Arrêté fin avril à Bruxelles, l’eurodéputé grec Ioannis Lagos, ex-cadre du parti néonazi Aube Dorée, a été extradé, samedi, à Athènes. Il avait été condamné pour “direction d’une organisation criminelle” par la justice grecque et avait fui pour la Belgique au lendemain de la levée de son immunité parlementaire.
L’eurodéputé grec Ioannis Lagos, ex-cadre du parti néonazi Aube Dorée condamné à plus de 13 ans de prison ferme pour “direction d’une organisation criminelle”, a été extradé, samedi 15 mai, à Athènes, en vertu d’un mandat d’arrêt et remis aux autorités grecques, a-t-on appris de source policière aéroportuaire.
Ioannis Lagos, 48 ans, arrêté fin avril à Bruxelles au lendemain de la levée de son immunité parlementaire, est arrivé peu avant 15h20 locales à l’aéroport international d’Athènes, selon la même source.
Il est descendu de l’avion encadré de cinq policiers grecs, avant d’embarquer dans un fourgon de police pour être conduit à Athènes sous escorte de motards, selon des images de télévision.
Ioannis Lagos, qui doit être présenté au procureur d’Athènes puis incarcéré dimanche, fait partie de la quarantaine de membres d’Aube dorée condamnés en octobre à Athènes à l’issue d’un procès marathon de cinq ans et demi. Il a écopé d’une peine de prison ferme de 13 ans et 8 mois pour “direction d’une organisation criminelle”, en l’espèce le parti néonazi.
Cet ancien agent de sécurité avait, le jour du verdict de la cour pénale d’Athènes, “quitté la Grèce pour Bruxelles afin d’échapper à sa condamnation”, selon l’eurodéputée française Marie Toussaint (Verts), la rapporteure du Parlement européen sur ce dossier.
Cadre de haut rang d’Aube dorée, Ioannis Lagos avait été placé en détention provisoire, comme l’ensemble de la direction d’Aube Dorée, après le meurtre d’un musicien antifasciste, Pavlos Fyssas, en septembre 2013. Il avait été remis en liberté conditionnelle 18 mois plus tard dans l’attente de son procès.
Levée d’immunité
Son immunité parlementaire a été levée fin avril à une très large majorité des députés du Parlement européen, à la demande des autorités grecques.
L’eurodéputé a cependant décidé de ne pas interjeter appel du jugement, comme il en avait le droit, a indiqué son avocat, Jan De Winter, dans un message à l’AFP, une information qui a été confirmée par le parquet de Bruxelles.
Ioannis Lagos bénéficiait de cette immunité depuis son élection en juillet 2019 au Parlement européen sous la bannière d’Aube dorée, une formation qu’il a quittée quelques mois plus tard pour devenir indépendant.
Peu après son arrestation à Bruxelles, il avait tweeté : “Je suis dans un véhicule de police, les voleurs, les athées, les antihellènes vont m’emprisonner”.
Lors du meurtre du jeune rappeur antifasciste, il était le chef local d’Aube dorée du secteur géographique où a été commis l’assassinat. “Rien n’aurait été fait sans l’approbation de Lagos”, avait affirmé la mère de la victime pendant le procès.
Le chef d’Aube dorée, Nikos Michaloliakos, et la majeure partie des condamnés ont été emprisonnés, seul le numéro deux de l’organisation, Christos Pappas, est toujours en fuite.
Désespoir des Grecs
Au pic de la crise financière en Grèce en 2012, Aube dorée avait réussi à entrer au Parlement grec, profitant du désespoir de la population et du discrédit alors des partis traditionnels, la Nouvelle-Démocratie (droite), au pouvoir actuellement, et le Pasok (socialiste).
Créé dans les années 1990, ce parti avait bénéficié pendant longtemps d’une quasi impunité malgré au moins deux meurtres et de nombreuses violences perpétrées contre des migrants, des homosexuels et des militants de gauche.
Son déclin avait commencé après l’assassinat de Pavlos Fyssas et l’inculpation de sa direction et de ses principaux autres cadres.
Son échec dans sa tentative d’entrer au Parlement grec aux dernières législatives en 2019 ainsi que la condamnation de sa direction en octobre dernier ont provoqué son éclatement et lui ont valu la perte de la majeure partie de son électorat.
Avec AFP