Les Taliban s’entretiennent lundi à Oslo avec des diplomates occidentaux sur l’urgence humanitaire et les droits humains dans le pays. Il s’agit de la première délégation de Taliban à se rendre en Europe depuis leur retour au pouvoir en Afghanistan.
Taliban et diplomates occidentaux se retrouvent autour de la table, lundi 24 janvier à Oslo, pour discuter de la crise humanitaire en Afghanistan et des droits humains, en particulier ceux des femmes, bafoués par le nouveau régime.
À l’occasion de la première visite en Europe des Taliban depuis leur retour au pouvoir, la délégation conduite par leur ministre des Affaires étrangères Amir Khan Muttaqi rencontre des représentants des États-Unis, de France, du Royaume-Uni, d’Allemagne, d’Italie, de l’Union européenne et de Norvège.
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Se tenant à huis clos dans l’hôtel Soria Moria, sur une colline enneigée près d’Oslo, les discussions doivent notamment porter sur l’urgence humanitaire en Afghanistan et sur les droits humains, alors que des millions d’Afghans sont menacés par la faim dans le pays privé d’aides internationales et touché par plusieurs sécheresses.
“Tout en cherchant à résoudre la crise humanitaire (…), nous poursuivrons une diplomatie lucide avec les Taliban (dictée par) notre intérêt constant pour un Afghanistan stable, respectueux des droits et inclusif”, a tweeté dimanche le représentant spécial américain, Thomas West.
Gouvernement non reconnu
Aucun État n’a pour l’instant reconnu le gouvernement des Taliban, fondamentalistes islamistes chassés du pouvoir en 2001 mais redevenus maîtres du pays en août dernier après une offensive éclair.
La Norvège a souligné que ces discussions, critiquées par des experts et une partie de la diaspora, “ne constituent pas une légitimation ni une reconnaissance”.
“Mais nous devons parler aux autorités qui dirigent de facto le pays”, a affirmé la cheffe de sa diplomatie, Anniken Huitfeldt, vendredi.
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Pour sa part, le porte-parole du gouvernement islamiste, Zabihullah Mujahid, a dit samedi à l’AFP espérer que les discussions contribueront à “changer l’atmosphère guerrière (…) en situation pacifique”.
Depuis août, l’aide internationale qui finançait environ 80 % du budget afghan s’est arrêtée et les États-Unis ont gelé 9,5 milliards de dollars d’avoirs de la Banque centrale afghane.
Le chômage a explosé et les salaires des fonctionnaires ne sont plus payés depuis des mois.
La faim menace aujourd’hui 23 millions d’Afghans, soit 55 % de la population, selon l’ONU qui a réclamé 4,4 milliards de dollars auprès des pays donateurs cette année.
La glace est rompue
La communauté internationale attend cependant de voir comment les fondamentalistes islamistes gouvernent, après avoir piétiné les droits humains lors de leur premier passage au pouvoir entre 1996 et 2001.
Malgré les promesses, les femmes sont largement exclues des emplois dans le secteur public et les écoles secondaires pour filles restent pour la plupart fermées.
Deux militantes féministes ont disparu cette semaine à Kaboul.
Dimanche, lors de la première journée de cette visite de trois jours, les talibans ont rencontré des membres de la société civile afghane, notamment des militantes féministes et des journalistes, pour des entretiens sur les droits humains.
Une des militantes féministes, Jamila Afghani, a évoqué “une réunion positive pour rompre la glace”.
“Les Taliban ont fait preuve de bonne volonté”, a-t-elle indiqué dans un message à l’AFP. “Voyons si leurs actes suivront leurs paroles.”
Les participants ont souligné “que tous les Afghans doivent travailler ensemble pour une amélioration politique, économique et sécuritaire dans le pays”, a pour sa part tweeté le porte-parole taliban, Zabihullah Mujahid, dans ce qu’il a présenté comme une “déclaration conjointe”.
Ils ont aussi reconnu que “la compréhension et la coopération conjointe sont les seules solutions à tous les problèmes de l’Afghanistan”, a-t-il précisé.
Parmi les quinze membres de la délégation – exclusivement masculine – arrivés samedi soir à bord d’un avion affrété par la Norvège, figure Anas Haqqani, un des chefs du réseau Haqqani.
Sa présence à Oslo est particulièrement critiquée sur les réseaux sociaux. Responsable de plusieurs attentats meurtriers en Afghanistan, son clan, devenu une composante majeure du nouveau régime taliban, est considéré par les États-Unis comme un groupe terroriste.
Avec AFP