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Manon Aubry : “Le passe sanitaire est un outil inédit de restriction des libertés”

En cette rentrée européenne, nous recevons Manon Aubry, co-présidente de La Gauche au Parlement européen. Elle nous parle de son opposition à l’utilisation du passe sanitaire, qu’elle juge liberticide, de ses inquiétudes quant au remboursement du plan de relance, du devoir d’humanité de l’Europe envers les réfugiés afghans et des élections à venir en Allemagne et en France.

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Passe sanitaire et vaccination

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Certains pays de l’Union européenne ont imposé le passe sanitaire mais les manifestations se sont multipliées cet été en Europe pour exprimer un refus de ce que Manon Aubry qualifie “d’outil inédit en matière de restriction des libertés”, “notamment parce qu’on menace des gens de perdre leur emploi”. “Le fait que l’Union européenne et les différents États aient des mesures de protection est souhaitable” et la vaccination “est indispensable pour sortir de la crise”, affirme l’eurodéputée ; mais il y a, selon elle, “d’autres outils que la passe sanitaire pour la faciliter” car on voit bien que “cette épée de Damoclès ne fonctionne pas” et ne fait que “diviser notre société”. 

La France a cependant rattrapé en quelques semaines son retard de vaccination et se classe parmi les pays du monde les plus vaccinés. L’Union européenne a également atteint son objectif de 70 % des adultes vaccinés. C’est un bilan “tardif” pour Manon Aubry, qui rappelle “le fiasco dans la gestion des contrats avec les laboratoires pharmaceutiques qui ne sont toujours pas accessibles en intégralité”, alors qu’il s’agit de “deniers publics”. Elle souhaite par ailleurs la levée des brevets car “si on veut sortir de cette crise, il faut que tout le monde puisse avoir accès aux vaccins”, et pour le moment “les riches se sont arrogé les vaccins”.

Remboursement du plan de relance de l’UE

Avec le plan de relance à 750 milliards d’euros, l’économie européenne est en train de se rétablir “mais aujourd’hui, on ne sait pas comment ils vont être remboursés”, estime Manon Aubry. Il ne semble pas question que la “sacro-sainte BCE” rachète la dette, au nom de sa “fameuse indépendance”. Et les taxes envisagées dans le cadre des ressources propres de l’Union européenne sont soit “très loin” d’être suffisantes, comme la taxe plastique – 3 milliards d’euros à l’échelle de l’UE – ou la taxe carbone aux frontières – “qui n’a pas encore vu le jour” –, soit “en train d’être enterrées”, comme la taxe Gafam. Reste donc une troisième option selon Manon Aubry, “celle des États qui remboursent”. Et elle précise : “Il y a donc des chances que ça nous coûte in fine relativement cher”.

La situation en Afghanistan et l’accueil des réfugiés

Après la prise de Kaboul par les Taliban, le Premier ministre slovène, le populiste Janez Jansa, dont le pays assure la présidence tournante de l’Union européenne, a tweeté “L’UE n’ouvrira aucun couloir de migration depuis l’Afghanistan”. C’est, selon Manon Aubry, “assez symptomatique de ce qui se passe dans l’Union européenne et qu’il faut prendre très au sérieux : un péril de l’extrême droite”. Le Premier ministre slovène “s’attaque à tous les fondamentaux de l’État de droit et de la démocratie, sur lesquels l’Union européenne est censée se bâtir”. Il est “représentatif de la pensée de l’extrême droite qui va agiter les peurs sur l’immigration”. Les Afghans “fuient l’horreur, fuient la guerre”, rappelle Manon Aubry. “Nous avons un devoir d’humanité à leur égard” mais “l’Union européenne ne tient pas sa responsabilité en matière d’accueil digne des migrants”.

Élections en Allemagne et en France

En janvier 2022, la France prend la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne. En avril de cette même année aura lieu l’élection présidentielle française. Il est évident pour Manon Aubry qu’”Emmanuel Macron va se servir de la présidence française du Conseil comme d’un outil de campagne” et “il y a un signe qui ne trompe pas : les conclusions de la conférence sur l’avenir de l’Europe, qui est censée reposer des bases à la construction européenne, seront comme par hasard présentées au mois d’avril”.

L’Allemagne aussi va bientôt changer de chef d’État. Pour les élections générales de septembre, le candidat social-démocrate Olaf Scholz a le vent en poupe pour succéder à 16 ans d’Angela Merkel. Ce sont en effet “des élections capitales” car “on est à la croisée des chemins pour la construction européenne dans laquelle l’Allemagne joue un rôle important, et la chute de la CDU veut bien dire quelque chose”, explique Manon Aubry. L’eurodéputée “ne porte pas Olaf Scholz très haut dans (son) cœur” car, en tant que ministre des Finances, “il a bloqué un certain nombre de réformes ambitieuses en matière de lutte contre l’évasion fiscale”. Mais si une coalition de gauche se dessinait à Berlin, le parti de gauche Die Linke devra, selon elle, tenir un rôle pour “changer de braquet et tourner le dos à l’ordo-libéralisme construit par l’Allemagne ces dernières années”. “J’espère que ça inspirera dans d’autres pays de l’Union européenne”, conclut-elle.

Une émission préparée par Perrine Desplats, Isabelle Romero, Mathilde Bénézet et Céline Schmitt.

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