Au moment où l’ex-Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu semble en passe de réussir son pari de retourner au pouvoir en Israël, le président palestinien Mahmoud Abbas a appelé, mercredi, les dirigeants arabes à un soutien accru lors du sommet de la Ligue arabe.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a appelé, mercredi 2 novembre, les dirigeants arabes réunis en sommet à Alger à un soutien accru face à Israël, où Benjamin Netanyahu semble en passe de revenir au pouvoir grâce à une alliance avec l’extrême droite.
Dans leurs discours successifs depuis l’ouverture du sommet mardi soir, les dirigeants arabes ont répété leur attachement à la création d’un État palestinien, qui figurera également dans la déclaration finale. Mais ce soutien sonne comme un vœu pieu devant l’impuissance de la Ligue arabe à influer sur ce dossier.
Le sommet d’Alger, le premier en trois ans, se tient qui plus est alors que plusieurs membres de la Ligue arabe, qui regroupe 22 pays, ont opéré ces dernières années un rapprochement spectaculaire avec l’État hébreu. Les Émirats arabes unis ont en effet normalisé leurs relations avec Israël en 2020 dans le cadre d’une série d’accords, dits d’Abraham, négociés par Washington. Bahreïn, le Maroc et le Soudan leur ont emboîté le pas.
Dénonçant les “crimes” commis selon lui contre les Palestiniens, Mahmoud Abbas a accusé l’État hébreu de “détruire systématiquement la solution à deux États et (de) se dérober aux accords signés”.
Mahmoud Abbas n’a pas directement évoqué les résultats des élections législatives en Israël. Mais l’ex-Premier ministre Netanyahu, qui semble en passe d’en sortir vainqueur, a depuis longtemps cessé d’affirmer son adhésion à la solution dite “à deux États”, impliquant la création d’un État palestinien.
“Sauvez la mosquée Al-Aqsa”
Dans son discours, il a également accusé Israël de chercher à “judaïser la mosquée Al-Aqsa (à Jérusalem) et à construire le temple (juif) qui n’a jamais existé à cet endroit”. “Sauvez la mosquée Al-Aqsa et l’église du Saint-Sépulcre avant qu’elles ne soient judaïsées”, a-t-il lancé.
Dans un éditorial consacré au sommet et reflétant le scepticisme de la rue, le principal journal palestinien, Al-Quds, a affirmé que les Palestiniens “n’ont plus besoin des résolutions verbales que nous avons beaucoup entendues, mais d’actions concrètes sur le terrain”. Il a aussi appelé le sommet à prendre position “contre la normalisation scellée par certains pays arabes avec l’État d’occupation (Israël) en faisant complètement fi de notre cause”.
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a souligné en ouvrant le sommet mardi que celui-ci “se tient dans un contexte régional et international marqué par une montée des tensions et des crises, notamment dans le monde arabe qui n’a pas connu dans son histoire moderne une époque aussi difficile”.
L’Algérie est un farouche soutien des Palestiniens. Alger a parrainé à la mi-octobre un accord de réconciliation entre factions palestiniennes rivales, même si les chances de le voir se concrétiser sur le terrain paraissent faibles.
Israël au cœur des tensions entre l’Algérie et le Maroc
La coopération sécuritaire nouée par le voisin marocain avec Israël après la normalisation de leurs relations a exacerbé les tensions entre les deux frères ennemis du Maghreb, déjà vives en raison de profonds désaccords sur le Sahara occidental, ayant conduit à la rupture de leurs relations diplomatiques en août 2021, à l’initiative d’Alger.
Outre le conflit israélo-palestinien, la situation en Syrie, en Libye et au Yémen devraient figurer dans la déclaration finale qui sera publiée mercredi.
Les participants devront se livrer à de véritables acrobaties diplomatiques dans la formulation de la déclaration finale -adoptée à l’unanimité- pour éviter de froisser tel ou tel poids lourd de l’organisation. Les dirigeants doivent notamment trouver un compromis sur la façon d’évoquer les “ingérences” de la Turquie et de l’Iran dans les affaires arabes. Certains membres exigent qu’Ankara et Téhéran soient cités nommément alors que d’autres s’y opposent.
L’Algérie a placé ce 31e sommet de la Ligue arabe sous le signe du “rassemblement” mais plusieurs pays, notamment du Golfe, n’y sont pas représentés par leurs chefs d’État. Ainsi le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto du royaume, ne s’est pas rendu à Alger, officiellement en raison d’un problème de santé. Les dirigeants du Maroc, des Émirats et de Bahreïn sont également absents.
Alors que plusieurs pays de la région pâtissent économiquement de la guerre menée par la Russie en Ukraine, le président russe Vladimir Poutine a adressé une lettre au sommet dans laquelle il a affirmé que son pays était “déterminé à développer sa coopération avec la Ligue arabe (…) dans le but d’accroître la sécurité aux niveaux régional et global”
Avec AFP