Dénonçant l’inaction des autorités locales face à un conflit tribal meurtrier, des milliers de manifestants ont incendié le siège du gouvernement du Nil Bleu à Damazine, dimanche dans le sud du Soudan.
Des milliers de manifestants ont incendié, dimanche 23 octobre, le siège du gouvernement du Nil Bleu à Damazine, dans le sud du Soudan, frontalier de l’Éthiopie, pour dénoncer l’inaction selon eux des autorités locales face à un conflit tribal qui a fait au moins 200 morts, selon des témoins.
La foule a d’abord tenté de forcer l’entrée du quartier général de l’armée dans la province au cri de “Omda dégage !”, en référence au gouverneur Ahmed Al-Omda Badi, ont rapporté ces témoins.
“Ils se sont finalement tournés vers le siège du gouvernement local et y ont mis le feu, l’incendie est toujours en cours”, a déclaré Abdel Qader Ibrahim, un habitant joint par l’AFP au téléphone.
En fin d’après-midi, plusieurs habitants joints par l’AFP ont dit avoir entendu “des tirs dans le centre et l’est de Damazine”, le chef-lieu de l’État du Nil Bleu.
Au moins “200 personnes sont mortes” lors d’affrontements pour l’accès à la terre mercredi et jeudi entre la tribu des Haoussas, une ethnie africaine, et des clans rivaux à Wad al-Mahi, à 500 kilomètres au sud de Khartoum, a annoncé samedi un responsable local.
“Certains corps n’ont pas encore été enterrés”, a-t-il ajouté, appelant “les organisations humanitaires à aider” les autorités locales à inhumer les victimes.
“Les hôpitaux font face à une grave pénurie de médicaments compte tenu du nombre croissant de blessés”, a déclaré dimanche par téléphone à l’AFP le ministre local de la Santé, Gamal Nasser.
Vendredi, Ahmed Al-Omda avait décrété l’état d’urgence dans le Nil Bleu et donné les pleins pouvoirs aux forces de sécurité pour “faire cesser les combats”.
Jeudi déjà, plusieurs centaines de personnes avaient manifesté à Damazine pour protester contre les violences, alors que de juillet à début octobre, au moins 149 personnes ont été tuées et 65 000 déplacées dans l’État du Nil Bleu, selon l’ONU.
Durant l’été, les Haoussas s’étaient mobilisés à travers le Soudan, se disant discriminés par la loi tribale qui leur interdit, parce qu’ils sont arrivés les derniers dans le Nil Bleu, de posséder des terres.
La question de l’accès à la terre est très sensible au Soudan, où agriculture et élevage représentent 43 % des emplois et 30 % du PIB.
Depuis le putsch, le 25 octobre 2021, du général Abdel Fattah al-Burhane, les conflits tribaux sont en hausse du fait, disent les experts, du vide sécuritaire créé par le coup d’État.
Depuis janvier, ils ont fait près de 600 morts et plus de 210 000 déplacés, selon l’ONU.
Avec AFP