L’Otan définit désormais le comportement de la Chine comme un “défi systémique” et a également averti, lundi, qu’il n’y aurait pas “de retour à la normale” avec la Russie tant que Moscou viole le droit international, selon une copie du communiqué final que Reuters et l’AFP ont pu consulter.
Les dirigeants de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan), rassurés par la volonté du président américain Joe Biden de “revitaliser” les alliances, ont décidé de serrer les rangs lors de leur sommet annuel, lundi 14 juin, pour affronter “les nouveaux défis” posés par la Russie et par la Chine.
“Les ambitions déclarées de la Chine et son comportement affirmé présentent des défis systémiques pour l’ordre international fondé sur des règles et pour les domaines qui regardent la sécurité de l’alliance”, peut-on lire dans le communiqué final, qui sera publié à la fin du sommet.
Les dirigeants des pays de l’Otan ont également dénoncé la menace grandissante représentée par le renforcement militaire de la Russie et ont appelé Moscou à respecter le droit international, lors de leur sommet annuel à Bruxelles.
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“Tant que la Russie ne montre pas qu’elle respecte le droit international et qu’elle honore ses obligations et responsabilités internationales, il ne peut y avoir de retour à la normale”, ont-ils averti dans les conclusions du sommet.
“Il y a une prise de conscience croissante, ces deux dernières années, que nous avons de nouveaux défis. Nous avons la Russie qui n’agit pas d’une manière conforme à ce que nous avions espéré. Et aussi la Chine”, avait souligné le président américain avant l’ouverture du sommet, insistant sur “la nécessité d’une plus grande coordination” entre alliés.
“Nous allons adresser un message important à Moscou : nous restons unis et la Russie ne saura pas nous diviser”, avait prévenu de son côté le secrétaire général de l’Otan, le Norvégien Jens Stoltenberg.
Joe Biden doit rencontrer le président russe Vladimir Poutine, mercredi à Genève, dernière étape d’un périple en Europe pour un sommet du G7 au Royaume-Uni, suivi par le sommet de l’Otan et un sommet avec les présidents des institutions de l’UE, mardi à Bruxelles.
Panser les plaies ouvertes par Donald Trump
“Nous constatons que la Russie et la Chine coopèrent de plus en plus ces derniers temps, tant sur le plan politique que militaire. Il s’agit d’une nouvelle dimension et d’un défi sérieux pour l’Otan”, avait expliqué Jens Stoltenberg dans un entretien au quotidien allemand Die Welt avant le sommet.
Joe Biden a souhaité que “le défi sécuritaire posé par la Chine figure dans le communiqué”, a indiqué la Maison Blanche. Certains alliés ont renâclé. “Le cœur de l’Otan, c’est la sécurité de l’espace euro-atlantique. L’heure n’est pas à la dilution de l’effort”, a soutenu la présidence française.
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Le sommet a également lancé la révision du concept stratégique de l’Alliance adopté en 2010 pour la préparer à faire face aux nouvelles menaces dans l’espace et le cyberespace.
Mais l’Otan doit aussi panser les plaies ouvertes par l’ex-président américain Donald Trump (2017-2021). Le retrait américain d’Afghanistan, décidé sans concertation avec ses alliés, a mis à mal la crédibilité des opérations extérieures de l’Alliance.
L’Europe est, en outre, devenue plus vulnérable après la sortie des États-Unis de plusieurs traités conclus avec Moscou sur la limitation des armes nucléaires.
“L’Alliance doit se consulter davantage et investir mieux”
Enfin, la méfiance manifestée par Donald Trump à l’égard des Européens a échaudé le Vieux continent. Et son refus de rappeler la Turquie à ses obligations a exacerbé les tensions avec l’UE.
Face à ce constat d’affaiblissement, le président français Emmanuel Macron avait jugé l’Alliance “en état de mort cérébrale”. “L’Otan doit bâtir une règle de conduite entre alliés”, a-t-il soutenu à la veille du sommet.
Le président français s’est entretenu en tête-à-tête avec le président turc Recep Tayyip Erdogan pour “clarifier” les nombreux sujets de contentieux entre les deux pays.
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Joe Biden rencontrera le président turc à la fin du sommet. Le président américain doit ménager la susceptibilité d’Ankara, prêt à assumer la sécurité de l’aéroport de Kaboul, indispensable au maintien d’une présence occidentale en Afghanistan.
“L’Alliance doit se consulter davantage et investir mieux”, plaide Jens Stoltenberg. Les Européens se disent prêts. Mais ils veulent “la pleine reconnaissance” de leur contribution à la sécurité collective et demandent à être associés aux négociations sur la maîtrise des armements, avertit la France.
Encore faut-il que les Américains les jugent “fiables” : 21 pays de l’UE sont membres de l’Otan, mais huit seulement tiennent l’engagement de consacrer 2 % de leur PIB à leurs dépenses militaires. La France est du nombre, pas l’Allemagne, ni l’Italie, ni l’Espagne.
Avec AFP