Nusrat Ghani, l’ancienne vice-ministre britannique des Transports, a affirmé, dimanche, avoir été démise de ses fonctions en raison de sa foi musulmane. Une accusation qui relance les soupçons d’islamophobie qui pèsent sur le Parti conservateur de Boris Johnson.
Encore une affaire embarrassante pour Boris Johnson. L’ancienne vice-ministre britannique des Transports Nusrat Ghani a affirmé, dimanche 23 janvier, avoir été démise de ses fonctions lors d’un remaniement gouvernemental en 2020 car sa foi “musulmane” posait “un problème”, relançant des accusations d’islamophobie au sein du Parti conservateur déjà sous pression.
Nusrat Ghani, 49 ans, a affirmé au Sunday Times qu’un cadre du Parti conservateur lui avait expliqué, en février 2020, que “ses origines et sa foi” avaient été déterminantes dans son éviction du gouvernement.
“On m’a dit que lors de la réunion de remaniement à Downing Street, ma ‘foi musulmane’ avait été soulevée comme ‘un problème’, qu’une femme musulmane au gouvernement mettait mes collègues mal à l’aise et qu’on craignait que ‘je ne sois pas loyale envers le parti car je n’en faisais pas assez pour le défendre contre les allégations d’islamophobie'”, a-t-elle déclaré.
“C’était comme un coup de poing dans l’estomac. Je me suis sentie humiliée et impuissante”, a confié la députée au journal, disant ne pas en avoir parlé publiquement à l’époque car elle avait été avertie qu’elle serait “ostracisée par ses collègues” et que sa “carrière et sa réputation seraient détruites”.
Boris Johnson fragilisé
Dans une démarche inhabituelle, Mark Spencer, cadre du parti, s’est lui-même identifié comme étant la personne visée par ces propos, tout en les démentant. “Ces accusations sont totalement fausses et je les considère comme diffamatoires”, a-t-il affirmé sur Twitter.
To ensure other Whips are not drawn into this matter, I am identifying myself as the person Nusrat Ghani MP has made claims about this evening.
These accusations are completely false and I consider them to be defamatory. I have never used those words attributed to me
— Mark Spencer (@Mark_Spencer) January 22, 2022
Elles arrivent à un moment déjà difficile pour le Parti conservateur du Premier ministre, Boris Johnson, qui se trouve en ce moment sur un siège éjectable car mis en cause pour une série de fêtes à Downing Street en plein confinement.
Elles viennent aussi raviver les vieux démons des conservateurs, longtemps accusés de laisser prospérer l’islamophobie dans leurs rangs. En mai 2021, un rapport avait conclu que “le sentiment antimusulman demeurait un problème au sein du parti”, confronté à un problème d’islamophobie aux niveaux local ou individuel mais pas “institutionnel”.
“Mis au courant de ces allégations extrêmement graves”, le Premier ministre a rencontré Nusrat Ghani et “lui a ensuite écrit pour lui faire part de sa vive inquiétude et l’inviter à entamer une procédure de plainte officielle”, ce qu’elle “n’a pas fait par la suite”, a indiqué un porte-parole de Downing Street, ajoutant que “le Parti conservateur ne tolère pas les préjugés ou la discrimination de quelque nature que ce soit”.
Le ministre de l’Éducation, Nadhim Zahawi, avait, lui, appelé à “une enquête appropriée” sur Twitter, mais le ministre de la Justice, Dominic Raab, malgré des accusations qu’il a qualifiées de “très sérieuses”, a prévenu, dimanche matin, sur la BBC, qu’il n’y aurait pas d’enquête si Nusrat Ghani ne déposait pas officiellement une plainte interne.
Avec AFP