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Russie : la justice examine une demande pour mettre hors-la-loi le mouvement de Navalny

Le tribunal municipal de Moscou lance, lundi, l’examen d’une qualification d'”extrémistes” pour les organisations d’Alexeï Navalny, au risque de faire encourir aux collaborateurs et partisans de l’opposant de lourdes peines de prison.

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Un tournant démocratique se joue dans les tribunaux russes. La justice commence, lundi 17 mai, à examiner une demande du parquet pour qualifier d'”extrémistes” les organisations de l’opposant emprisonné Alexeï Navalny. Ce procès est considéré par ses partisans comme visant à mettre hors-la-loi son mouvement en Russie.

Cette première audience du procès, prévue à huis clos dans le tribunal municipal de Moscou, intervient à la veille de la première lecture à la Douma, chambre basse du Parlement, d’un projet de loi interdisant aux personnes impliquées dans des organisations classées “extrémistes” d’être élues députés.

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Risque de multiplication des emprisonnements

Le parquet russe avait demandé, mi-avril, de qualifier plusieurs organisations liées à Alexeï Navalny d'”extrémistes”, un qualificatif qui fait encourir aux collaborateurs et partisans de l’opposant de lourdes peines de prison. Lui-même est incarcéré depuis janvier, et a fait une grève de la faim de trois semaines en avril.

Cette demande vise le Fonds de lutte contre la corruption (FBK) d’Alexeï Navalny, connu pour ses enquêtes dénonçant le train de vie et les malversations des élites russes. Les bureaux régionaux de l’opposant, qui s’occupent notamment d’organiser les manifestations en son soutien ou d’activités pré-électorales, sont aussi concernés. 

Le parquet accuse les organisations d’Alexeï Navalny de chercher à “créer les conditions de la déstabilisation de la situation sociale et sociopolitique” en Russie, “sous couvert de slogans libéraux”.

Détruire l’opposition

“L’opposition sera détruite”, assure à l’AFP un analyste indépendant, Abbas Galliamov, tout en estimant qu'”en détruisant l’opposition, ils [les autorités, ndlr] vont détruire leur propre légitimité”.

Si Alexeï Navalny n’a pas été autorisé à briguer la présidence russe face à Vladimir Poutine en 2018, les autorités ont toléré pendant des années le mouvement de l’opposant. 

Principal opposant russe et pourfendeur acharné de la corruption, Alexeï Navalny comptait présenter des candidats pour les législatives de septembre ou alors soutenir ceux d’autres formations les plus à même de battre les représentants du parti du Kremlin. 

Mais à l’approche de ces élections législatives, le Kremlin cherche à ne laisser aucune chance à ce mouvement sur fond d’une fatigue croissante de la population après deux décennies de présidence Poutine, et de l’aggravation de la situation économique dans le pays provoquée notamment par l’épidémie de Covid-19.  

Ainsi, la Douma est censée se pencher mardi sur un projet de loi interdisant d’être élue député toute personne ayant occupé un poste à responsabilité dans une organisation jusqu’à trois ans avant sa qualification d'”extrémiste”. Proposé par un groupe de députés du parti au pouvoir Russie unie, le texte devrait être adopté avant les élections législatives de septembre et aura une force rétroactive, selon ses auteurs.

Par ailleurs le réseau des bureaux régionaux d’Alexeï Navalny avait déjà été ajouté fin avril à une liste d’organisations “extrémistes et terroristes” du service russe des renseignements financiers, où figurent notamment les groupes jihadistes Al-Qaïda et l’organisation État islamique. En réaction, les bureaux avaient annoncé leur auto-dissolution.

Avec AFP

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