Le ministre biélorusse des Affaires étrangères, Vladimir Makei, a affirmé, dimanche, au chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, que toute sanction contre Minsk serait “contre-productive”. Bruxelles, qui tient la Biélorussie responsable de la crise migratoire en cours aux portes de l’UE, doit décider lundi de l’élargissement des sanctions contre le régime.
C’était une conversation très attendue. Le chef de la diplomatie européenne et le ministre biélorusse des Affaires étrangères se sont entretenus, dimanche 14 novembre, sur la crise migratoire, au moment où l’Union européenne prépare de nouvelles sanctions radicales visant le régime de Minsk.
Josep Borrell a indiqué qu’il a discuté au téléphone avec le ministre biélorusse Vladimir Makei de “la situation humanitaire précaire” à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, qui est la frontière orientale de l’UE.
“La situation actuelle est inacceptable et doit cesser. Les gens ne doivent pas être utilisés comme armes”, a déclaré Josep Borrell dans un tweet.
Spoke to #Belarus Foreign Minister Makei to raise the precarious humanitarian situation at the border with the EU. Peoples lives must be protected and humanitarian agencies allowed access.
The current situation is unacceptable and must stop. People should not be used as weapons.
— Josep Borrell Fontelles (@JosepBorrellF) November 14, 2021
Dans la déclaration biélorusse au sujet de cette conversation, Vladimir Makei a insisté que toute sanction serait “sans espoir” et “contre-productive”.
Des milliers de migrants du Moyen-Orient campent à la frontière entre l’UE et la Biélorussie. Cette situation est une source d’impasse dans les relations entre l’UE et les États-Unis d’un côté, et de l’autre la Biélorussie soutenue par son alliée la Russie.
La Russie se met en retrait
Les Occidentaux accusent le régime du président biélorusse Alexandre Loukachenko d’avoir délibérément orchestré la crise en encourageant les migrants à venir dans le pays, puis en les acheminant à la frontière. Mais Minsk rejette les accusations et accuse l’Occident, à son tour.
Le président russe Vladimir Poutine a également rejeté les accusations d’implication dans la crise et exhorté l’UE à s’adresser directement à Minsk.
Dimanche matin, la Pologne a indiqué avoir arrêté des dizaines de migrants venus de la Biélorussie. Varsovie a mis en garde contre une possible tentative de passage forcé de plus grande envergure.
La police a indiqué sur Twitter que 50 migrants ont traversé samedi la limite fortement gardée de l’UE et de l’Otan, près du village de Starzyna. Selon les organisations humanitaires, au moins 10 migrants sont morts jusqu’à présent.
Les ONG décrivent une crise humanitaire en cours par des températures qui chutent en dessous de zéro, et appellent à une désescalade pour aider les migrants.
Le plus grand campement de migrants, près du village biélorusse de Brouzgi, rassemble, selon les autorités, environ 2 000 personnes, dont des femmes enceintes et des enfants.
Les autorités biélorusses leur ont fourni de l’aide, des tentes et des radiateurs, mesure qui pourrait présager une présence semi-permanente à la frontière. Varsovie refuse de laisser les migrants passer et accuse la Biélorussie de les empêcher de retourner chez eux.
Le ministre polonais de l’Intérieur Mariusz Kaminski a signalé samedi une rumeur circulant parmi les migrants, selon laquelle la Pologne leur permettrait lundi de passer et que des autocars viendraient d’Allemagne pour les récupérer.
Le gouvernement a envoyé un texto à tous les téléphones portables étrangers le long de la frontière, en dénonçant “un mensonge total et un non-sens !” “Ceux qui répandent de telles rumeurs cherchent à encourager les migrants à prendre la frontière d’assaut”, prévient ce texte.
Bruxelles veut s’attaquer à “tous ceux qui participent au trafic de migrants”
Les ministres des Affaires étrangères de l’UE doivent se réunir lundi pour élargir les sanctions imposées à la Biélorussie suite à sa répression contre les opposants au régime Loukachenko, qui dirige le pays depuis près de 30 ans.
Josep Borrell a déclaré que les ministres autoriseraient des sanctions contre “tous ceux qui participent au trafic de migrants vers la Biélorussie”, y compris les compagnies aériennes, les agences de voyages et les fonctionnaires.
“Loukachenko s’est trompé. Il croyait qu’en ripostant de cette façon il allait nous tordre le bras et faire annuler les sanctions. C’est tout le contraire qui se produit”, a déclaré Josep Borrell au Journal du Dimanche.
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Selon le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, parmi les mesures envisagées figure aussi “la fermeture complète de la frontière, pour couper le régime des avantages économiques”.
Dans une interview à l’agence PAP, Mateusz Morawiecki a estimé par ailleurs que “toute la communauté (européenne) devrait contribuer” à la construction d’un mur à la frontière polono-biélorusse.
Suite aux pressions des diplomates européens, la Turquie a désormais interdit aux Irakiens, aux Syriens et aux Yéménites de se rendre à la Biélorussie. La compagnie aérienne syrienne privée Cham Wings Airlines a également interrompu ses vols vers Minsk.
Avec AFP