Alors que des migrants sont instrumentalisés par les dirigeants biélorusse et russe à la frontière de l’Europe, Bernard Guetta, Député européen du groupe Renew et vice-présidente de la Commission des Libertés civiles, nous donne son point de vue sur l’aspect géopolitique de cette manoeuvre. Il revient également sur le traitement infligé par les autorités géorgiennes à l’ancien président Mikheil Saakachvili et à la place que doit tenir l’Europe sur l’échiquier international sur les questions de droits humains.
Passe d’armes géopolitique à la frontière Europe-Biélorussie
Bernard Guetta dénonce un “trafic d’êtres humains” à la frontière de l’Europe avec la Biélorussie. il s’agit selon lui d’“une provocation politique organisée par monsieur Poutine et son protégé monsieur Loukachenko, visant à désunir l’UE”. Mais il est souligne la réaction des 27 qui “ont parfaitement compris qu’il ne s’agissait pas d’une crise migratoire, mais d’une provocation politique face à laquelle il fallait rester unis”, raison pour laquelle “rétropédale et demande à Alexandre Loukachenko, qui n’était que son instrument dans cette affaire, de rétropédaler avec lui.”
Bernard Guetta soutient les différentes vagues de sanctions contre Alexander Loukachenko, car “elles signifient que l’Union européenne ne reconnait pas son élection frauduleuse ne le considère pas comme un président légitime de son pays.” “On lui parle, puisqu’il est une autorité de fait. Mais est-ce qu’on le reconnaît, est-ce qu’on lève les sanctions ? Non.”
Poids politique de l’UE
“l’Union européenne est en train de s’affirmer comme une puissance politique” affirme Bernad Guetta, qui nuance “ça ne se fera pas en 3 ans, c’est un processus long, mais l’état d’esprit à totalement changé dans les 27 capitales de l’Union et dans les institutions européennes.” Il explique cela par “la menace russe, ou en tout cas poutinienne, qui s’est précisée, le défi économique, politique et militaire de la Chine qui s’est affirmé, et les Américains qui ont confirmé leur désengagement progressif du théâtre européen”. Les ministres de la défense et des Affaire étrangères de Etats membres ont donc adopté unanimement une “boussole stratégique pour dire qu’il nous faut travailler à une défense commune et à une politique étrangère commune, puisqu’il n’y a pas de défense sans politique étrangère”.
Nord Stream 2
Pour Bernard Guetta, la grande question autour de Nord Stream 2 c’est : “est-ce qu’on le met en fonction ou pas ? ” car il craint que l’Europe “se mette dans la main de la Russie” si elle dépend des livraison de gaz par ce gazoduc. Cela dit, cela pourrait constituer un levier pour l’Europe car “la Russie a un besoin phénoménal pour son économie, pour ses exportations, pour ses rentrées de devises, d’avoir un client. Et ce client c’est l’UE. Il n’y en a pas d’autre.” “C’est vraiment je te tiens tu me tiens par la barbichette.”
Mikheil Saakachvili
Inquiet de l’état de santé de Mikheil Saakachvili, il faut selon lui qu’il puisse “être transféré dans un hôpital civil, où il sera soigné par les médecins de son choix”. Bernard Guetta a d’ailleurs signé une lettre demandant à la présidente de la Commission européenne “pour lui demander d’agie en ce sens” auprès des autorités géorgiennes car “c’est vraiment une question de vie ou de mort et il n’y a aucune raison que l’ancien président Saakachvili soit condamné à mort.” Il souligne que Mikheil Saakachvili est “un homme de coups de sang, d’impulsions, de pied dans la porte et il est en train de le payer. Mais le châtiment est vraiment beaucoup trop sévère et totalement inadmissible”.
L’UE et les anciennes Républiques soviétiques
Depuis la chute de l’URSS, certaines anciennes Républiques soviétiques ont exprimé leur volonté d’intégrer l’Union européenne. Mais les rapports entre l’UE et ces Etats limitrophes ne sont pas sereins. Selon Bernard Guetta, “l’Union européenne a des torts. La Russie en a de bien plus grands, mais l’UE a des torts parce qu’elle ne dit pas les choses. (…) Si nous ne souhaitons pas que ces pays puissent intégrer l’UE il faut le dire et en tirer des conséquences politiques ; si nous le souhaitons, il faut le dire et en tirer des conséquences politiques, on ne peut pas rester dans ce flou, parce que ce flou profite à la Russie qui tente d’accroître sa pression politique sur ces pays”.
Emission préparée par Isabelle Romero, Georgina Robertson, Perrine Desplats et Céline Schmitt
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