Depuis la fin juillet, les côtes turques de la Méditerranée sont ravagées par des feux de forêt favorisés par des températures largement supérieures à la normale, un air sec et des vents parfois violents. Au 4 août, une dizaine de villages sont partis en fumée et huit personnes ont perdu la vie en Turquie. Les habitants de la région, désespérés de voir leurs villages disparaître, ont critiqué l’inaction du gouvernement et fait preuve d’ingéniosité pour stopper l’avancée des flammes.
Alors que de nombreux pays de l’est du bassin méditerranéen font face à des incendies particulièrement violents, comme la Grèce ou la Bulgarie, la Turquie est particulièrement touchée depuis le début du mois d’août. Ces feux sont favorisés par des températures extrêmes, parfois plus de 50°C, marqueurs du réchauffement climatique. Près de 100 000 hectares ont brûlé jusqu’à présent en 2021, contre une moyenne annuelle de 13 000 hectares par an entre 2008 et 2020.
Plus de 130 incendies s’y sont déclarés depuis le 28 juillet et neuf étaient toujours actifs le 4 août malgré le déploiement de 51 hélicoptères, 16 Canadairs et 850 camions citernes. Les provinces balnéaires d’Antalya, Adana, Mersin, Mugla et Osmaniye sont les plus touchées par cette vague de feux sans précédent. Densément peuplées et particulièrement prisées des touristes pendant la période estivale, elles ont dû être évacuées d’une partie de leurs habitants.
Pour ralentir l’avancée des flammes et protéger les habitations, de nombreux Turcs ont décidé de passer à l’action, seuls ou avec des associations. Plusieurs vidéos amateur ont documenté la débrouille des riverains pour lutter contre les flammes.
I normally hate concrete and anything to do with it.
But Turkey has found a great use for these cement trucks as a response to the fire. Fill them with water and create mobile fire fighting units.
Turks can be ingenious and incredibly kind hearted when it really matters. pic.twitter.com/xq5DEDKUBv
— Can Okar (@canokar) August 1, 2021
Dans ces deux vidéos, on voit des bétonnières de l’entreprise privée Rüzgar Beton transformées en citernes à eau pour lutter contre le feu.
Des habitants de la région n’ont pas hésité à aller au plus près des flammes pour tenter de les éteindre. Le célèbre acteur turc Ibrahim Çelikkol a ainsi été filmé par un de ses amis en train de manier une lance d’incendie dans une forêt près de la ville de Milas, où se situe notamment une centrale thermique menacée par le feu.
D’autres habitants célèbres de la région, comme le comédien Sahan Gökbakar se sont improvisés journalistes citoyens pour documenter la catastrophe. Ce dernier publie quotidiennement plusieurs vidéos montrant l’avancée des flammes et les efforts déployés par les habitants pour s’en protéger.
Dans la vidéo ci-dessus, un groupe s’est formé autour de trois citernes et des habitants ont créé une chaîne pour acheminer l’eau jusqu’à la zone en feu : “Ici il n’y a que des tracteurs… vous le voyez, ici le peuple essaye tout seul de sauver cet endroit, le feu est juste en haut [de la colline]”, explique Sahan Gökbakar.
Des riverains ont tenté d’éteindre les flammes avec du sable dans le village de Delikyol, dans la municipalité de Marmaris.
Le maires et responsables politiques de la région, bastion de l’opposition laïque, ont depuis plusieurs jours appelé les autorités à l’aide et dénoncé le manque de moyens pour combattre les flammes.
Lors d’une interview télévisée, le président Recep Tayyip Erdogan leur a répondu que les mairies étaient responsables de la gestion des incendies dans les zones habitées. Il a par ailleurs annoncé en début de semaine que ces incendies étaient le fait de “militants du PKK”, un groupe armé autonomiste kurde classé parmi les organisations terroristes par la Turquie, les États-Unis et la France, entre autres.