Le premier procès intenté par une des familles endeuillées par le Covid-19 dans la station de ski d’Ischgl (Autriche) s’ouvre, vendredi, à Vienne. La responsabilité et la négligence des autorités en mars 2020 sont pointées par l’avocat de Sieglinde Schopf.
Le premier procès sur la gestion du Covid-19 dans une station de ski des Alpes autrichiennes s’ouvre, vendredi 17 septembre à Vienne (Autriche) à 10 h. Ischgl est devenue en mars 2020 l’un des principaux centres de propagation du coronavirus en Europe.
Ce procès inaugure un marathon judiciaire : une quinzaine d’actions en justice sont déjà recensées. Au total, plus de 6 000 personnes originaires de 45 pays affirment qu’elles ou leurs proches ont été contaminées dans la station huppée d’Ischgl en raison de négligences et d’une gestion chaotique de la pandémie.
Vendredi, les juges vont se pencher sur la plainte déposée par l’Autrichienne Sieglinde Schopf qui pointe la responsabilité des autorités.
Une réaction “trop faible” et “trop tardive” des autorités
Il y a un an et demi, son mari partait rejoindre les pistes enneigées de la station du Tyrol. Quelques semaines plus tard, Hannes, un fervent skieur de 72 ans, mourait du Covid-19, seul dans la chambre d’un hôpital situé près de Vienne.
Son avocat Alexander Klauser estime que la liste des manquements est longue. Selon un rapport d’experts indépendants, une première alerte émise dès le 5 mars par l’Islande, qui s’alarmait du retour de touristes contaminés à Ischgl, a été ignorée. Les skieurs ont continué à s’entasser dans les cabines téléphériques, tandis qu’en soirée la fête battait son plein dans les vallées.
“Le 8 mars, il a été clairement établi que le personnel touristique d’Ischgl avait contracté le virus, mais cette fois encore la réaction a été trop faible, trop lente, trop tardive”, dénonce l’avocat, alors que le virus flambait déjà de l’autre côté de la frontière en Italie.
Il estime que tout a été fait pour minimiser la formation d’un cluster et permettre à la saison de se poursuivre comme si de rien n’était.
La responsabilité de l’Autriche pointée du doigt
Quelques jours plus tard, le chancelier conservateur Sebastian Kurz a décrété un confinement local et demandé à des milliers de touristes de quitter les lieux en quelques heures, ce qui selon les victimes et leurs proches aurait précipité la catastrophe.
Sieglinde Schopf est convaincue que son mari a été exposé au virus pendant cette évacuation. Elle réclame à l’État 100 000 euros de dommages et intérêts.
“Ce que veulent les parties civiles, c’est que la République d’Autriche admette sa responsabilité – nous n’avons eu aucun signe en ce sens jusqu’à présent”, explique Me Klauser. Ce refus “prolonge” la souffrance des proches, insiste-t-il.
Cinq personnes visées par une enquête pour négligence
Parmi les milliers de personnes touchées, environ 5 % auraient souffert d’un Covid long, avec des maux de tête, des troubles du sommeil et un essoufflement. Au total, 32 personnes sont décédées, selon l’association de consommateurs VSV qui regroupe les procédures.
Tout en exprimant leur sympathie pour les victimes, les autorités nient tout manquement, estimant avoir agi en l’état des connaissances à leur disposition à ce moment-là.
Dans ce scandale, cinq personnes, dont Werner Kurz, le maire d’Ischgl, font l’objet d’une enquête pour “administration intentionnelle ou par négligence de maladie transmissible ayant porté atteinte à l’intégrité physique ou psychique d’autrui”.
Le parquet d’Innsbruck, le chef-lieu du Tyrol, a transmis le dossier au ministère de la Justice, sans que l’on sache si des poursuites pénales seront finalement engagées.
Avec AFP