Les parlementaires britanniques attendent avec impatience les conclusions d’un rapport interne sur le “partygate” avant de décider de déloger ou non Boris Johnson. Pourtant, selon plusieurs observateurs de la politique britannique, l’éviction du Premier ministre dépend davantage de la percée d’un rival sur le devant de la scène conservatrice.
Boris Johnson va-t-il récolter ce qu’il a semé ? S’il a jusqu’à présent échappé à un vote de défiance pour sanctionner les fêtes organisées à Downing Street pendant le confinement, le Premier ministre reste en position délicate. Bien qu’il continue à exclure toute démission, le vote de 54 députés de son camp sur 359 députés suffisent pour lancer la procédure.
Pour John Bartle, politologue et professeur à l’Université d’Essex, interrogé par France 24, le problème de Boris Johnson va au-delà du scandale du “partygate”. Le locataire du 10 Downing street a fait des déçus dans son propre camp, et ce depuis des années, estime le chercheur. “Boris Johnson a acquis la réputation, durant son mandat, d’une personne qui a une interprétation très distendue de ce qu’est ‘la vérité’. Il a trahi à plusieurs occasions des personnes qui ont travaillé avec lui, notamment dans le but de faire voter le Brexit”. Une attitude qui pourrait se retourner contre lui, alors que chaque voix compte pour faire barrage à une motion de défiance.
Alors que la police a lancé des investigations sur des “violations potentielles des règles liées au Covid-19” passibles d’amendes, les regards sont tournés vers Sue Gray. Chargée d’une enquête interne sur différentes “garden parties“, pots de départ et fête d’anniversaire impliquant le Premier ministre, cette haut-fonctionnaire doit rendre ses conclusions sous peu.
“Le rapport va être décisif”, poursuit John Bartle. Au sein de la majorité conservatrice, certains ont déjà demandé publiquement le départ de “Bojo”. D’autres frondeurs attendent la publication du rapport Gray pour décider de tenter ou non d’évincer leur leader.
“Celui qui osera faire le premier pas pourrait être le prochain Premier ministre”
D’autres observateurs de la politique britannique ne sont pas prêts à parier sur une éviction du Premier ministre. “Si le Parti conservateur pense qu’il peut remporter les prochaines élections avec Boris Johnson à sa tête alors il restera”, avance le journaliste et écrivain britannique Stephen Clarke à l’antenne de France 24.
Fin 2006, son prédécesseur travailliste Tony Blair avait été interrogé comme témoin, lors d’une enquête policière dans le cadre du scandale de nominations à la Chambre des Lords accordées à des donateurs de son parti. Aucune poursuite n’avait ensuite été déclenchée. “C’est un classique de la politique britannique, les Premiers ministres restent en place – qu’il y ait scandale ou pas scandale – tant qu’un rival ne vient pas les défier et se montrer capable d’emporter la prochaine élection”.
Pourtant, des noms circulent déjà depuis un certain temps dans la presse britannique et au sein du Parti conservateur pour remplacer Boris Johnson. Parmi les plus cités, le ministre de l’Économie, Rishi Sunak, et la ministre des Affaires étrangères, Liz Truss.
“Celui qui osera faire le premier pas pourrait être le prochain Premier ministre. C’est un jeu d’échec”, analyse Stephen Clarke, qui estime que les rivaux de Boris Johnson attendent le moment propice pour entrer dans l’arène.
Plongé dans une tourmente jamais vue depuis son accession triomphale au pouvoir à l’été 2019, la popularité de Boris Johnson est en chute libre. L’opinion publique britannique lui reproche, notamment, la gestion de la crise sanitaire qui a déjà fait 154 000 morts. Espérant rebondir, le Premier ministre a ainsi annoncé la levée des dernières restrictions liées au Covid-19.
Avec AFP