mario Draghi, un moment donné favori, à la tête du gouvernement, dans un pays en phase de reprise économique.
“Félicitations, cher Sergio, pour ta réélection”, a twitté le président français Emmanuel Macron. “Je sais pouvoir compter sur ton engagement pour que vive l’amitié entre nos pays, ainsi que cette Europe unie, forte et prospère que nous sommes en train de bâtir”.
Félicitations, cher Sergio, pour ta réélection. Je sais pouvoir compter sur ton engagement pour que vive l’amitié entre nos pays, ainsi que cette Europe unie, forte et prospère que nous sommes en train de bâtir. https://t.co/wR74erwFMT
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) January 29, 2022
Mario Draghi a salué dans un communiqué une “merveilleuse nouvelle pour les Italiens”.
Plébiscité, Sergio Mattarella a recueilli 759 voix sur 1 009 sénateurs, députés et responsables régionaux appelés à voter. Les élus présents dans l’hémicycle de la Chambre des députés où se tenait le dépouillement ont longuement applaudi les résultats.
Un gage de stabilité
Les partis du gouvernement de coalition de Mario Draghi ne sont pas parvenus à s’entendre sur une candidature alternative commune au cours des sept premiers tours de scrutin tenus depuis le 24 janvier et se donc tournés vers le juriste italien pour accepter de rempiler et sauver l’exécutif de l’implosion.
Si Mario Draghi, ancien chef de la Banque centrale européenne, faisait figure avant l’élection de favori, les parlementaires craignaient, avec son départ de l’exécutif, de faire exploser la coalition et de provoquer des élections anticipées avant la fin de la législature prévue en 2023.
Le départ de Mario Draghi aurait aussi fragilisé la reprise de la troisième économie de la zone euro et la mise en oeuvre des réformes nécessaires pour bénéficier des dizaines de milliards d’euros du plan européen de relance post-Covid, dont l’Italie est la première bénéficiaire.
Pour Guido Cozzi, économiste à l’université de St. Gallen, “une extension du mandat de Sergio Mattarella est idéale pour les marchés financiers”. Et avec Mario Draghi à la barre de l’exécutif, l’injection des fonds européens et les investissements planifiés sont “garantis pour une seconde année de suite”, a-t-il expliqué à l’AFP.
Selon la presse, Mario Draghi a longuement rencontré le chef de l’État samedi pour tenter de le convaincre d’accepter un nouveau mandat “pour le bien et la stabilité du pays”. Rien n’empêchait Sergio Mattarella de refuser, a indiqué à l’AFP l’expert en droit constitutionnel, Gaetano Azzariti. Et s’il est élu pour un nouveau mandat de sept ans, il peut évidemment démissionner quand il l’entend.
Un rôle important en cas de crise politique
Le poste de président est en Italie largement protocolaire, mais il a un rôle important en cas de crise politique, dans un pays dont le paysage politique est très morcelé. C’est lui en effet qui a le pouvoir de dissoudre le Parlement, de nommer le Premier ministre et il peut refuser le mandat de gouverner à des coalitions qu’il juge trop fragiles.
Né à Palerme sous Mussolini, Sergio Mattarella est une figure de la démocratie-chrétienne, formation dominante de la vie politique après-guerre face au Parti communiste italien (PCI). Il devient pour la première fois député au début des années 80 après l’assassinat par la mafia de son frère Piersanti, président de la région sicilienne.
Ce juriste de formation, député pendant 25 ans et cinq fois ministre, ne se destinait pas aux plus hautes fonctions électives. En 2008, alors ministre de la Défense, il quitte la vie politique et devient juge à la Cour constitutionnelle.
En 2011 pourtant, poussé – déjà à son corps défendant – par le chef de gouvernement de centre-gauche Matteo Renzi, il est élu à la présidence. Son mandat a été houleux, marqué par les inévitables crises de la vie politique italienne, un tremblement de terre meurtrier et la pandémie. Son second mandat ne s’ouvre pas sous de meilleurs auspices.
Avec AFP