La justice néerlandaise doit rendre une décision très attendue, mercredi, dans une affaire lancée par des ONG environnementales visant à contraindre le groupe pétrolier Shell, accusé de ne pas respecter l’Accord de Paris sur le climat, à réduire ses émissions de CO2.
Un tribunal néerlandais doit statuer, mercredi 26 mai, dans une affaire retentissante lancée par un collectif d’ONG environnementales qui veut contraindre Shell à réduire ses émissions de CO2, accusant le géant pétrolier de ne pas faire assez pour s’aligner sur l’Accord de Paris.
Appelée “le peuple contre Shell”, l’initiative a été lancée en avril 2019 par Milieudefensie, branche aux Pays-Bas de l’organisation internationale les Amis de la Terre. Plus de 17 000 citoyens néerlandais se sont constitués partie civile.
Aux côtés de six autres ONG, dont Greenpeace et ActionAid aux Pays-Bas, Milieudefensie dénonce une “destruction du climat” de la part de Shell, l’une des plus grandes compagnies pétrolières au monde.
La société assure, de son côté, prendre déjà des mesures sérieuses qui soutiennent la transition énergétique. Shell estime, par ailleurs, que ce processus relève d’une prise de décision politique et qu’il n’y a pas de base légale pour les revendications des ONG.
Mais Milieudefensie est d’avis qu’il est impossible de respecter l’Accord de Paris sans que “les gros pollueurs comme Shell” soient légalement forcés à prendre des mesures en ce sens.
L’audience devant le tribunal de La Haye est prévue à 15 h (13 h GMT).
“L’affaire climatique contre Shell est unique car c’est la première fois dans l’histoire que la justice est saisie pour ordonner à une entreprise d’émettre moins de CO2 en modifiant sa politique”, a déclaré Milieudefensie dans un communiqué.
Les ONG demandent ainsi à la justice néerlandaise d’ordonner à Shell de réduire ses émissions de CO2 de 45 % d’ici 2030, “conformément aux objectifs convenus dans l’Accord de Paris sur le climat”.
La multinationale anglo-néerlandaise prévoit actuellement de baisser “l’empreinte carbone nette” des produits vendus à ses clients de 30 % d’ici 2035, et de 65 % d’ici 2050.
“Occasion historique”
Depuis l’Accord de Paris signé en 2015, qui vise à contenir la hausse des températures en dessous de 2 degrés, de nombreux industriels se sont engagés à réduire leurs émissions de CO2, Shell promettant par exemple la neutralité carbone d’ici 2050.
Malgré ces engagements, le groupe dépense seulement 3 à 5 % de ses investissements dans les énergies renouvelables, d’après un rapport du groupe de réflexion IEEFA (Institute for Energy Economics and Financial Analysis) publié en juillet.
“Les gros pollueurs comme Shell ont une énorme responsabilité de contribuer à lutter contre le changement climatique”, estime la directrice exécutive d’ActionAid aux Pays-Bas, Marit Maij.
“Nous espérons que le juge saisira cette occasion historique pour tenir Shell responsable de ses actions et s’assurer que le groupe réduit ses émissions conformément à l’Accord de Paris”, a-t-elle ajouté dans un communiqué.
Dans une autre procédure historique portée par l’organisation environnementale Urgenda, la Cour suprême des Pays-Bas a ordonné, l’année dernière, à l’État de réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’au moins 25 % d’ici fin 2020, créant, selon Milieudefensie, un précédent pour son action.
Les Pays-Bas, particulièrement vulnérables aux conséquences du changement climatique puisqu’une partie du pays se trouve en dessous du niveau de la mer, se sont engagés à réduire leurs émissions de dioxyde de carbone de 49 % d’ici 2030.
Avec AFP