Comme en France, la majorité des pays d’Europe ont décidé de maintenir les cours en présentiel à la rentrée des vacances de Noël malgré la hausse des contaminations liées au variant Omicron.
En France, le corps enseignant ne décolère pas. Malgré la fulgurance des contaminations au Covid-19 liée au variant Omicron, élèves et enseignants ont repris le chemin des écoles le 3 janvier 2022. Mais depuis dix jours, entre fermetures de classes à répétition, identification des cas-contacts et tests à foison, les témoignages de professeurs excédés se multiplient, dénonçant “un chaos” et un protocole sanitaire “totalement inadapté”.
La majorité des pays européens ont pourtant, comme la France, fait le choix de maintenir leurs écoles ouvertes. Le son de cloche est systématiquement le même : hors de question de revivre la vaste fermeture des établissements scolaires du printemps 2020.
“L’éducation en face-à-face est une priorité absolue”, a ainsi plaidé le secrétaire d’État à l’Éducation britannique, Nadhim Zahawi, dans une lettre adressée aux enseignants le 2 janvier.
“Le gouvernement a comme priorité que l’école soit ouverte en présentiel”, a de son côté assuré lors d’une conférence de presse le chef du gouvernement italien, Mario Draghi, lundi 10 janvier.
“L’enseignement en présentiel est une question d’égalité des chances. Nous devons tout faire pour que les écoles restent ouverte”, a elle également tweeté la ministre de l’EÉducation allemande, Bettina Stark-Watzinger.
Vacances scolaires prolongées
En décembre, les Pays-Bas et la Belgique ont cependant fait figure d’exception en fermant les écoles une semaine avant la date officielle des vacances de fin d’année. De son côté, le Danemark, qui avait été l’un des premiers pays en Europe à annoncer la fermeture des écoles, collèges et lycées, dès le 11 mars 2020, a aussi décrété la fermeture des écoles trois à sept jours avant les vacances, mais les cours se sont poursuivis à distance.
Les écoliers, collégiens et lycéens des trois pays ont tous retrouvé les bancs de l’école début janvier.
Miser sur les tests
En France, le gouvernement avait déjà généralisé le port du masque pour les élèves. À la rentrée, elle a décidé de tout miser sur les tests. Les enfants à l’école primaire doivent réaliser des autotests après détection d’un cas de Covid-19 dans leur classe, mais sans s’isoler à la maison. Au collège et au lycée, lorsqu’un cas est identifié dans une classe, les élèves doivent réaliser un test antigénique, ou un PCR dès qu’ils en ont été avertis. Ils ne peuvent revenir en cours que si le résultat est négatif. Les classes ferment au bout de trois cas ou plus positifs.
Problème de ce protocole sanitaire : une multiplication des tests entraînant des queues interminables devant les pharmacies et des fermetures multiples de classe – on en dénombrait 10 000 mardi 11 janvier. Malgré un nouvel allègement des mesures, le troisième depuis la rentrée, la grogne persiste chez les enseignants. Jeudi 13 janvier, toutes les fédérations de l’Éducation nationale du public appellent ainsi à une grève nationale. Une mobilisation qui s’annonce historique et un signe du ras-le-bol généralisé de la communauté éducative.
D’autres pays ont opté pour cette stratégie de “testing”. Au Danemark, élèves et personnels doivent être testés deux fois par semaine. En Belgique, les autorités recommandent de faire passer un autotest aux élèves une fois par semaine, détaille la RTBF.
L’Allemagne et l’Autriche avaient été les pionniers en matière de tests à l’école. Ces derniers sont au centre des protocoles sanitaires depuis le printemps 2021. Et la mesure a été plutôt bien adoptée. Mais la marche à suivre est bien différente : à partir de l’école primaire, les enfants font leurs tests eux-mêmes à l’école, avec leur enseignant. Ce n’est que si le résultat est positif qu’un test antigénique puis un test PCR sont effectués. Les deux pays ont aussi généralisé les tests salivaires à l’école, encore absents en France car jugés trop coûteux.
En Italie, un protocole sanitaire complexe
En Italie, c’est une rentrée sous tension qui a eu lieu lundi 10 janvier. Comme la France, le pays doit faire face aux absences massives de professeurs. Selon le ministre de l’Éducation italien, environ 6 % du personnel manquent déjà à l’appel, car ils étaient positifs ou cas contact.
Dans une tribune relayée par le quotidien Corriere della Sera, plus de 2 000 directeurs d’établissement appelaient ainsi à décaler la rentrée. “Nous ne savons pas comment nous pourrons accueillir et surveiller les enfants. Plutôt que d’affronter une situation qui provoquera une interruption des cours et une inefficacité dans la formation, il serait préférable de suspendre les cours en présentiel pour deux semaines”, écrivaient-ils.
Le gouvernement de Mario Draghi a par ailleurs opté pour un protocole sanitaire particulièrement complexe. En maternelle, si un élève est positif au Covid-19, cela entraîne immédiatement la fermeture de sa classe. En revanche, en primaire, si un élève est positif, la classe ne ferme pas, mais il y a un dépistage massif de l’ensemble des élèves. Au collège et au lycée, les cours sont maintenus en présentiel jusqu’à deux cas de Covid-19 dans la classe, mais les élèves doivent porter un masque FFP2. L’enseignement passe à distance au bout du troisième cas.
Des capteurs de CO2 au Royaume-Uni
Au Royaume-Uni, alors que le mois de janvier 2021 avait été marqué par un nouveau confinement, cette fois-ci, les élèves sont de retour à l’école. Ils doivent désormais porter le masque et effectuer un test deux fois par semaine.
Alors que le pays fait lui aussi face à un manque de personnel, le secrétaire d’État à l’Éducation, Nadhim Zahawi, a par ailleurs demandé aux professeurs ayant quitté la profession ou aux retraités de reprendre du service pour remplacer les nombreux malades. Il a aussi promis quelque 300 000 capteurs de dioxyde de carbone et de 7 000 purificateurs d’air dans les écoles pour mieux ventiler les salles.
Mais outre-Manche aussi, le corps enseignant gronde : dans une lettre adressée au Premier ministre, Boris Johnson, plusieurs syndicats réclament plus de moyens pour lutter efficacement contre le virus, jugeant ces mesures insuffisantes.
Face à cette pagaille, tous les gouvernements s’accordent cependant sur un point : il est nécessaire d’accélérer la vaccination des enfants, considérée comme l’un des meilleurs outils pour garantir la pérennité de l’éducation.