Les dirigeants de l’UE se réunissent vendredi à Porto pour tenter de construire une Europe plus sociale après les dégâts économiques de la pandémie, mais les divisions demeurent au sein des Vingt-Sept.
Un sommet social pour remettre l’Europe sur pied après les dégâts économiques liés à la crise sanitaire se tient vendredi 7 mai à Porto, au Portugal. Mais les dirigeants de l’UE savent que la route s’annonce longue avant des réalisations concrètes tant les Vingt-Sept sont divisés.
La rencontre démarrera vendredi à 13 h locales (12 h GMT) par des conférences réunissant des représentants de la société civile, des syndicalistes et des dirigeants européens.
Dîner de travail et plan d’action
La réunion entre chefs d’État et gouvernement en tant que telle commencera vendredi soir, avec un dîner de travail où seront aussi évoqués des sujets internationaux comme les tensions avec la Russie et la levée des brevets sur les vaccins anti-Covid proposée mercredi par le président américain Joe Biden.
Elle se poursuivra samedi, jour où les Vingt-Sept devraient approuver un “plan d’action” de la Commission en matière sociale, présenté début mars et limité à trois objectifs à l’horizon 2030.
Bruxelles souhaite augmenter à 78 % le taux d’emploi, former chaque année au moins 60 % des adultes et réduire de 15 millions le nombre de personnes menacées de pauvreté ou d’exclusion sociale.
La chancelière allemande, Angela Merkel, ainsi que les Premiers ministres néerlandais Mark Rutte et maltais Robert Abela ont renoncé au déplacement et participeront à distance, en raison de la situation sanitaire.
Contre-sommet
Des partis de gauche ont organisé un contre-sommet et prévu de manifester samedi dans les rues de Porto.
Le plan d’action sociale de l’UE “manque clairement d’ambition”, estime Olivier De Schutter, rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’Homme.
Il souligne que 700 000 personnes en Europe dorment à la rue chaque nuit et plus de 20 millions de travailleurs vivent dans la pauvreté en raison de l’augmentation des formes de travail précaire, notamment dans les nouvelles plateformes numériques.
Selon lui, “une course institutionnalisée vers le bas parmi les États membres conduit à une baisse des salaires (…) au nom de la compétitivité”.
Conséquences de la pauvreté
Avec l’essor de la pauvreté depuis un an, notamment chez les jeunes et les travailleurs les plus exposés, la pandémie a pourtant “révélé l’importance du social” dans l’UE, a assuré à l’AFP le commissaire européen à l’Emploi, Nicolas Schmit.
L’austérité budgétaire, qui a dominé l’Europe sous l’influence allemande dans les années 2010, a peut-être vécu. Elle est considérée comme un échec par de nombreux économistes.
“On en a vu les conséquences : montée du populisme, de la pauvreté, du chômage. On a compris que les recettes n’étaient peut-être pas adaptées. Je crois que la leçon a été apprise”, avance Nicolas Schmit.
L’Europe a évolué : malgré ses divisions, elle a réussi à adopter l’an dernier un plan de relance de 750 milliards d’euros avec un endettement commun inédit.
Pays du Sud versus pays du Nord
L’une des premières mesures prises en 2020, au début de la crise, fut de suspendre le pacte de stabilité qui impose des limites aux déficits budgétaires et à la dette publique. La mesure, toujours en vigueur, a permis aux États membres d’engager les dépenses nécessaires pour protéger les emplois et relancer l’économie.
Bruxelles a récemment lancé des chantiers législatifs pour tenter de mieux protéger les travailleurs des nouvelles plateformes numériques ou imposer une convergence vers le haut des salaires minimum dans l’UE.
Les pays du Sud, comme la France, l’Italie, l’Espagne ou le Portugal y sont favorables. Mais les pays du Nord, attachés à leurs modèles nationaux performants, et ceux de l’Est, qui craignent de perdre leur compétitivité, rejettent toute harmonisation des salaires minimums. Résultat : les discussions traînent en longueur.
Samedi se tiendra également un sommet UE-Inde en visioconférence pour relancer les relations bilatérales et reprendre des négociations sur un accord de libre-échange suspendues depuis 2013.
Avec AFP