Les autorités turques ont convoqué les ambassadeurs de dix pays, dont les États-Unis, l’Allemagne et la France, à la suite d’un communiqué demandant la libération du philanthrope Osman Kavala, a rapporté, mardi, l’agence de presse officielle Anatolie. L’opposant est emprisonné sans jugement depuis octobre 2017.
Le ministère turc des Affaires étrangères a convoqué, mardi 19 octobre, les ambassadeurs de dix pays dont la France, l’Allemagne et les Etats-Unis, en réponse à un appel lancé par ces États pour la libération de l’opposant Osman Kavala, selon l’agence de presse du gouvernement turc, Anatolie.
Dans un communiqué publié lundi soir, le Canada, la France, la Finlande, le Danemark, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, la Suède et les États-Unis avaient appelé à un “règlement juste et rapide de l’affaire” Osman Kavala, éditeur et mécène turc devenu une bête noire du régime, emprisonné depuis quatre ans sans jugement.
“Le retard persistant [pris par] son procès (…) jette une ombre sur le respect de la démocratie, de l’État de droit et de la transparence du système judiciaire turc”, ont écrit les 10 pays. “La République de Turquie est un État de droit démocratique. Il est inacceptable que des ambassadeurs fassent des recommandations et des suggestions à la magistrature dans le cadre d’une affaire en cours”, a réagi sur Twitter le ministre turc de l’Intérieur, Süleyman Soylu.
L’homme d’affaires et philanthrope Osman Kavala est emprisonné sans jugement depuis octobre 2017.
“Entretenir la fiction d’un complot”
Cet opposant de 64 ans, figure majeure de la société civile, est accusé, depuis 2013, par le régime du président Erdogan de chercher à déstabiliser la Turquie. Il est notamment en ligne de mire pour avoir soutenu les manifestations antigouvernementales connues sous le nom de mouvement de Gezi ayant visé Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre. Puis il a été accusé d’avoir cherché à “renverser le gouvernement” au moment de la tentative de coup d’État de 2016.
Le Conseil de l’Europe a récemment menacé Ankara de sanctions, qui pourront être adoptées lors de sa prochaine session (30 novembre au 2 décembre) si l’opposant n’est pas libéré d’ici là. En décembre 2019, la Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH) avait déjà ordonné sa “libération immédiate” – en vain. L’opposant restera au moins jusqu’au 26 novembre en prison, a décidé, début octobre, un tribunal d’Istanbul, faisant fi des mises en garde européennes.
Après quatre années de prison sans condamnation, Osman Kavala a estimé, la semaine dernière, dans un entretien exclusif à l’AFP, que sa détention permet au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan de justifier ses “thèses complotistes” : “Pour moi, la vraie raison de ma détention prolongée répond au besoin du gouvernement d’entretenir la fiction d’un complot”, a-t-il déclaré depuis sa cellule via son avocat.
Avec AFP