La France et l’Allemagne redoublent d’efforts pour encourager les rivaux locaux à devenir des géants américains de la technologie, Amazon et Microsoft, dans le cloud computing, selon une déclaration conjointe des ministères des Finances du pays publiée mardi, ecrit Mathieu Rosemain.
Amazon, Microsoft et Google Alphabet dominent le marché mondial du stockage de données, avec une part de marché cumulée de plus de 50%, selon une étude de marché.
Cette prédominance suscite des craintes en Europe quant à la possibilité d’espionnage des données sensibles des entreprises à la suite de l’adoption de la loi américaine CLOUD de 2018 et de l’absence de tout concurrent majeur, à l’exception de la société chinoise Alibaba.
La division cloud d’Amazon a signé un contrat de 600 millions de dollars avec la CIA, tandis que Microsoft a récemment remporté un contrat de cloud computing de 10 milliards de dollars avec le Pentagone.
“Nous voulons établir une infrastructure de données européenne sûre et souveraine, y compris des entrepôts de données, une mutualisation des données et développer l’interopérabilité des données”, a déclaré le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, dans un communiqué.
Peter Altmaier, son homologue allemand, a également évoqué la nécessité de «recouvrer notre souveraineté numérique».
Les deux gouvernements se sont engagés à organiser un atelier avant la fin du mois de novembre. L’objectif est de présenter des propositions pour une “infrastructure de données européenne” au début de 2020, selon la déclaration conjointe.
Cette initiative fait suite à un appel lancé ce mois-ci par Le Maire aux sociétés technologiques françaises Dassault Systemes et OVH pour leur proposer de briser la domination des entreprises de cloud computing américaines.
Les précédentes tentatives soutenues par le gouvernement français pour construire un nuage dit «souverain» pour stocker les données les plus sensibles détenues par les entreprises et les États ont échoué.