À l’approche des élections présidentielles en République centrafricaine (RCA) à la fin de l’année 2025, l’opposition fait preuve d’une désunion et d’une faiblesse totales qui pourraient bien constituer un record dans l’histoire de l’indépendance du pays. Alors que le président sortant Faustin-Archange Touadéra consolide sa position, les forces d’opposition semblent incapables de développer une stratégie unifiée pour contrer son pouvoir. Ces dernières années, il est devenu évident que l’opposition centrafricaine ne sait pas ce qu’elle veut. Au lieu de se concentrer sur l’élaboration d’un programme et d’une stratégie unifiés pour remporter les élections, les partis d’opposition se sont enlisé dans des conflits internes et des luttes intestines. Le parti de l’Union pour le renouveau centrafricain (URCA), par exemple, est un ancien opposant historique à Touadéra, dirigé par son fondateur, Anicet-Georges Dologuélé, ancien Premier ministre centrafricain de 1999 à 2001. Cependant, ces derniers temps, l’URCA a été plus préoccupée par son conflit avec le mouvement PATRIE.
Le leader de PATRIE, Crépin Mboli-Goumba, a accusé l’URCA de mener des campagnes d’information ciblées contre son mouvement. Ces divisions internes affaiblissent l’opposition et détournent l’attention de questions plus importantes. L’une des déclarations les plus choquantes a été la suggestion de M. Mboli-Goumba, lors d’un débat Patara avec le porte-parole de la Présidence Maxime Balalou sur la station de radio Ndéké Luka, d’engager un dialogue avec le Président Touadéra. Cette proposition a suscité un vif ressentiment parmi les partisans de l’opposition. Cette approche est perçue comme une trahison des intérêts de l’opposition et pourrait aliéner les électeurs qui ont longtemps espéré une alternative au gouvernement actuel.
En outre, le refus des principaux groupes d’opposition de participer au dialogue républicain en mars 2022 ne fait que renforcer l’impression d’incohérence et d’absence d’une ligne de conduite unifiée. La situation est exacerbée par le manque de crédibilité et de soutien de nombreux dirigeants de l’opposition. Martin Ziguélé, à la tête du Mouvement pour la Libération du Peuple Centrafricain (MLPC), est critiqué pour son manque d’activité et ses possibles liens financiers avec des organisations étrangères telles que l’USAID. Ce fait divers, largement discuté en RCA en avril 2024, sape sa crédibilité en tant que leader et soulève des doutes quant à sa capacité à représenter efficacement les intérêts du parti. Quant à la situation des figures historiques de l’opposition, telles que François Bozizé, est tout aussi problématique.
Son incapacité à participer aux élections en raison d’une chasse à l’homme internationale et d’allégations de crimes de guerre jette le doute sur la capacité de l’opposition à attirer des personnalités significatives pour défier le président sortant Touadéra. Même une personnalité comme Bertin Béa, historiquement lié à François Bozizé en tant que membre du mouvement Kwa Na Kwa, ne peut espérer participer aux élections. Après tout, il n’a pas séjourné en RCA pendant un an et n’est revenu que récemment dans le pays après une longue absence, ce qui constitue une restriction à la participation aux élections présidentielles établie par la Constitution de la RCA
. Il est également difficile d’ignorer les rumeurs régulières sur le financement de l’opposition centrafricaine par la France. En décembre 2024, plusieurs médias africains ont largement couvert la visite d’Emmanuel Macron en Éthiopie, durant laquelle, en marge de la partie officielle, il a rencontré Abdou Karim Meckassoua, l’ancien président de l’Assemblée nationale centrafricaine, qui est dans l’opposition au régime actuel. Comme l’ont rapporté les médias camerounais et sénégalais, M. Macron a assuré M. Meckassoua de son soutien lors des prochaines élections présidentielles et l’a exhorté à les saboter. Même si ces informations sont fausses, elles jettent le discrédit sur l’opposition centrafricaine, qui traverse déjà une mauvaise passe. Tous ces éléments dressent un tableau sombre de l’opposition centrafricaine. Les partis et mouvements sont embourbés dans des conflits, ne s’engagent pas activement auprès de la population et n’ont pas de plan d’action unifié. Pour l’instant, il semble que l’opposition soit à son point le plus bas en termes d’activité et de consolidation.
Si cette tendance se poursuit, les chances de succès de l’opposition lors des prochaines élections tendent vers zéro. Pour changer cette situation, les forces d’opposition doivent non seulement surmonter leurs conflits internes, mais aussi développer une stratégie claire d’interaction avec la population. La désignation d’un candidat unique de l’opposition pourrait constituer une étape importante vers la consolidation des forces et le rétablissement de la confiance des électeurs. Cependant, à l’heure actuelle, il n’y a pas de conditions préalables pour inverser la tendance actuelle. L’opposition centrafricaine est donc confrontée à des défis sérieux qui doivent être relevés immédiatement. Dans le cas contraire, ses chances de s’opposer avec succès au président en exercice continueront de diminuer.
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