Le président Biélorusse, Alexandre Loukachenko, a nié, lundi, lors d’une interview télévisée, toute répression dans le pays. Alors que la journée marque le premier anniversaire de sa réélection, des rassemblements de contestation ont été organisés à l’étranger.
“Il n’y a pas et il n’y aura jamais de répression dans mon pays (…). Le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, a nié, lundi 9 août, toute répression, malgré les arrestations et l’exil forcé de milliers de ses opposants un an après sa réélection.
Lors d’une rencontre télévisée avec la presse et des dignitaires du régime, baptisée “grande discussion”, le président biélorusse a jugé, dans des propos très décousus, que l’année n’avait “pas été facile” et accusé une fois de plus ses opposants d’avoir voulu fomenter un “coup d’État”.
Puis, interrogé sur les arrestations massives, les fermetures forcées de médias ou d’ONG, Alexandre Loukachenko a récusé le terme de répression.
“Il n’y a pas et il n’y aura jamais de répression dans mon pays (…) Je n’en ai pas besoin”, a-t-il même dit. “Quelle répression ? J’ai fusillé quelqu’un ? J’ai tué quelqu’un ?”, a-t-il demandé à l’assistance après une question d’un journaliste américain.
“J’ai juste joué selon les règles du jeu des bandits (les opposants, NDLR), qui, sous la direction des services spéciaux américains, depuis la Pologne, s’en prenait à notre État souverain”, a ajouté le dirigeant biélorusse.
“Nous ne nous mettrons jamais à genoux !”
Alexandre Loukachenko a par ailleurs démenti toute implication dans la mort suspecte de Vitali Chychov, un opposant réfugié en Ukraine.
Il s’en est aussi pris à la sprinteuse, Krystsina Tsimanouskaya, l’accusant d’avoir été “téléguidée” par Varsovie après qu’elle a affirmé avoir été victime d’une tentative de rapatriement forcé des Jeux olympiques de Tokyo.
“Chychov, mais c’est qui pour moi ou pour le Bélarus? (…) c’est personne pour nous, qui serait allé le pendre ?”, a-t-il lancé.
Alexandre Loukachenko n’a eu cesse de qualifier ses détracteurs de suppôts de l’Occident, qui, selon lui, veut renverser son régime pour pouvoir s’en prendre à Moscou et Vladimir Poutine. “Nous ne nous mettrons jamais à genoux !”, a-t-il affirmé.
Des manifestations à l’étranger
À Minsk, une chape de plomb s’est abattue sur les critiques du pouvoir. À force de répression, il n’y a plus de manifestations, alors qu’elles rassemblaient il y a moins d’un an des dizaines de milliers de personnes.
La campagne électorale de 2020 avait en effet vu une mobilisation inattendue de foules de Biélorusses autour d’une candidate surprise, Svetlana Tikhanovskaïa, qui avait remplacé au pied levé son mari incarcéré, puis réuni tous les courants de l’opposition derrière elle, le pouvoir ayant exclu tous les autres rivaux du président biélorusse.
Mais à l’issue du scrutin du 9 août, Alexandre Loukachenko s’était proclamé vainqueur avec plus de 80 % des voix. Ce résultat avait déclenché un mouvement de contestation d’ampleur historique dans cette ex-république soviétique, dirigée d’une main de fer par son autoritaire président depuis 1994.
Svetlana Tikhanovskaïa a été contrainte à l’exil, devenant la représentante des siens à l’étranger. Elle est reçue par tous les dirigeants occidentaux, notamment en juillet dernier par l’Américain Joe Biden. Lundi, elle a estimé que le régime biélarusse était devenu “terroriste”.
Pour marquer ce premier anniversaire de la contestation anti-Loukachenko, les rassemblements de Biélorusses se font donc à l’étranger, en Pologne et en Ukraine, où nombre de dissidents se sont réfugiés.
En 2021, alors que l’Union européenne et les États-Unis multipliaient les sanctions contre le régime, la répression s’est étendue aux médias et ONG. Minsk est aussi accusé d’avoir détourné un vol commercial en mai pour arrêter un opposant, si bien que les principales compagnies aériennes contournent son espace aérien.
La diplomatie de l’UE a, elle, dénoncé, dimanche, “la répression bien orchestrée et la campagne d’intimidation” du régime qui a conduit “des milliers de citoyens de toutes les couches de la société à mourir dans des circonstances obscures, à être détenus ou à être forcés à quitter le pays et vivre en exil”.
Le pouvoir en place à Minsk n’a, lui, jamais cherché le dialogue avec ses détracteurs.
Avec AFP