Le jeune rappeur suédois de 19 ans, Einar, est mort après avoir été victime d’une fusillade, dans la nuit de jeudi à vendredi, dans la capitale Stockholm, laissant les habitants sous le choc.
Il faisait pourtant l’objet de mesures de protection. Einar, un rappeur suédois de 19 ans, une des stars locales du hip-hop, a été tué par balles, dans la nuit du jeudi 21 au vendredi 22 octobre, à Stockholm, en Suède, suscitant l’émoi dans le pays scandinave confronté à une multiplication des règlements de comptes armés.
Le crime intervient après une série d’agressions, d’enlèvements et d’affaires criminelles ces dernières années qui illustrent la violence croissante sur la petite scène du “gangsta rap” suédois, lui-même parfois lié à une nébuleuse de bandes criminelles.
De son vrai nom Nils Kurt Erik Einar Grönberg, le jeune homme, déjà victime d’un enlèvement violent en 2020, a été touché par plusieurs balles au pied d’un immeuble dans le quartier résidentiel de Hammarby Sjöstad.
Retrouvé grièvement blessé, il y est mort peu après l’arrivée des secours vers 23h00 (21h00 GMT), dans ce quartier prisé et habituellement calme, proche du centre de la capitale, a indiqué à l’AFP Towe Hägg, une porte-parole de la police de Stockholm.
Une enquête a été ouverte pour meurtre et la police interroge des témoins pour identifier un ou des suspects.
Un artiste à succès
Rappant en suédois, Einar avait été l’artiste le plus écouté sur Spotify en Suède en 2019, année où il avait percé avec les titres “Katten i trakten” (“Le chat dans le secteur”) et “Nu vi skiner” (“Maintenant que nous brillons”).
Mais le succès était allé avec de vives rivalités et des conflits avec d’autres stars locales.
“Je comprends qu’il représentait beaucoup pour pas mal de jeunes. C’est tragique qu’une vie de plus ait été perdue”, a déclaré, depuis Bruxelles, le Premier ministre Stefan Löfven.
Des milliers de fans et d’amis du rappeur ont pris d’assaut les réseaux sociaux pour exprimer leur chagrin.
“Einar était un vrai frère pour moi et il va tellement me manquer. Nous venons de sortir notre premier disque la semaine dernière”, a écrit le producteur Trobi dans un commentaire sur Instagram.
“Le Nisse (diminutif de Nils) que j’ai eu l’honneur de connaître était un gars chaleureux et aimant et c’est ainsi que je me souviendrai de toi pour toujours”, a témoigné sur ses réseaux le chanteur Victor Leksell.
Mesures de protection
Beaucoup des chansons du jeune artiste, qui avait reçu de nombreuses récompenses, faisaient référence à une vie de délinquance, évoquant la drogue et les armes.
Le jeune rappeur était en conflit ouvert avec une autre star locale du rap, son rival Yasin. Ce dernier avait été condamné en juillet à dix mois de prison pour un projet manqué d’enlèvement d’Einar en 2020.
Si ce projet de kidnapping avait échoué, Einar avait bel et bien été enlevé quelques semaines plus tard, sans que Yasin soit cette fois impliqué.
Un autre rappeur, Haval Khalil, avait été condamné à deux ans et demi de prison dans cette affaire, pour complicité d’enlèvement et de vol. L’affaire est actuellement examinée en appel.
En première instance, Einar avait été appelé à assister au procès en qualité de requérant, mais ne s’était volontairement jamais présenté, a déclaré à l’AFP son avocat Rodney Humphreys. Il avait de nouveau été appelé à témoigner la semaine prochaine.
L’artiste avait lui-même été soupçonné d’être impliqué dans une agression au couteau dans un restaurant du centre de Stockholm il y a quelques jours, selon les médias suédois.
Affaires criminelles en hausse
En 2019, un autre rappeur suédois, le moins connu Rozh Shamal, avait déjà été tué dans une banlieue de Stockholm.
Ces dernières années, la Suède, réputée pour être un pays paisible, est confrontée à une vague de règlements de comptes et de fusillades mortelles attribuée à des bandes mafieuses.
Au 15 octobre, 40 personnes ont péri cette année dans 273 fusillades dans le royaume de 10,3 millions d’habitants, selon la police.
Vendredi, plusieurs responsables politiques ont appelé à l’action face à la situation.
“Nous sommes nombreux à être en deuil, à en avoir assez de cette violence insensée et à vouloir lutter contre la criminalité des gangs”, a dénoncé, sur Twitter, la cheffe du Centre, Annie Lööf, tandis que la responsable du Parti de gauche, Nooshi Dadgostar, a plaidé pour “un leadership politique qui reprenne le contrôle”.
Avec AFP