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Le caricaturiste Lars Vilks, menacé de mort, est décédé dans un accident de voiture

L’artiste suédois Lars Vilks est décédé dimanche, avec deux policiers qui assuraient sa protection, lors d’un accident de la route. Menacé de mort pour une caricature de Mahomet, il vivait sous protection policière depuis de nombreuses années.

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Le caricaturiste suédois Lars Vilks, militant de la liberté artistique menacé de mort depuis des années, est décédé, dimanche 3 octobre, dans un accident de voiture qui a également coûté la vie à ses deux gardes du corps. Sorti indemne en février 2015 à Copenhague d’un attentat lors d’un débat sur l’islamisme et la liberté d’expression suivant le massacre de Charlie Hebdo, le dessinateur de 75 ans, dont les 14 derniers en grande partie sous protection policière, apparaissait comme un vrai trompe-la-mort.

Après avoir survécu à de multiples menaces et projets d’attentat, sa vie s’est achevée dans la collision avec un camion de la voiture de police banalisée dans laquelle il circulait avec les deux policiers chargés de le protéger, dimanche après-midi sur une autoroute dans le sud de la Suède.

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C’est par une histoire de rond-point que la vie de ce libre-penseur allait basculer en 2007. Deux ans après les caricatures de Mahomet publiées par le quotidien danois Jyllands-Posten, et la fureur du monde musulman à leur encontre, Lars Vilks signe des dessins où il représente Mahomet en “chien de rond-point”.

Ce sujet étrange autant que provoquant, destiné à une exposition sur le thème des chiens, mêle la référence au journal danois et la vogue consistant alors à placer des chiens décoratifs au milieu des giratoires en Suède. Finalement refusée par la galerie pour raisons de sécurité, l’œuvre est publiée dans un journal local suédois, puis reprise en solidarité par plusieurs quotidiens du royaume.

Appels au meurtre

Dans une réédition – à moindre échelle – de l’affaire danoise, Vilks déclenche de vives réactions de haut niveau dans plusieurs pays musulmans, s’attirant une renommée mondiale, mais aussi des appels au meurtre. Son assassinat a ainsi été planifié par l’Américaine Colleen LaRose, alias “Jihad Jane”, qui aurait recruté des islamistes dans ce but selon la justice américaine, avant d’être arrêtée en octobre 2009.

En mai 2010, deux jeunes frères suédois d’origine kosovare tentent d’incendier sa maison avec des cocktails Molotov. Il ne s’y trouvait pas. En juin 2010, il prend un coup de tête lors d’un débat à l’université suédoise d’Uppsala qui tourne au pugilat.

En septembre 2011, des centaines de personnes sont évacuées d’un bâtiment de Göteborg où est inaugurée la Biennale d’art contemporain : la police a de fortes raisons de croire que Lars Vilks va être attaqué et arrête quatre personnes.

Connu jusqu’ici surtout pour une fascinante construction de bois et de pierre face à la mer sur la côte sud de la Suède, ce personnage controversé assurait prendre avec philosophie sa nouvelle vie sous protection. “J’essaie de garder mon sang-froid. Le bon côté des choses, c’est que les gens qui en ont après moi sont probablement mal équipés, ce sont des amateurs”, racontait-il ainsi à l’AFP il y a onze ans.

Chercher les limites

“Je ne suis pas un raciste fanatique, je n’ai pas de position politique. Je suis un artiste qui cherche les limites, qui veut trouver ce que l’on peut faire ou non et là où il peut y avoir un débat”, plaidait l’artiste aux épaisses lunettes. “Je pense que c’est très important, si l’on veut parler de la liberté d’expression et de l’islam et des musulmans, d’avoir une vraie position, d’avoir quelque chose de suffisamment provocant et transgressif pour entamer un débat”.

Le jour de l’attaque contre Charlie Hebdo, Lars Vilks avait confié sa tristesse au journal régional Helsingborgs Dagblad. “On ne peut pas renoncer à la liberté d’expression. L’attaque à Paris est hélas significative de l’époque où nous vivons.”

Un mois plus tard, le 14 février, un jeune Danois d’origine palestinienne tentait de faire irruption dans un débat sur la liberté d’expression organisé à Copenhague en écho à la tuerie du journal satirique français.

Vilks, tête d’affiche de la réunion avec l’ambassadeur de France, s’en était tiré indemne, mais un réalisateur danois de 55 ans avait été tué. L’assaillant était ensuite parvenu à tuer un gardien juif devant la synagogue de Copenhague, avant d’être abattu lors d’un face-à-face avec la police danoise.

Avec AFP

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