Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté, jeudi, en Géorgie, pour réclamer la libération de l’ex-président Mikheïl Saakachvili, incarcéré depuis son retour d’exil début octobre et en grève de la faim.
Ils réclament la libération de leur ancien président. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté, jeudi 14 octobre, en Géorgie, pour réclamer la libération de l’ex-président Mikheïl Saakachvili, incarcéré depuis son retour d’exil début octobre et en grève de la faim. Ce pays du Caucase connaît une profonde crise politique depuis des élections législatives controversées en octobre 2020.
Selon une estimation d’un correspondant de l’AFP, au moins 50 000 personnes s’étaient rassemblées sur la Place de la Liberté, dans le centre de la capitale Tbilissi, scandant le nom de Mikheïl Saakachvili et agitant des drapeaux de la Géorgie.
Dans un message lu aux manifestants par son avocat, Mikheïl Saakachvili a appelé à faire de son pays “un phare de la démocratie” et à “sauver la Géorgie grâce à l’unité et la réconciliation nationales”.
Président de la Géorgie entre 2004 et 2013, Mikheïl Saakachvili, 53 ans, a été arrêté le 1er octobre à son retour d’un exil de huit ans afin de purger une peine de six ans de prison pour “abus de pouvoir”.
Grève de la faim
Le flamboyant ex-président, désormais chef de file de l’opposition, rejette cette condamnation qu’il juge politique et dit avoir commencé une grève de la faim pour protester contre son incarcération. Des médecins ont exprimé leur préoccupation au sujet de son état de santé.
Son emprisonnement s’inscrit dans le cadre de la crise politique qui secoue la Géorgie depuis les dernières législatives, remportées de peu par le parti au pouvoir, Rêve géorgien, fondé par le milliardaire Bidzina Ivanichvili, le grand rival de Mikheïl Saakachvili.
“Libérez Saakachvili !”, “Non à la persécution politique !”, pouvait-on lire sur les banderoles brandies par les manifestants à Tbilissi, qui étaient également munis de portraits de l’ex-chef de l’État.
Tout au long de la journée, des véhicules formant des convois avaient acheminé à Tbilissi les manifestants qui se sont réunis à l’appel de Mikheïl Saakachvili et de ses soutiens, selon les images diffusées par des chaînes de télévision.
L’ancien président, une personnalité charismatique autant adulée que critiquée, était rentré secrètement en Géorgie début octobre, à la veille d’élections municipales cruciales pour le pouvoir.
Le scrutin a finalement été remporté par le parti au pouvoir avec 46,7 % des voix, contre 30,6 % au Mouvement national uni (MNU) de Mikheïl Saakachvili. Les divers partis d’opposition ont cependant rassemblé ensemble 53 % des voix et dénoncé des fraudes massives.
“Purger toute sa peine”
Dans les principales villes, dont Tbilissi, des seconds tours auront lieu le 30 octobre entre des candidats du pouvoir et du MNU.
Signe de l’inquiétude suscitée par l’arrestation de Mikheïl Saakachvili, les États-Unis avaient appelé, la semaine dernière, Tbilissi à s’assurer que l’opposant “bénéficie d’un traitement équitable, conformément au droit géorgien et aux engagements internationaux de la Géorgie en matière de droits humains”.
Mikheïl Saakachvili a été déchu de sa nationalité géorgienne et possède un passeport ukrainien depuis 2016. Avant de regagner son pays natal, il a vécu plusieurs années en Ukraine où il s’est vu confier des fonctions officielles.
La semaine dernière, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait réclamé que Mikheïl Saakachvili puisse retourner en Ukraine.
Mais le gouvernement géorgien a jusqu’à présent affiché sa fermeté à cet égard.
Le Premier ministre, Irakli Garibachvili, a ainsi lâché la semaine dernière : “personne sur Terre n’est en mesure de nous convaincre de libérer Saakachvili”, qui va “purger toute sa peine”.
Il a en outre prévenu que Mikheïl Saakachvili pouvait aller au-devant de nouveaux ennuis judiciaires. “Il a intérêt à bien se tenir (en prison), sinon nous enclencherons de nouvelles poursuites”, a averti le Premier ministre.
Avec AFP