L’association française d’aide aux exilés Utopia 56 a annoncé, lundi, avoir porté plainte contre des représentants des autorités françaises et Britanniques après le naufrage ayant coûté la vie à 27 migrants fin novembre.
L’ONG française Utopia 56 a annoncé, lundi 20 décembre, avoir engagé une action en justice contre plusieurs responsables français et britanniques, qu’elle accuse de ne pas avoir répondu aux appels de détresse lancés par des migrants, dont le bateau gonflable a coulé dans la Manche le 24 novembre.
Le naufrage, qui a fait 27 morts, est la pire catastrophe de ce type depuis que les migrants ont commencé à entreprendre de telles traversées pour demander l’asile ou rejoindre leurs familles au Royaume-Uni.
La plainte d’Utopia 56 vise le préfet de la région maritime de la Manche, Philippe Dutrieux, ainsi que le directeur du Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) Gris-Nez, Marc Bonnafous, et son homologue des services de secours maritimes britanniques, Claire Hughes.
Il s’agit d’une plainte pour “homicide et blessures involontaires”, “aide à l’entrée et au séjour irréguliers en bande organisée”, et “association de malfaiteurs”, révélée par Le Monde et que l’AFP a pu consulter, déposée vendredi auprès de la procureure de Paris.
Des “appels de détresse” en vain
“Selon les témoignages des deux personnes rescapées, de proches de personnes décédées et de personnes ayant réussi la traversée le même jour, ‘des appels de détresse auraient été portés aux services de secours français et anglais’ avant la découverte des corps par un bateau de pêche”, a expliqué dans un communiqué Utopia 56. “Aucun secours ne leur aurait été immédiatement apporté”, dénonce l’association.
Mi-décembre, la préfecture maritime de la Manche avait exclu qu’un appel des migrants n’ait pas été traité par les secours en mer. Contactée lundi par l’AFP, elle s’est refusée à tout nouveau commentaire. “Les conclusions du parquet de Paris établiront les faits”, a affirmé une porte-parole.
Cette dernière souligne qu'”en parallèle, la chaîne de sauvetage continue de faire face à plusieurs tentatives de traversées, avec notamment ce week-end, 24 personnes récupérées in extremis dans l’eau”.
Les corps de 27 migrants – dix-huit hommes, sept femmes, un adolescent de 16 ans et une enfant de 7 ans, en majorité des Kurdes irakiens – avaient été repêchés le 24 novembre dans la Manche.
Deux hommes seulement, un Kurde irakien et un Soudanais, selon le ministère de l’Intérieur, ont pu être secourus. D’après le rescapé kurde irakien, 33 personnes se trouvaient à bord. Selon lui, les migrants avaient téléphoné aux secours français et britanniques.
Une enquête en France
Les secours n’avaient pas été déclenchés, français et anglais se renvoyant la responsabilité, avait-il assuré. Ses propos ont été confirmés par le second rescapé, précise la plainte. Utopia 56 dénonce dans cette plainte “des négligences des services de secours en mer français et britanniques” que l’association constate “régulièrement”.
Elle souhaite qu’avec cette procédure “toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce naufrage”. Et déplore que l’enquête ouverte en France paraisse “se concentrer essentiellement sur le rôle des passeurs”, tandis que le Royaume-Uni semble n’avoir lancé aucune investigation.
“C’est indispensable et nécessaire de poursuivre ceux qui font commerce de la vie humaine”, mais “on doit aussi s’intéresser nécessairement aux conditions de ce naufrage”, a dit à l’AFP Emmanuel Daoud, avocat de l’association.
L’enquête a été confiée vendredi à des juges d’instruction.
De janvier au 25 novembre 2021, la préfecture maritime a comptabilisé 1 281 événements liés à des traversées maritimes vers le Royaume-Uni impliquant 33 083 personnes. Les autorités françaises ont secouru 8 284 naufragés.
Avec AFP et Reuters