Au troisième jour des élections législatives, le parti de Vladimir Poutine, Russie Unie, s’acheminait dimanche vers une victoire, faute d’opposition réelle. Le vote vise à renouveler les 450 mandats de députés de la Douma, la chambre basse du Parlement.
Le parti de Vladimir Poutine se dirigeait, dimanche 19 septembre, vers une victoire aux législatives en Russie, faute d’opposition réelle après la liquidation du mouvement d’Alexeï Navalny et le blocage de ses consignes de vote par des géants du numérique sous pression.
Le scrutin qui a duré trois jours, de vendredi à dimanche, devrait être remporté par le parti au pouvoir, Russie Unie, malgré son impopularité, après des mois de répression qui ont durement affaibli les détracteurs de Vladimir Poutine.
Militant anticorruption et principal opposant du Kremlin, Alexeï Navalny, 45 ans, a été emprisonné en janvier pour une affaire de fraude qu’il juge politique. Ses organisations ont été interdites pour “extrémisme” avant le scrutin et nombre de ses cadres ont fui le pays par crainte de poursuites.
Le vote vise à renouveler les 450 mandats de députés de la Douma, la chambre basse du Parlement, actuellement dominée par Russie Unie. Des élections locales et régionales ont également lieu.
“Imitation d’élections”
“C’est une imitation d’élections et c’est triste”, lâche Andreï, un informaticien de 33 ans votant dimanche à Moscou. Interrogé par l’AFP, il dit avoir suivi les consignes de l’équipe d’Alexeï Navalny mais refuse de donner son nom par peur de représailles.
Comme presque aucun candidat anti-Poutine n’a été autorisé à se présenter, les partisans d’Alexeï Navalny ont élaboré une stratégie de “vote intelligent” destinée à soutenir les candidats – souvent communistes – les mieux placés pour gêner ceux du pouvoir.
“J’ai donné ma voix aux communistes pour qu’elle n’aille pas à Russie Unie”, affirme ainsi Alexandre Korolkov, 61 ans, ouvrier moscovite qui dit n’avoir “jamais” voté pour Poutine. Pour autant, il n’a pas consulté les candidats proposés par le “vote intelligent”, “un truc de jeune” qui “ne marche pas vraiment” selon lui.
Emprisonné, Alexeï Navalny a appelé une fois encore à suivre ses consignes. “Votre voix a vraiment de l’importance”, a-t-il écrit dans un message diffusé dimanche sur les réseaux sociaux.
Pour contrer ce plan, les autorités russes ont exercé une pression inédite ces dernières semaines sur les géants d’Internet dont les plateformes étaient utilisées pour diffuser les consignes, réussissant à faire plier Google et Apple.
Ces derniers ont accepté vendredi de supprimer de leur boutique l’application mobile du “vote intelligent”, les alliés de Navalny accusant immédiatement les deux firmes américaines de “céder au chantage”.
Google a également bloqué en Russie deux listes contenant ces consignes et publiées sur Google Docs, son service de traitement de texte, et deux vidéos sur YouTube – dont il est propriétaire.
L’équipe d’Alexeï Navalny a réagi en donnant sur Twitter des instructions pour télécharger un réseau privé virtuel (VPN) pour éviter les blocages.
Selon des sources proches interrogées par l’AFP, Google et Apple ont obéi à Moscou par crainte d’arrestations de leurs employés en Russie.
Plus de 3 800 irrégularités potentielles
Quelque 108 millions de Russes sont appelés aux urnes, les derniers bureaux fermant dimanche à 18 h GMT. Les premières estimations sont attendues peu après.
À 11 h 30 GMT, la participation aux législatives dépassait 40 % selon la Commission électorale. Sa présidente, Ella Pamfilova, a signalé “huit cas de bourrages d’urnes” dans le pays.
Mais d’après l’ONG spécialisée Golos, ce sont plus de 3 850 possibles irrégularités qui ont été reportées depuis le début du vote, dont des bourrages d’urnes et des pressions pour aller voter.
En l’absence de concurrence effective, Russie Unie devrait s’imposer malgré une cote de popularité à moins de 30 %, selon le centre de sondage étatique VTsIOM.
Les autres partis représentés à la Douma – communistes, nationalistes et centristes – suivent dans l’ensemble la ligne du président Poutine, qui reste lui populaire.
Avec AFP