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José Manuel Albares : “Le partenariat stratégique de l’Europe avec le Sud doit continuer !”

Le ministre espagnol des Affaires étrangères et européennes, José Manuel Albares, a pris ses fonctions en juillet avec la lourde tâche de rétablir les relations avec le royaume du Maroc, qui se sont récemment dégradées. Autre dossier dans son portefeuille, la hausse des prix de l’énergie qui touche fortement l’Espagne. Il parle également de l’autonomie stratégique de l’Union européenne qui doit, selon lui, aller “bien au-delà de la défense”, ainsi que du cas de Carles Puigdemont et de la “réconciliation des deux Catalognes”.

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Pandémie et plan de relance

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Avec 80 % de sa population entièrement vaccinée, l’Espagne est l’un des meilleurs élèves de l’Europe. Mais pour ce qui est du plan de relance de l’Union européenne, 140 milliards d’euros, le gouvernement socialiste Sanchez est accusé d’avoir injecté très peu d’aides directes, 100 000 entreprises ayant mis la clé sous la porte. José Manuel Albares estime avoir “investi massivement, autant auprès des grandes entreprises qu’auprès des PME, ainsi que pour protéger l’emploi”. Le nouveau budget permettra de “faire face aux prochaines années avec solidité”, et ce jusqu’aux élections de 2023, pour lesquelles Pedro Sanchez remet son mandat en jeu. Mais le ministre des Affaires étrangères reste “sûr que la détermination du gouvernement face au Covid-19, la réussite de la vaccination et le fait d’avoir soutenu une approche européenne pour le plan de relance va payer au moment des élections”.

Flambée des prix de l’énergie 

Particulièrement touchée, l’Espagne doit “rester au plus près des besoins de nos citoyens”, selon José Manuel Albares. “C’est pourquoi nous demandons des achats groupés au niveau européen. C’est un défi européen, donc rien de plus normal que la réponse soit européenne”. Cette proposition a été très bien accueillie en Europe, “y compris par la présidente de la Commission”.

Maroc-Espagne

José Manuel Albares a pris ses fonctions en juillet dernier après que la précédente ministre a été mise en cause, limogée et maintenant poursuivie pour avoir facilité l’entrée en Espagne du leader séparatiste sahraoui et secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, sous une fausse identité. “Le gouvernement agit toujours en toute légalité et j’ai pleine confiance que cela a été le cas cette fois aussi”, affirme le ministre. L’Espagne “a une relation très étroite avec le Maroc et le Roi l’a confirmée lors de son discours du 21 août. Les deux pays souhaitent une relation de confiance, marquée par le respect mutuel, et ils sont ‘sur la bonne voie’ pour la rétablir”. Et ce malgré la décision de la Cour européenne de justice qui annule les accords de pêche avec le Maroc en soutenant de facto le Front Polisario : “Le gouvernement espagnol défendra les intérêts de ses pêcheurs. Mais il est important que le partenariat stratégique de bon voisinage, de voisinage sud entre le Maroc et l’Europe continue”.

Pacte migratoire

La question migratoire vient également s’insinuer dans les relations entre l’Espagne et le Maroc, alors que 700 migrants ont récemment tenté de franchir la clôture marquant la frontière entre l’enclave espagnole de Melilla et le Maroc. Mais les migrants arrivent également sur le sol espagnol par d’autres chemins, comme les Îles Canaries ou les Baléares et l’Espagne occidentale. 

En tant qu’État de frontières extérieures de l’UE, l’Espagne est “confrontée aux phénomènes migratoires et est toujours prête à avoir sa part de solidarité”. José Manuel Albares souligne la “coopération étroite et exemplaire avec le Maroc en matière d’immigration illégale, ce qui est fondamental”. Mais il tient à “faire la distinction entre l’immigration irrégulière, les gens qui ont une vocation à rester sur notre sol, et ceux qui demandent refuge et asile sur nos terres, et auxquels il faut dire oui, comme par exemple les collaborateurs afghans du service extérieur de l’Union européenne, qui ont été accueillis par l’Espagne”. Il s’agit d’un “défi européen, et la réponse doit être européenne. Or ce n’est actuellement pas le cas”, car “certains bloquent encore le Pacte migratoire”, regrette-t-il. Mais “ceux qui pensent qu’ils peuvent s’isoler se trompent”.

Carles Puigdemont

Carles Puigdemont, et d’autres indépendantistes catalans attendent des décisions européennes sur leur immunité. José Manuel Albares “se garde toujours de commenter les décisions car le gouvernement espagnol respecte toutes les décisions de justice, qu’elles lui plaisent ou non”. L’important pour lui, est que l’Espagne est actuellement centrée sur “l’agenda de la rencontre, et d’un rapprochement des deux Catalognes, qui jusque-là se regardaient et se tournaient le dos, qui est en train de s’opérer”. Car le gouvernement Sanchez a par ailleurs accordé en juin une grâce à 9 dirigeants séparatistes condamnés à la prison pour leur rôle dans la tentative de sécession de 2017.

Défense européenne

Parmi les gros dossiers qui vont occuper la présidence française de l’Union européenne au premier semestre 2022, l’assouplissement du Pacte de stabilité à long terme, que Madrid soutient : “Qu’il y ait des mesures exceptionnelles pour des temps exceptionnels, c’est une obligation”, estime le ministre des Affaires étrangères. Même s’il assure que l’Espagne et la France arrivent “très facilement à des accords sur des sujets européens”, il nuance : “Qu’il y ait des mesures fiscales, qui vont être adaptées aux défis de notre génération, bien sûr. Par contre, l’Espagne restera toujours bien évidemment à l’intérieur du cadre économique européen pour être sûr qu’on reste compétitif”.

Après le revers de l’affaire des sous-marins australiens, se pose la question d’une Europe de la défense et en filigrane l’autonomie stratégique de l’Union. Vieux serpent de mer européen, Emmanuel Macron veut s’en saisir lors de sa présidence française. Le ministre espagnol des Affaires étrangères “comprend la déception française” et réaffirme “sa solidarité”. Mais selon lui, “cela renvoie à une question plus large : quelle est la place de l’Europe ?”. Il faut que l’Europe prenne en main son destin. La nécessité d’une l’autonomie stratégique est évidente, et va bien au-delà de la défense. Mais cela ne veut pas dire exclure les États-Unis : “Bâtissons l’Europe, y compris l’autonomie stratégique et ayons un dialogue de très haut niveau avec les États-Unis parce que c’est notre allié naturel”, résume-il.

Émission préparée par Isabelle Romero, Perrine Desplats, Yi Song et Céline Schmitt.

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