Ces derniers jours, des pluies diluviennes se sont abattues sur l’Europe, faisant de nombreuses victimes en Belgique et en Allemagne. Au même moment, la Commission européenne présentait son très attendu Pacte vert visant à réduire les émissions carbone du continent d’au moins 55 % d’ici à 2030. Pour Philippe Lamberts, président du Groupe des Verts au Parlement européen, “ces propositions ne vont pas assez loin”.
Les propositions de la Commission européenne “ont le mérite d’exister” selon Philippe Lamberts : “55 %, c’est un progrès incontestable par rapport à l’objectif actuel de 40 %, mais il faudrait que les Européens réduisent leurs émissions carbone de 60 à 65 %” si l’on veut tenir les objectifs de l’accord de Paris. Et les tensions climatiques qu’ont connu l’Europe et l’Amérique du Nord ces dernières semaines “nous rappellent l’urgence absolue d’agir”.
L’une des propositions de la Commission consiste en une large refonte du marché du carbone européen. “Il faut mettre beaucoup plus de pression pour que le carbone coûte beaucoup plus cher”, insiste Philippe Lamberts. “L’heure de la naïveté libre-échangiste est révolue” et, contrairement à ce que suggère la Commission, “il vaut mieux mettre la pression sur les industries plutôt que sur les consommateurs”, car le risque serait de voir une nouvelle vague de contestations comme celle des Gilets jaunes en France en 2018. Importateurs européens, industries, tous devront donc revoir leur copie afin de s’aligner sur ce Pacte vert. Les constructeurs automobiles les premiers, avec l’arrêt de la vente des voitures thermiques en 2035. “Que les voitures thermiques doivent disparaître est une évidence !”, assure Philippe Lamberts, qui aurait préféré que cela arrive dès 2030.
L’Union européenne s’engage par ailleurs à planter trois milliards d’arbres afin de renforcer le rôle des forêts dans l’absorption du carbone et préserver une industrie du bois très rentable en Europe. Philippe Lamberts relève “toute l’ambiguïté de cette mesure” appuyée par “un certain nombre d’États dans lesquels l’industrie forestière est extrêmement puissante” et qui consiste à produire en quantité pour des agrocarburants “néfastes pour le climat”, tout comme la sylviculture industrielle, alors même que “les forêts européennes, même les forêts protégées, sont en très mauvais état et ne parviennent plus à jouer leur rôle d’absorbeur de carbone”.
Le 15 juillet, la Commission européenne a lancé une procédure d’infraction contre la Pologne et la Hongrie pour leur non-respect des droits des personnes LGBT+, procédure pouvant mener à la saisine de la Cour de Justice de l’UE puis à des sanctions financières. “Jusqu’à maintenant, on n’a pas trouvé le moyen de les ramener à des positions plus en ligne avec les valeurs de l’UE”, regrette Philippe Lamberts. Alors peut-être que “la seule chose qui les fera vraiment réfléchir, c’est quand on touchera au portefeuille”. Varsovie et Budapest ont deux mois pour répondre.
Malte a finalement renoncé à fermer ses frontières aux personnes non vaccinées contre le Covid-19, leur imposant en revanche une quarantaine. Une telle mesure était contraire aux règles européennes. “Il faut limiter les déplacements tout en donnant un minimum de liberté” aux citoyens européens “parce que nos sociétés sont extrêmement tendues et épuisées”. C’est pourquoi l’Union européenne a produit le certificat sanitaire, “un outil de bon sens” selon Philippe Lamberts, pour qui il est “regrettable qu’un certain nombre d’États membres refusent de l’utiliser”.
Émission préparée par Perrine Desplats, Isabelle Romero, Mathilde Bénézet et Céline Schmitt.